Le bio halal s’implante doucement en France

Apparue aux Etats-Unis, la viande halal bio est disponible depuis quelques années en France. S’il n’y a pas de véritable engouement des consommateurs musulmans, ce secteur de niche attire un noyau de fidèles qui devrait s’élargir dans les années à venir. Entretien avec des pionniers.


Le bio halal s’implante doucement en France
Double certification. Depuis quelques années, les musulmans de France peuvent consommer de la viande halal et issue de l’agriculture biologique. Un marché encore très modeste, mais qui a un « vrai potentiel » dans l’Hexagone, estime Hadj Khelil, le fondateur de la marque Tendre France, et pionnier des produits carnés halal et bio en France. La tendance est apparue dans les années 2000 aux Etats-Unis. Actuellement, le marché du bio halal prend de l’ampleur outre-Atlantique. Il a aussi gagné le Royaume-Uni et d’autres pays d’Europe occidentale. Ceux qui se sont lancés dans le créneau estiment que l’industrie du halal est uniquement préoccupée par la façon dont meurt l’animal, et non de la façon dont il vit. Or manger halal, c’est manger sain, affirment-ils. Le marché est porté grâce au développement d’une classe moyenne parmi les populations musulmanes. Dotée d’un pouvoir d’achat plus important, cette dernière veut avoir accès à des produits de meilleure qualité que ceux qui sont généralement proposés. Car, aux Etats-Unis comme en France, par souci de coût, le halal est souvent le parent pauvre de l’industrie agroalimentaire.
Hadj Khelil, le fondateur de Tendre France.

Hadj Khelil, le fondateur de Tendre France.

Des débuts difficiles en France

Avec un marché des aliments bio estimé à 8 milliards d’euros en France en 2015 et un marché du halal donné à plus de 5 milliards d’euros depuis plusieurs années, la niche de la niche a aiguisé quelques appétits. Hadj Khelil a été le premier à se lancer sur le créneau. Acteur du bio depuis 2002, avec sa société Bionoor, « c’est de manière naturelle » qu’il est venu à la viande halal et bio. En 2012, il lance Tendre France, une marque de bœuf bio halal – et, depuis peu, une marque de charcuterie –, après trois années de démarches pour obtenir le label auprès de l’organisme Ecocert, pour qui les deux certifications étaient incompatibles. Aujourd’hui, les affaires se portent bien, mais « on est loin de l’explosion à laquelle je m’attendais », explique Hadj Khelil. « La demande est soutenue, régulière, mais bien en-dessous de ce que j’avais anticipé », confie l’entrepreneur, qui enregistre une progression de son chiffre de 10 à 15 % par an. Autre signe d’encouragement, il fournit plus de points de vente et de restaurants en viande halal et bio qu’au lancement de sa marque.
 

Des réticences multiples

Cependant, les résistances sont doubles, analyse le pionnier du bio halal en France. Les bouchers halal rechignent à vendre du bio, d’abord parce que les méthodes de fonctionnement seraient « très fortement bousculées », explique Hadj Khelil. Surtout parce que la viande bio est vendue plus chère que la viande classique, les commerçants « se disent que les clients ne voudront pas payer plus ». La question du coût est « de toute évidence » un frein, reconnaît l’entrepreneur. De fait, les clients ne sont pas toujours prêts à payer plus pour manger mieux. Ou à manger moins, mais mieux. « Les musulmans, statistiquement, sont les plus gros consommateurs de viande par tête, en quantité, mais pas en qualité », rappelle le patron de Tendre France. Mais selon ce dernier, les musulmans sont « emprisonnés dans leurs habitudes », et ils « n’ont pas compris l’intérêt de manger bien ».
Les Jumeaux, Slim et Karim.

Les Jumeaux, Slim et Karim.

« La nouvelle génération se pose des questions »

Un argument que relativise Karim Loumi, responsable avec son frère Slim de la boucherie halal Les Jumeaux, qui ambitionne de devenir 100 % bio. Selon le boucher, il y a une vraie différence générationnelle. Il compte de nombreux musulmans plutôt jeunes dans sa clientèle, davantage sensibilisés aux bénéfices d’une alimentation saine que leurs aînés. « La nouvelle génération se pose des questions », déclare-t-il.Quand ils ont ouvert leur boucherie aux Lilas, en région parisienne, il y a quatre ans, les frères Loumi ne vendaient que de la viande classique, avant de monter en gamme. C’est avec Hadj Khelil que ces pionniers ont pu se lancer dans le marché. Pendant longtemps, ils ont été la vitrine de Tendre France, avant de prendre leur indépendance. Ils continuent à vendre du bœuf halal et bio, mais aussi de l’agneau, du poulet et parfois du veau doublement certifiés, en traitant directement avec les producteurs et en se chargeant des démarches administratives.

Des clients prêts à venir de loin

Si, à leur passage au bio, les bouchers ont bien perdu des habitués à cause de l’augmentation des prix, Les Jumeaux ont gagné beaucoup d’autres clients. Auparavant, 90 % de la clientèle était non musulmane. Aujourd’hui, en gardant le même nombre de clients non musulmans, le rapport est inversé. Par ailleurs, les clients viennent de très loin, attirés par le bouche-à-oreille. En plus de leur clientèle de proximité, des acheteurs musulmans viennent de toute l’Île-de-France, et même parfois d’autres villes de France. Ils ont aussi une grosse clientèle de convertis, fidélisée par la charcuterie halal et maison produite par Karim et Slim, bien meilleure que la charcuterie vendue sous vide dans les supermarchés. Au moment de parler chiffres, Karim reste discret sur le sujet. Il reconnaît tout de même que son chiffre d’affaires a « énormément progressé » depuis qu’il fait du bio. Mais ce n’est pas pour cette raison qu’il s’est lancé dans ce créneau, ni parce que « c’est à la mode ». Le bio, « c’est une vraie démarche », « une nécessité même », assure le boucher, expliquant que « le halal, cela veut dire sain, pas seulement égorgé. C’est un ensemble ».Tous les consommateurs musulmans ne se mettront pas au bio, mais Les Jumeaux devraient encore gagner des clients dans les années à venir. Signe que le secteur attire et semble promis à un bel avenir, Biolal s’est lancé sur le marché avec l’entremise des Jumeaux. La marque, qui appartient à la société Terres fermes, a annoncé au mois de mars la commercialisation de volailles certifiées bio et halal, et « une gamme complète de différentes viandes » dans un avenir proche. Le directeur général de la société Isla Mondial, Karim Acherchour, a également annoncé sur OummaTV avoir réalisé des tests sur des produits bio avec un partenaire certifié par AVS.Lentement mais sûrement, les consommateurs musulmans désireux de manger bio et halal auront une offre plus variée et plus importante à leur disposition.

Rédigé par Christelle Gence | Lundi 9 Mars 2015

Pour en savoir plus : http://www.saphirnews.com

Enseignement du fait religieux : des situations variées en Europe

EnseignemtReligieuxEurope

Dans le cadre de la « refondation de l’école laïque » voulue par le gouvernement après les attentats de Paris, la ministre de l’Education nationale a annoncé un renforcement de l’enseignement laïque du fait religieux, officiellement au programme depuis 2005. Comment enseigne-t-on le fait religieux dans les écoles publiques ailleurs, en Europe ? Saphirnews vous fait un petit tour du continent.

En Europe, l’enseignement religieux est au programme de tous les pays. Il existe une grande variété de situations, presque autant que d’Etats. Deux grands cas de figures se distinguent dans les écoles publiques : l’enseignement confessionnel et non confessionnel, celui qui prévaut en France, en Suède ou en Finlande. Le cas français est toutefois unique : il est transdisciplinaire alors qu’ailleurs, il donne lieu à des cours spécifiques dont la forme et le contenu varient ensuite selon les contextes et le processus de sécularisation.

La place accordée aux religions dans les écoles publiques européennes reflète l’histoire des pays avec l’Eglise dominante. Elle témoigne aussi de la grande diversité de relations Etats-religions qui existe sur le continent. Si, en France, Eglise et Etat sont séparées depuis 1905, c’est loin d’être le cas de tous ses voisins. Dans certains pays aussi, identité nationale et religion sont fortement imbriquées: l’Italie, Malte et l’Irlande avec le catholicisme, le Danemark avec le luthérianisme, la Grèce avec l’orthodoxie… L’intégration du fait religieux islamique en Europe ont aussi poussé les pays à revoir l’organisation et la structuration des cours de religion, confessionnels ou non.

Autre facteur générant des situations différentes à l’échelle européenne : la plus ou moins grande centralisation de l’éducation. En France, les programmes et les enseignements sont déterminés au niveau national. En Allemagne, ces questions sont régionalisées, tandis qu’en Angleterre, une large marge de manœuvre est laissée aux autorités locales et aux chefs d’établissement.

Ces enseignements font régulièrement débat dans certains pays.

En Belgique, les élèves des écoles publiques ont le choix entre suivre le cours de religion d’un des six cultes reconnus dans le pays (catholique, protestant, anglican, orthodoxe, juif et musulman) et le cours de morale non confessionnelle, deux enseignements inscrits dans la Constitution. Le contenu de l’enseignement religieux et le recrutement des enseignants sont du ressort des instances religieuses. En janvier, le débat autour de la suppression des cours de religion a été relancé. La ministre de l’Education s’est prononcé pour leur maintien.

Tel n’est pas le cas au Luxembourg où le débat est vif. Jusqu’à présent, le choix des élèves porte entre un cours d’éducation morale et sociale ou un cours d’instruction religieuse catholique, l’Etat étant un archevêché. Le gouvernement entend le supprimer dès la rentrée 2016/2017 au profit d’un cours de valeur unique. Les représentants des communautés religieuses s’y opposent, réclamant un cours durant lequel toutes les religions seraient enseignées, et pas uniquement le catholicisme.

En Allemagne, l’éducation relève de la compétence des 16 régions (Lander). La séparation entre l’Eglise et l’Etat est moins marquée qu’en France, et la Constitution prévoit des cours de religion à l’école. Ils sont même obligatoires, mais les enfants peuvent suivre à leur place des cours de philosophie et d’éthique, ou en être dispensés si les parents le souhaitent. L’instruction religieuse est placée sous la responsabilité de l’Etat, mais son contenu relève de la responsabilité des Eglises. Les élèves sont séparés selon leur confession et le cours, choisi.

L’introduction de cours de religion musulmane fait débat depuis plusieurs années depuis 2001. Des Lander ont tout de même déjà franchi le cap ces dernières années comme celui de Hambourg en 2012 et la Hesse en 2014.

En Grande-Bretagne, l’anglicanisme est religion d’Etat en Angleterre, le presbytérianisme (protestantisme) en Ecosse, tandis que l’Irlande du Nord et le Pays de Galles n’en ont pas. La loi sur l’éducation de 1988 précise que l’éducation religieuse « doit refléter le fait que les traditions religieuses en Angleterre sont principalement chrétiennes, tout en tenant compte de l’enseignement et de la pratique des autres grandes religions représentées dans le pays ».

Avec les années, l’instruction religieuse est devenue une éducation religieuse multiconfessionnelle dans laquelle sont introduits des éléments propres aux principales religions présentes dans le pays (judaïsme, islam, hindouisme, bouddhisme, religion sikh).
En Irlande, pays catholique dont la religion a largement défini l’identité par rapport à la Grande-Bretagne, les écoles dispensent un enseignement religieux sur lequel les instances religieuses ont toute autorité. Il existe trois sortes d’écoles publiques financées par l’Etat : les écoles religieuses, les écoles pluriconfessionnelles et les Gaelscoileanna, où les cours sont dispensés en gaélique. La plupart des écoles primaires et secondaires sont des écoles de confession religieuse unique, catholiques romaines en majorité. Les écoles multiconfessionnelles se développent cependant de plus en plus. Les enfants ne sont pas tenus d’assister aux cours de religion, les parents peuvent les en dispenser.

La Pologne est un des pays les plus catholiques d’Europe. L’instruction religieuse est enseignée dans les écoles publiques depuis la signature du Concordat avec le Saint-Siège en 1998 mais ne se limite pas au catéchisme. Les cultes reconnus ont le droit d’en organiser tant qu’une présence minimum de sept élève est assurée. Comme l’Eglise, ils sont tenus de s’occuper eux-mêmes de la forme et du contenu des cours de religion mais les enseignants sont payés par l’Etat. Un cours de morale non religieux existe aussi en place et lieu de l’enseignement religieux mais ni l’un ni l’autre n’est obligatoire.

Le catholicisme n’est plus religion d’Etat depuis 1984 en Italie, mais l’Eglise catholique jouit toujours d’un statut privilégié. Un enseignement religieux est dispensé dans les écoles publiques, de la maternelle au lycée. Même s’il ne porte pas sur les sacrements, cet enseignement est placé sous la responsabilité de l’Eglise catholique. Il est facultatif, mais reste très largement suivi. Les notes obtenues dans cette matière comptent autant que les autres.

En Espagne, les liens entre l’Etat et l’Eglise catholique demeurent importants même si le catholicisme n’est plus la religion officielle depuis 1978. Les grandes lignes de l’enseignement religieux sont fixées par un accord avec le Vatican. Les cours d’instruction religieuse sont dispensés dans toutes les écoles, publiques comme privées sous contrat. Le statut de cette matière oscille au gré des majorités politiques. Le Parti socialiste avait rendu cette matière facultative en 2006. En 2013, le gouvernement de droite de Mariano Rajoy est revenu sur cette disposition en rendant les cours de religion – majoritairement catholique, mais aussi évangélique, juive ou musulmane – ou de « valeurs culturelles et sociales » obligatoires à la rentrée 2014.

En Grèce où la société est moins sécularisée qu’en Europe occidentale, la religion orthodoxe est considérée comme partie intégrante de l’identité nationale. La religion figurait sur la carte d’identité jusqu’en 2001, en dépit du droit européen. Selon l’article 1 de la Constitution de 1975, l’orthodoxie est la « religion dominante ». Le clergé est financé par l’Etat, et les cours de religion orthodoxe à l’école publique était obligatoire jusqu’en 2011 pour les élèves orthodoxes. Seuls les élèves d’autres confessions pouvaient en être dispensés. Cette évolution a provoqué d’intenses débats en Grèce. Le clergé orthodoxe s’est prononcé pour le maintien d’un enseignement obligatoire de la religion, tandis que de nombreuses voix se sont élevées pour plaider un abandon du catéchisme pour un enseignement plus général abordant l’ensemble des religions.

Rédigé par Christelle Gence et H. Ben Rhouma | Lundi 16 Février 2015

Pour en savoir plus : http://www.saphirnews.com

Le 4e Forum islamo-chrétien « pour proposer des formes nouvelles de vivre-ensemble »

ForumIslamo-ChrétienLyon2013

Le 4e Forum islamo-chrétien se déroulera les 28, 29 et 30 novembre à Lyon. Dans un contexte national et international particulièrement troublé, qui guidera leurs réflexions, les participants débattront pendant trois jours du mieux vivre-ensemble entre chrétiens et musulmans, mais aussi dans la société tout entière. Ils tenteront d’élaborer des solutions, notamment en réfléchissant à de nouvelles formes d’engagement.

 

La 4e édition du Forum islamo-chrétien (FIC) de Lyon se déroulera du vendredi 28 au dimanche 30 novembre dans la ville des Lumières, une place forte du dialogue interreligieux. Mis sur pied par Azzedine Gaci, le recteur de la mosquée Othmane de Villeurbanne, et Vincent Feroldi, délégué épiscopal au diocèse de Lyon, chargé des relations avec les musulmans, le FIC accueillera comme les années précédentes une cinquantaine de participants, à parité entre chrétiens et musulmans.Côté musulman, Anouar Kbibech, vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM) et président du Rassemblement des musulmans de France (RMF), Amar Lasfar, président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), Ahmed Jaballah, doyen de l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Paris, Ahmed Miktar, président des Imams de France, seront entre autres présents. Pour les catholiques, Christophe Roucou, directeur du Service des relations avec l’islam (SRI), Jean-Marc Aveline, évêque auxiliaire de Marseille et spécialiste du dialogue interreligieux, Bruno-Marie Duffé, théologien et fondateur la chaire des droits de l’homme à l’Université catholique de Lyon, ou encore des délégués des différentes régions compteront au nombre des participants. Des protestants seront aussi présents, notamment des personnes en responsabilité sur le dialogue interreligieux.

L’actualité à la base des réflexions à venir

Après une édition 2013 centrée autour de la foi des jeunes, ce 4e Forum islamo-chrétien lyonnais est organisé autour de trois axes : « Liberté de conscience, liberté religieuse et prosélytisme », « La violence et le statut de minorité dans nos sociétés », « Le respect de l’autre différent dans un monde pluriel ».« Le forum de cette année a vraiment été commandé par les événements internationaux et nationaux », explique à Saphirnews Vincent Feroldi, co-organisateur du FIC. Une matinée sera consacrée à l’analyse des événements de l’année 2014, et à « toutes les questions que cela pose ». Aussi bien à propos des « événements en Syrie et en Irak, avec l’Etat islamique, de ce qui s’est passé en Algérie au printemps à Ghardaïa, des tensions au sein même de la communauté musulmane, et des tensions entre les différentes communautés ».La question des jeunes Français qui partent combattre en Syrie ou en Irak a aussi retenu l’attention des organisateurs. « On est très marqué par ces jeunes qui partent au jihad », note Vincent Feroldi.« S’ils partent, c’est qu’ils n’ont pas trouvé en France de quoi donner sens à leur vie. Cela interroge. »

 

Azzedine Gaci avec Kamel Kabtane (à g.) et Khaled Bentounès (dr.).

Azzedine Gaci avec Kamel Kabtane (à g.) et Khaled Bentounès (dr.).

Violences de nos sociétés et liberté religieuse au cœur des débats

« La question de la violence qui monte dans nos sociétés » sera particulièrement débattue. La violence semble être devenue ces dernières années « un mode d’expression beaucoup plus prégnant », fait observer Vincent Feroldi. Chez les jeunes, mais pas seulement, elle s’impose aussi de plus en plus en lieu et place du dialogue social (bonnets rouges en Bretagne, barrage de Sivens…). Il s’agira de s’interroger sur l’origine de cette violence, de se demander pourquoi elle est utilisée par certains pour se faire entendre, et aussi de « s’interroger dans nos propres traditions religieuses », en se demandant notamment s’il y a « une violence inhérente ou pas dans les religions ».Les questions de liberté de conscience et de liberté religieuse seront un autre des grands axes de réflexion au cours de ces trois jours de forum. Avec, « en arrière-plan, la question des conversions, dans les deux sens ». Les couples mixtes, les difficultés et les incompréhensions auxquelles ils doivent faire face seront aussi au menu des discussions. Un sujet sur lesquels les responsables religieux des deux communautés ont de plus en plus de demandes, selon Vincent Feroldi, et qui doit les interpeller.

Réfléchir pour innover

Les contextes national et international particulièrement troublé, à la base des réflexions du 4e FIC, doit amener à s’interroger sur ce que « les religieux peuvent apporter comme éléments de réflexion, d’approfondissement, et surtout de propositions pour construire un monde plus serein et où la paix n’est pas une chimère. » « Il faut porter un autre regard sur le monde et sur l’évolution de la démocratie, de la manière de vivre ensemble », affirme Vincent Feroldi.« La montée de l’extrémisme – que l’on observe dans toutes les communautés, il est hors de question de prendre une communauté en bouc émissaire – montre bien qu’il y a un mal-être », estime-t-il. « Analyser ce mal-être pour pouvoir apporter des réponses pertinentes », c’est l’un des enjeux du Forum.« J’ai vraiment la conviction qu’il faut qu’on innove. Il faut trouver de nouveaux modes d’engagement », poursuit Vincent Feroldi. « On ne peut pas se contenter de dénoncer, de dire ce qui ne va pas, il faut proposer des formes nouvelles de vivre-ensemble, dans le respect mutuel », insiste-t-il. « Mais je ne peux pas encore dire lesquelles, c’est ce sur quoi il faut qu’on travaille ! ».

 

Le 4e Forum islamo-chrétien « pour proposer des formes nouvelles de vivre-ensemble »
L’Appel des 110 en arrière-fond
En plus d’avoir été commandé par l’actualité nationale et internationale, le Forum islamo-chrétien de Lyon s’inscrit cette année « dans le prolongement de l’Appel des 110 », formulé à travers le texte Nous nous engageons !, et de « l’extraordinaire dynamique qu’il a insufflé », précise Vincent Feroldi. Lu à l’occasion d’un rassemblement interreligieux tenu à Lyon le 1er octobre, le texte engage des responsables religieux, mais aussi des formateurs, des journalistes, des élus, des artistes à contribuer au mieux-vivre ensemble et à favoriser le dialogue et le respect de l’autre.« L’élément positif a été de découvrir que l’Appel des 110 est devenu aujourd’hui l’appel de 1 400 personnes », se félicite Vincent Feroldi. Surtout, les signataires sont d’« une extrême diversité », souligne-t-il. « C’est l’ensemble de la société française, des gens de toutes les conditions, de toutes les confessions, il y a même des athées » qui se sentent concernés. Autre « fruit » de l’Appel des 110, le lancement de forums régionaux islamo-chrétiens, qui doit en partie répondre à cette volonté des signataires de s’impliquer, et qui sera débattue au cours du 4e FIC.
Pour en savoir plus : http://www.saphirnews.com