Comment pourrait-on définir l’attitude de la France envers les religions ?
On a toujours compris que la laïcité de l’État était une chance. C’est la loi qui garantit le libre exercice de la foi aussi longtemps que la foi ne prétend pas dicter la loi. Cela permet la cohabitation des sacrés, de garantir la croyance et la non croyance, mais aussi le changement de religion.
Que pensez-vous de la proposition de Manuel Valls, très vite balayée par le président Hollande, d’un financement public de l’Islam de France ?
Je ne suis pas sûr qu’il faille des financements publics pour tel ou tel culte. Nous sommes en présence d’une difficulté majeure : si nous ne finançons pas le culte musulman en France, d’autres le feront. Or, celui qui finance l’orchestre choisit la musique, donc celui qui finance va dicter ses conditions. Nous vivons dans un régime de concordat dans certains départements (deux départements en Alsace et en Moselle). Nous ne pouvons pas dire que la laïcité est une exception en France, que le concordat est une exception dans l’exception, et que l’Islam est une exception dans l’exception, dans l’exception ! Dans les départements concordataires, qu’il y ait une intervention publique et par exemple, qu’on rémunère les imams comme ça se fait pour les autres représentants religieux. Ailleurs, il vaudrait mieux que cette fondation des œuvres de l’Islam de France, qui va voir le jour, puisse assurer la collecte d’argent par des souscriptions nationales et internationales. Que ce soit transparent et soumis à un contrôle, et pourquoi pas directement par la Cour des comptes.
Pensez-vous que les associations religieuses sont trop peu mises en avant, vu le contexte en France ?
Jusqu’à peut-être la fameuse messe commune dans les différentes églises suite à l’assassinat odieux du père Hamel (à Saint-Etienne-du-Rouvay, fin juillet 2016), on ne percevait pas l’intérêt des associations interreligieuses. Après ce drame, on voit que des croyants peuvent vivre dans notre pays pour l’intérêt commun, fraterniser, aller chez les uns chez les autres pour asseoir les bases d’une société commune. Ces différentes associations doivent concourir à une meilleure compréhension des traditions religieuses entre elles, et les présenter pour un meilleur engagement dans la cité, dans la vie de tous les jours, devant les concitoyens.
par Roxanne D’Arco
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