Où s’arrête l’intégrisme laïque ?

CrècheNoël
Si l’on veut enlever tous les signes religieux de l’espace public, il y a du boulot… © Daniel Karmann / AFP

La crèche de Noël installée dans le hall du conseil général de Vendée, à La Roche-sur-Yon, est « incompatible avec le principe de neutralité du service public ». Ainsi en a décidé le tribunal administratif de Nantes à la suite d’un recours de la fédération locale de la Libre pensée, organisation qui, à n’en pas douter, compte en terre vendéenne des milliers d’adhérents. Soit. Dura lex, sed lex. Mais pourquoi donc s’arrêter en si bon chemin ? Pas de demi-mesures quand on combat l’obscurantisme clérical ! Les ayatollahs du laïcisme ne doivent pas baisser les bras. L’infâme, pour reprendre une terminologie voltairienne, n’a qu’à bien se tenir…

Il faut impérativement extirper tout signe religieux de l’espace public. Les calvaires qui jalonnent l’Hexagone – et singulièrement l’ouest de la France – sont autant d’atteintes à la laïcité. Détruisons-les dans les meilleurs délais. Les clochers sont une provocation ouverte : arasons-les ! Même traitement, bien sûr, pour le minaret (33 mètres) de la Grande Mosquée de Paris voulue par le maréchal Liautey. Sans oublier la Grande Synagogue de la rue de la victoire (à Paris) où figure, à l’entrée, un verset de la Genèse qu’il est urgent d’effacer.

S’attaquer aux noms de commune !

Proclamons la loi martiale pour interdire les pardons en Bretagne, les processions à Lourdes. La police devra veiller à ce qu’aucun signe religieux, croix, chandelier à sept branches, mezouza, étoile de David ne puissent être imposés à la vue des passants d’une rue. Surveillons de près les boucheries hallal où traînerait un coran visible depuis l’extérieur. Gare au boulanger qui s’aviserait de mettre entre deux miches le petit Jésus encadré de Marie et Joseph flanqués d’un boeuf et d’un âne.

Il y a aussi les noms de milliers de nos communes qui posent problème. De Saint-Tropez à Saint-Jean-de-Luz ou Saint-Amand-les-Eaux, il y a du pain sur la planche. Il faudra ensuite s’attaquer aux rues portant des noms de saints. Les rues des Saints-Pères ou Saint-Dominique (à Paris) n’en ont plus pour longtemps. Il faudra trouver un autre nom au lycée Saint-Louis. Les musées – ce sont des espaces publics – devront être nettoyés de leurs fatras cléricaux genre vierge à l’enfant ou scène de l’apocalypse.

Enfin, notre vocabulaire devra être expurgé. Plus question de jurer en invoquant le nom de Dieu ou de prétendre le préférer à ses saints, de vouloir séparer le bon grain de l’ivraie. Le vocable « chemin de croix » devra être remplacé par « subir de dures épreuves consécutives ». Juda sera définitivement oublié et le mot « traître » retrouvera toute sa force. Le jugement de Salomon sera, évidemment, banni. Mais la sottise, elle, a encore de beaux jours devant elle..

 

Par PIERRE BEYLAU

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