Ces dernières années, les annonces se multiplient concernant le soutien financier au monde de l’entreprise dans les banlieues. Un fonds nouveau a été lancé le 9 octobre en présence du ministre de la Ville Patrick Kanner. Si cette aide est bienvenue, elle est loin d’être suffisante pour résorber la crise dans les banlieues françaises.
Le lancement officiel d’un fonds d’investissement à destination de entrepreneurs de banlieues s’est déroulée jeudi 9 octobre en présence du ministre de la Ville, Patrick Kanner, et de la secrétaire d’État à la Politique de la ville, Myriam El Khomry. Impact Partenaires, la société de gestion qui gère ce fonds, a levé 40 millions d’euros auprès d’acteurs institutionnels (BPI France, Axa, BNP Paribas) et de grands patrons comme Claude Bébéar ou encore Eric de Rothschild.
15 millions d’euros avaient déjà été collectés par le passé, portant le montant total de ce fonds à 55 millions d’euros. A l’AFP, Mathieu Cornieti, le président d’Impact Partenaires, explique qu’il s’agit de « la plus grande levée en Europe continentale pour un fonds à vocation sociale ».
Cette somme sera déployée sur cinq ans. L’objectif est clair : créer des emplois locaux en soutenant financièrement des entreprises à visée sociale. Entreprises de propreté, de recyclage, de prêt-à-porter… les domaines d’activités des entreprises sont diverses mais elles ont en commun d’agir « en termes d’emplois dans les zones urbaines défavorisées, d’insertion, de handicap et d’apprentissage ».
Le Qatar aux abonnés absents
« Cette levée de fonds est un signal fort. Elle consacre l’idée qu’il y a beaucoup de potentiel, de dynamisme et de créativité dans ces quartiers. Et pour ces entrepreneurs, c’est une forme de reconnaissance de voir de grandes entreprises investir à leurs côtés », a salué Myriam El Khomri.
En avril 2013, François Hollande avait affiché sa volonté d’agir en ce sens. Il avait alors annoncé le lancement, par le biais de la Banque publique d’investissement (BPI), d’un financement entièrement consacré à la création de nouvelles entreprises dans les quartiers défavorisés. Aujourd’hui, difficile de connaître l’avancée de ce projet. Dans la même veine, le Qatar avait annoncé verser 50 millions d’euros à destination des porteurs de projets d’entreprises dans les banlieues. Mais cette aide n’est toujours pas arrivée.
Le fonds Impact Partenaires mise, pour sa part, sur des entreprises bien implantées et ne le cache pas. Le retour sur investissement attendu est de 8 % par an.
100 millions d’euros réclamés pour les villes les plus pauvres
Le soutien financier de ces investisseurs est, dans un contexte de crise, attendu pour la croissance de ces entreprises. Mais ce fonds est loin de tout résoudre. Des aides publiques sont encore des plus nécessaires pour faire face à une crise ravageuse dans les quartiers populaires.
Les élus de l’association Ville et Banlieues regroupant des maires de villes populaires réclament ainsi 100 millions d’euros supplémentaires à l’État pour les communes les plus en difficultés concernées par la politique de la ville. Ils jugent trop insuffisante la hausse de la dotation de solidarité urbaine (DSU) qui ne permettra pas, à leurs yeux, de compenser la baisse des dotations générales aux collectivités prévues dans le projet de loi de finances 2015.
« Ils redoutent que ce manque annuel de 1,4 milliard d’euros concernant les communes durant trois ans (prévision effectuée selon la répartition de 2014) ne contraigne durablement leur contexte financier, engendrant de graves répercussions en terme d’investissement public et de maintien des services publics. », écrivent-ils dans un communiqué le 9 octobre.
Une nouvelle carte de la politique de la ville a été redessinée en juin dernier : l’Etat avait alors fait le choix de concentrer son aide à 1 300 quartiers les plus pauvres de France contre 2 500 par le passé. Cette géographie ne prendra effet qu’au 1er janvier 2015.
Après 30 ans de politique de la ville, le chemin est encore long pour résorber les inégalités territoriales.
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