Un grand patron qui dénote : le PDG de Danone, chrétien assumé, fait le buzz avec son discours prônant la justice sociale aux futurs diplômés de HEC.
« L’enjeu de l’économie (…), c’est la justice sociale »… Ce message fort, c’est un grand patron du CAC 40 qui l’a affirmé à HEC début juin. Depuis, le PDG du leader mondial des produits laitiers Emmanuel Faber fait le buzz sur la Toile, ses conseils aux futurs diplômés se propageant de page Facebook en compte Twitter, après la publication sur YouTube de la vidéo de son discours.
La beauté de l’altérité
Ce jeune quinquagénaire isérois a pris les rênes de Danone fin 2014, succédant à Franck Riboud. Celui qui ne se cache pas d’être un chrétien pratiquant et a été formé sur les bancs de HEC a voulu transmettre son credo aux têtes bien pleines qui sortent de la prestigieuse école de commerce cette année. Après un préambule en français, le patron de Danone a poursuivi en anglais. Il a notamment parlé de sa famille et de son frère schizophrène, décédé il y a cinq ans, en assurant qu’il lui avait montré « la beauté de l’altérité (…), l’amitié des SDF » et prouvé « que l’on peut vivre avec très peu de choses et être heureux ». Il a aussi évoqué ses voyages dans les bidonvilles de « Delhi, Bombay, Nairobi, Jakarta » ou plus proches « Aubervilliers (…) et dans la jungle de Calais ». « Après toutes ces décennies de croissance, l’enjeu de l’économie, l’enjeu de la globalisation, c’est la justice sociale. Sans justice sociale, il n’y aura plus d’économie. Les riches, nous, les privilégiés, nous pourrons monter des murs de plus en plus haut. Mais rien n’arrêtera ceux qui ont besoin de partager avec nous. Il n’y aura pas non plus de justice climatique sans justice sociale », a lâché Emmanuel Faber.
« Vos mains pour changer les choses »
Surnommé le « moine-soldat » par Franck Riboud et qualifié de « financier introverti » par Challenges , Emmanuel Faber est un travailleur acharné depuis toujours, « penché sur son ordinateur à 23 heures. (…) Il passait à l’époque ses nuits à comparer la structure bilancielle des banques européennes », se souvient Pieter Hooft, un de ses anciens compagnons de promo interrogé par Capital, qui précise qu’il investit ses bonus dans des œuvres caritatives. Auteur d’un livre intitulé Chemins de traverse. Vivre l’économie autrement, l’homme fait tout pour garder le contact avec la réalité, refuse les symboles du luxe et veut rendre son travail utile.
Évoquant la fameuse main invisible qui régulerait l’économie selon la grande théorie de l’économiste libéral du XVIIIe siècle Adam Smith, morale chrétienne oblige, le PDG a conseillé aux diplômés de HEC d’agir efficacement. « Ce que je sais, après 25 ans d’expérience, c’est qu’on nous dit qu’il existe une main invisible, mais elle n’existe pas. Donc il n’y a que vos mains, mes mains, nos mains, pour changer les choses. Pour les améliorer. Et nous avons beaucoup de choses à améliorer », a estimé Emmanuel Faber.
Une nouvelle donne
« Le pouvoir n’a de sens que si vous vous en servez pour rendre service », a conclu le patron de Danone sous les applaudissements nourris de son auditoire. Une maxime qu’il applique dans sa fonction puisque son arrivée à la tête de Danone a coïncidé avec le recentrage des activités du groupe vers des valeurs plus humaines et le développement de projets répondant aux problématiques de santé. Il a ainsi notamment créé Grameen Danone, proposant des produits laitiers à bas prix pour les plus pauvres. Cette semaine, en marge du rachat de Michel et Augustin, le groupe a également annoncé la création de Danone Manifesto Ventures, une structure qui accompagnera le développement international de plus petites entreprises, avec des ambitions qualitatives.
PAR 6MEDIAS
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