De l'humour interculturel… Younes et Bambi

L’Arabe et le juif : l’humour comme arme de combat

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Younès et Bambi ont une façon bien à eux de dire bonjour à leur public: “shalom alikoum !” lancent en cœur les deux jeunes humoristes, en guise de bienvenue fraternelle.

Younès, 27 ans, le petit au crâne rasé, c’est l’Arabe. Samuel (qui se fait appeler Bambi en hommage à son idole Michael Jackson), 22 ans, le grand aux cheveux bouclés, c’est le juif. À les voir surgir sur la scène du Comedy club à Paris, on pense à Eric et Ramzy et, à les écouter, on se remémore parfois l’ancien duo Elie et Dieudonné du temps où ils incarnaient le combat contre le racisme.

Younès et Samuel se sont rencontrés par hasard il y a trois ans lors de scènes ouvertes dans des café-théâtres, ont sympathisé et ont décidé de travailler ensemble. “On s’entendait bien, ont a eu envie de faire notre sauce arabe-juif, cela s’est fait naturellement”, résument-ils. Ils ne veulent être ni récupérés, ni instrumentalisés, juste tourner en dérision les clichés qui opposent leur communauté respective et clamer : “on a pas la même religion mais on a la même passion”. Jouer la comédie.

 

 

 

Jouer avec le choc des cultures

Les attentats à Paris, ils n’en parleront pas. Ni sur scène, ni hors scène. “Notre meilleure réponse, c’est le spectacle. Il paraît qu’il fait du bien, c’est ce que des spectateurs nous disent sur les réseaux sociaux ou à la fin des représentations, et ils le disaient déjà avant les événements”, résume Samuel. C’est vrai qu’il fait du bien. Avec l’énergie parfois brouillonne de leur jeunesse, les deux compères jouent au choc des cultures, à “celui qui sera le plus fort” et s’amusent des préjugés.

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Younès campe un personnage plutôt naïf, pas toujours malin, gaffeur et sans le sou, à l’opposé de Bambi, fier à bras, susceptible, plutôt pénible à force d’être toujours sûr de lui et financièrement à l’aise. Ils dressent un mur imaginaire pour défendre leur territoire de scène et c’est parti pour une heure de ping-pong verbal et d’engueulades sans tabou. Conflit israelo-palestinien, 11 septembre, allusion à la “quenelle”…,  ils ne s’interdisent aucun sujet.

“Les Arabes ont inventé les chiffres”, se gargarise Younès.

“Oui mais maintenant c’est nous qui les utilisons”, réplique Bambi.

“Tu ne peux pas parler des juifs, c’est de l’antisémitisme. Allo la Licra, j’ai un Arabe qui vient de déconner”, prévient Bambi.

“Et quand tu parles des Arabes… c’est la liberté d’expression”, constate Younès.

“Peuple élu ça se passe comment au niveau des votes ? On envoie Juif au 84200 par SMS ?”, demande Younès.

Bambi offre un kippa à Younès: “C’est petit pour faire la manche”.

Et Younès un keffieh à Bambi: “Je le mettrai pour être plus en sécurité à Barbès”.

Et puis il y a les mères, bien sûr. Celle de Bambi s’inquiète à l’idée de voir son fils jouer avec un Arabe et conteste que son prénom soit en second sur l’affiche; tandis que celle de Younès l’encourage: “va faire comique avec un juif, on va enfin être riche”.

Ne pas faire la morale

Enlevé et culotté, ce stand-up à deux file à toute allure et déclenche l’hilarité du public jeune et multiculturel du Comedy club. Younès et Samuel s’avouent nostalgiques de leur enfance, une période où “on était tous mélangés”. Ils ne cherchent pas à faire la morale, n’ont pas la prétention de changer les choses, juste de “rassembler” et d’apporter “une pierre à l’édifice sur le chemin du vivre ensemble”. Et, finalement, c’est déjà pas si mal pour lutter contre les amalgames.

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