Cindy Bruna : « Il y a encore beaucoup à faire pour les femmes issues de la diversité »

CindyBruna

Léger, provocant et hyperglam, ce vestiaire de plein soleil, sublimé par la top Cindy Bruna, s’invite dans les rues colorées de La Havane. Pour faire vibrer toute sa sensualité.

Une mère congolaise et un père piémontais ne pouvaient concevoir qu’un miracle de la nature. Ce miracle s’appelle Cindy Bruna, une beauté française métissée qui conjugue les couchers de soleil flamboyants de l’Afrique avec les crépuscules brumeux s’abattant entre les Alpes et la plaine du Pô, sur le village italien de Demonte. Née dans le Var, Cindy Bruna a hérité du glamour de cette alliance des contraires, avec de grands yeux noirs, un port de sultane, une silhouette de liane faite pour porter les tenues de créateurs.

C’est à 16 ans, alors qu’elle révisait encore son bac et rêvait d’une carrière d’experte-comptable, que la rencontre d’un agent bouleversa la vie de la belle Frenchie. « Pourtant, j’aimais les chiffres et les mathématiques », raconte avec candeur cette nouvelle déesse des podiums. Mais le destin en décida autrement, lorsqu’un après-midi d’été Dominique Savri, scout pour l’agence de mannequins Metropolitan, aperçut sur la plage de Saint-Raphaël une silhouette parfaitement dessinée, comme une esquisse à l’eau-forte, avec ses pleins et ses déliés. « J’ai tout de suite été attirée par la longueur de ses jambes, et lorsque je lui ai adressé la parole, elle m’a offert le plus joli des sourires. » Cindy Bruna monte alors à Paris avec sa mère, qui est légèrement réticente. « Mes parents n’étaient pas d’un enthousiasme fou à l’idée que je me lance dans cette aventure. Il a fallu du temps pour les convaincre que le mannequinat était un vrai métier. »

Des débuts fulgurants

Comme Claudia Schiffer et Eva Herzigova, Cindy Bruna signe avec l’agence Metropolitan et s’envole quelques mois plus tard pour New York. Des débuts fulgurants. D’emblée, elle ensorcelle les plus grands photographes et directeurs de castings. Elle sera la première femme métisse à décrocher une exclusivité Calvin Klein (Cindy en est très fière). « Je crois qu’il y a encore beaucoup à faire pour les femmes issues de la diversité, et j’aimerais un jour que l’on dise de moi que j’ai joué un rôle – même tout petit – pour défendre le droit des femmes, l’égalité dans le monde de la mode. » Quelques mois plus tard, le photographe star Steven Meisel la « booke » en exclusivité pour six mois. L’aventure commence sur les chapeaux de roue. À 18 ans, la voici à la une du Vogue italien et sur la campagne Prada. Elle défile alors pour les plus grands couturiers : Jean Paul Gaultier, Pierre Balmain, Elie Saab. Elle adore ça. « Je me suis prise au jeu. J’aime raconter des histoires au travers des vêtements que l’on me propose de porter. »

« J’ai décidé de prendre des cours de salsa »

Rien ne résiste à la petite Frenchie de Saint-Raphaël, très vite engagée par la célèbre marque de sous-vêtements Victoria’s Secret aux côtés des plus grandes, comme Miranda Kerr ou Karolína Kurková. Cindy Bruna était à Cuba pour le shooting de Madame Figaro. « C’était un voyage magnifique. On danse tout le temps dans ce pays ! J’ai décidé de prendre des cours de salsa. J’ai eu la chance de loger dans le mythique Hotel Nacional, à La Havane, où l’on peut voir affichées dans le hall les photos des grandes figures de Hollywood qui y ont séjourné. »

Aujourd’hui et dans le monde entier, c’est l’image de Cindy Bruna que l’on voit placardée partout. Elle est l’une des égéries des cosmétiques Yves Saint Laurent et, depuis quelques semaines, du parfum Chance de Chanel, campagne réalisée par Jean-Paul Goude. Mais la belle garde les pieds sur terre. Lorsqu’elle ne parcourt pas le monde, elle se ressource le plus souvent possible dans le Sud, auprès de sa famille, elle lit Prévert et la Bible. Voilà Cindy Bruna, l’alliance ultra-glamour des contraires.

Pour en savoir plus : http://madame.lefigaro.fr/

Cheikh Khaled Bentounès au centre Claverie : «La violence coûte plus de 9 trillion de dollars par an» à l’humanité

KhalebBentounès
Devant une foule nombreuse venue l’écouter au centre Claverie, Cheikh Khaled Bentounès a commencé son intervention en rappelant ses amitiés avec feu Claverie tué par le terrorisme en disant « j’ai un lien particulier avec cette maison. (……) L’ami enterré ici venait souvent à la zaouïa de Mostaganem où on discutait notamment de l’avenir de notre pays».Ce qui l’a amené à avancer que «la tradition musulmane incite à la rencontre de l’autre». Après un long développement, il conclura «c’est la rencontre avec l’autre qui nous permet d’accéder mieux à nous-mêmes». Il ajoutera que «Dieu a mis en chacun de nous un secret: cette capacité de comprendre l’autre». Ce qui pourrait nous faire éviter «ce labyrinthe de classification» consistant à trier les humains en noir et blanc; croyant, non croyant; musulman; non musulman; sunnite, chiite…..Une fois le cadre défini, la place « de la rencontre des autres » dans les religions, Cheikh Khaled Bentounès abordera le sujet de sa conférence portant sur son initiative pour « l’institution d’une journée du vivre-ensemble » par les Nations unies. Il s’interrogera « que faire dans un monde rentré dans les turbulences ? » Et de surprendre son assistance en tonnant « nous vivons une époque magnifique». Il se réfère aux statistiques des Nations unies pour affirmer que « la violence a baissé de l’ordre de 17% par rapport au 18 et 19ème siècle » alors que « la population mondiale s’est multipliée par sept ». Il estimera que « la communication au niveau universel se fait sur la violence et non la paix » ce qui nous donne l’impression de « vivre dans un monde violent ». Abondant dans ce sens, il réfutera que la région du Moyen-Orient, berceau de toutes les religions monothéistes, soit la région la plus violente. « C’est l’Amérique du Sud où sévit la violence », lance-t-il. Pour Cheikh Bentounès « la réalité n’est pas aussi catastrophique ».Sur son projet, présenté à l’ONU il y a quelques mois, suite au Congrès mondial sur « la Femme et la Paix » organisé à Oran, en novembre dernier, il affirme « qu’il a été bien reçu » par les instances internationales. Il ajoutera que « 6000 délégués » représentant les pays membres de l’ONU, l’ont reçu. Ceux avec qui il s’est entretenu lors de son passage à New York lui ont demandé pourquoi juste « une journée pour le vivre-ensemble », indique t-il. Façon de dire que « le vivre-ensemble » supposant l’acceptation de l’autre en dépit de ses différences, doit être l’attitude de tout un chacun l’année durant. Cheikh Bentounès réclame un million de signatures pour pouvoir imposer son projet. Dans ce sens, il dira « une signature, c’est votre empreinte que vous allez apposer à ce merveilleux édifice ». Il donnera juste un chiffre pour expliquer la nécessité et l’urgence de s’inscrire dans une démarche pour la paix. « Le coût de la violence se situe à 9,47 trillions de $ par an ». Or, le 1/10 de cette somme peut permettre à tous les enfants d’Afrique de s’épanouir et de rêver d’un monde meilleur au lieu de se lancer dans des suicides collectifs en voulant rejoindre les rivages du Nord.

par Ziad Salah
Pour en savoir plus : http://www.lequotidien-oran.com/

LAÏCITÉ – Les intellectuels anglo-saxons sévères avec la France

La laïcité a suscité et connu bien des crispations en France depuis les attentats parisiens. Vu de l’étranger, le constat est sévère. Le New York Times juge que la France se ridiculise avec l’exclusion de Sarah de son collège pour sa longue jupe noire. Par ailleurs, six auteurs du Pen Club international ont décidé de ne pas assister à la remise du prix du courage décerné à Charlie Hebdo le 5 mai aux Etats-Unis.

Soccer match day after

Les supporters de Guingamp rendent hommage aux victimes des attentats, en arborant des panneaux « Je suis Charlie », quelques jours après le 11 janvier (AFP).

Comment entretenir « l’esprit du 11 janvier »? En défendant la « laïcité à la française », entend-on de toutes parts. Problème: il n’y a pas de consensus en la matière. Après l’affaire de l’affiche annonçant un concert des Prêtres au profit des chrétiens d’Orient, mention religieuse refusée par la RATP dans un premier temps, vous avez peut-être suivi, perplexe, l’”affaire de la jupe” qui a agité la France la semaine dernière. Sarah, une collégienne de 15 ans, dans les Ardennes a été sommée de rentrer chez elle pour changer de tenue. Selon sa version et celle de sa famille, l’établissement lui aurait reproché de porter une jupe « trop longue ».

C’est la circulaire du 15 mai 2004 sur le « port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics » adressée aux personnels de l’éducation qui a permis une telle situation. L’inspecteur académique des Ardennes, Patrice Dutot l’a expliqué : il n’a « rien contre une jupe évidemment, quelle que soit sa longueur ». Ce qu’il dénonce, c’est l' »action concertée avec une tenue qui en l’occurrence relève symboliquement de l’ostentatoire ». La ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem a soutenu l’équipe pédagogique qui « a fait preuve de discernement pour juger du caractère prosélyte non pas de la tenue mais de l’attitude de l’élève. »
Le journal Le Monde a lancé le débat en titrant en Une sur l’affaire. Et le web a très vite réagi, les interrogations et la colère ont débordé sur Twitter où le hashtag #JePorteMaJupeCommeJeVeux rassemblait de très nombreux messages.

Ridicule
Dans son édition du premier mai, le New York Times est revenu sur ce sujet, avec virulence. « En France, la conception de la laïcité y est si sévère qu’il ne s’agit plus de protéger les croyances de chacun, mais d’imposer un style de vie défini comme laïc – et le plus souvent ce sont les nombreux musulmans du pays qui sont visés », indique le journal. Pour le quotidien américain, la loi de 2004, »devient ridicule quand les professeurs se permettent d’émettre un jugement en considérant que tel ou tel habit est une prise de position religieuse ». Selon le New York Times, « les officiels français doivent cesser de se cacher derrière la laïcité quand leur unique but est en réalité d’imposer leur identité et leurs codes à des personnes aux racines différentes des leurs. (…) Aucune religion ne menace sérieusement la laïcité en France aujourd’hui, et invoquer un principe aussi noble contre une jeune fille portant simplement une jupe ne fait que le dévoyer ».

Liberté d’expression
Au delà de cette tribune, dans le monde anglo-saxon, c’est la laïcité et une certaine conception de la liberté d’expression qui restent incomprises. La controverse fait rage dans les medias américains autour de la remise à Charlie Hebdo du “Prix du Courage”. Le Pen Club international est une organisation d’écrivains internationale attachée aux valeurs « de paix, de tolérance et de liberté sans lesquelles la création devient impossible ». Pourtant, six de ses auteurs, dont Joyce Carol Oates ou Michael Ondaatje ont décidé de boycotter la remise du prixle 5 mai à New York. Au départ, six auteurs ont dit défendre une liberté d’expression «sans limitation» et déplorer la tuerie du 7 janvier, mais refusent d’accorder à la ligne éditoriale du journal «admiration et respect». Chaque jour de nouvelles voix dans les medias ont dénoncé «Charlie Hebdo» un journal venimeux et islamophobe. Dans un communiqué, 145 auteurs accusent eux aussi le journal satirique de ridiculiser «une partie de la population française déjà marginalisée et rendue victime». S’ils admettent que «Charlie» affiche un mépris semblable pour toutes les religions, ils considèrent que, «dans une société inégalitaire, une offense ‘‘équitable’’ n’a pas les mêmes effets».

Salman Rushdie, qui a fait l’objet d’une fatwa pour son livre Les versets sataniques, a lui soutenu ce prix: « Si PEN, en tant qu’organisation défendant la liberté d’expression, ne sait ni défendre ni soutenir les personnes qui ont été assassinées pour un dessin, et bien l’organisation ne mérite pas son nom.« 

La confusion autour de ce concept bien français semble donc toujours aussi grande. Il n’est donc pas étonnant que la laïcité soit si difficile à comprendre et à appliquer, en France comme à l’étranger.

Pour en savoir plus : MPP (www.lepetitjournal.com)

mardi 5 mai 2015