L’actualité nationale et internationale est constamment marquée de références religieuses. Qu’on le veuille ou non, c’est un fait. Il nous oblige à connaître les religions pour comprendre les évènements.
Ce 15 août 2015, les clochers des églises de France ont sonné en soutien aux chrétiens d’Orient. Le 8 septembre prochain, le Quai d’Orsay organisera une conférence internationale pour toutes les minorités persécutées d’Orient. Il y a quelques jours à peine le tribunal administratif de Dijon exprimait sa réserve sur les menus de substitution permettant aux élèves de ne pas manger de porc. L’actualité nationale et internationale est constamment marquée de références religieuses. Qu’on le veuille ou non, c’est un fait. Il nous oblige à connaître les religions pour comprendre les évènements.
En France, depuis plusieurs années, la sphère juridique et la sphère religieuse ont des relations tendues. Au travail, à l’école, dans l’espace public, les lois de la République peinent à être acceptées. Les protestations s’intensifient de part et d’autres. L’idée approximative que la classe politique se fait des religions se dévoile dans la manière de recourir constamment à la « laïcité ». Elle est entendue comme le droit ne pas être contaminé par les expressions religieuses d’autres citoyens, de ne pas être exposé à des convictions qui ne sont pas les nôtres. Le particularisme religieux fait peur et doit être rejeté. Qui aujourd’hui pourrait énoncer l’apport spécifique de la foi juive, chrétienne ou musulmane dans l’histoire ? Qui aujourd’hui pourrait expliquer aux français en quoi les religions se distinguent et ne sont pas équivalentes ? Ont-elles la même idée du sens de l’existence humaine ? La France s’est appauvrie en matière religieuse à tel point qu’elle ne discerne plus ses propres divinités de substitution : le progrès, l’argent, le pouvoir…
La connaissance des religions n’est en vérité facultative pour personne. C’est appauvrir les jeunes que de les soustraire à ce type de savoir. D’ailleurs seule une connaissance des ressorts religieux permettrait une action politique libre et claire. Tout responsable politique devra impérativement distinguer les croyants de leurs doctrines. Avant de revendiquer une identité religieuse, toute personne partage une même nature humaine. Cette commune humanité est le fondement de l’unité nationale et précède tout particularisme religieux. A vrai dire, toute expression religieuse devrait partir de ce donné premier et universel. Ainsi, la foi religieuse interprète ce don premier de la vie humaine en vue d’un accomplissement.
Il est donc urgent de ne pas confondre les personnes croyantes qui cherchent la vérité du sens de leur vie et les doctrines crues. Si toute personne doit être respectée dans son authentique démarche spirituelle, l’objet de sa foi mérite d’être étudié et interrogé. La tendance égalitariste accordera-t-elle à toutes les religions les mêmes droits ? Mais cela peut-il se faire sans considérer le contenu de ce qui est cru ? Sûrement pas. La laïcité interdit à l’autorité publique d’être aveugle. Elle peut regarder de près le corpus des doctrines et en connaître les ressorts et la cohérence. La connaissance des religions sera de moins en moins facultative pour les élus, comme la connaissance de l’histoire de France pour les administrés. Compte tenu du contexte international, la formation sur les religions devrait s’imposer dans les sphères diplomatiques et économiques.
Compte tenu de la portée existentielle des religions, leur connaissance devrait se développer dans les domaines éducatifs. Le déficit grandit dangereusement entre l’importance des questions religieuses dans la société et la capacité collective que nous avons d’en parler. La société française a cédé à la paresse au motif que la laïcité la dispensait de s’approprier les contenus de foi. Qui n’a pas d’amis de confession juive, chrétienne, musulmane, hindoue ? Et pourquoi notre amitié n’intègrerait-elle pas la connaissance de leur croyance ? Cette connaissance ne serait-elle pas le gage du vrai respect ?
Il faudrait parvenir à distinguer l’étude des religions de l’assentiment religieux. Pour avoir négligé cette simple distinction, la société française vit dans la peur. Elle fantasme à propos d’un terrorisme religieux qu’augmente sa propre ignorance. Pour que nul ne s’offusque d’entendre sonner les cloches de France et de voir la diplomatie française au service de la défense des chrétiens d’Orient, encourageons la curiosité, l’étude et la critique. La Torah, l’Evangile et le Coran ont tous une histoire et des liens qui profiteront au nouvel humanisme de ce XXIème siècle. La quête de la vérité humanise vraiment l’homme et passe par les traditions religieuses qui deviennent des gages de liberté et de fraternité. La connaissance des religions ne devrait être facultative pour personne.
PUBLIÉ LE 24/08/2015 À 16:29
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