Halal : les cantines de Charente ouvrent le débat

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Pour une fois en France, ce n’est pas le Front national (FN) qui ouvre le débat mais la Ligue de l’enseignement, confédération d’associations françaises d’éducation populaire et laïque, qui a organisé un échange sur la laïcité dans les cantines scolaires, mardi 23 septembre, dans la commune de L’Isle-d’Espagnac, en Charente-Maritime.

Tous les élus et responsables de services de restauration scolaire du département, ainsi que les parents, étaient conviés à ce débat dans l’ère du temps, raconte le quotidien La Charente Libre. «Il faut que ce soit débattu sur la place publique pour que ce ne soit plus tabou, affirme Michel Le Jeune, président du Centre national de ressources des restaurants d’enfants et de jeunes. L’affaire du voile a changé beaucoup de choses. L’alimentation est aussi une manière de faire valoir sa religion. Mais on n’aime pas traiter ce sujet de cette façon-là, sinon, on ne parle que des musulmans».

Pourtant, une réalité demeure : les requêtes pour une alimentation halal existent et sont bien plus nombreuses que pour des menus casher, constate le journal. Que faire ? Michel Le Jeune reçoit, conseille, oriente des élus parfois désemparés quand surviennent les premières demandes pour ce type d’alimentation. « Les familles veulent savoir pourquoi la viande halal n’est pas disponible dans la restauration scolaire. Dans les années 1990, les collectivités pouvaient dire qu’elles n’en trouvaient pas en volume suffisant. Ce type de réponse n’est plus possible, il faut argumenter », raconte-t-il.


Une variété de situations

Ensuite, le journal brosse un état des lieux des pratiques dans les cantines scolaires de la région. A Angoulême et Soyaux, c’est un refus clair et net de prendre en considération ce genre de demandes : une «décision politique des élus», selon Martine Dupuy, la responsable du pôle enfance à la mairie de Soyaux. A Confolens, ce refus a été motivé par «l’absence massive» de demandes, explique l’adjoint au maire Frédéric Boob. De fait, en 2014 la marie a reçu pour la première fois une requête de menu halal et elle ne concernait qu’une seule personne.

Il y a aussi la solution du menu sans porc, rappelle La Charente Libre. Mais les situations décrites par le journal oscillent entre intransigeance républicaine et pragmatisme. A Chasseneuil par exemple, les choses ne sont pas formalisées. Un seul menu existe mais pour n’exclure personne, du poisson ou du poulet sont servis à ceux qui ne tolèrent pas le porc. «Pour être conciliant», explique-t-on à la mairie. A Fléac, qui accueille une dizaine d’enfants qui ne mangent pas de porc, on s’en tient en revanche à une seule offre. Charge aux parents mécontents de ne pas opter pour la cantine. Et parfois, comme à la communauté des communes Val-de-Charente, les principes ont damé le pion au pragmatisme. «Nous sommes à l’école laïque, il n’y a pas de raison qu’il y ait un menu de substitution, justifie José Dupuis, chargé des affaires scolaires. C’est un principe de respect de la laïcité mais ce n’est pas non plus une question à laquelle on est confronté au point de mettre en place une réflexion là-dessus.»

La variété des situations observées en Charente Maritime s’explique par la législation en place, conclut le journal. Aujourd’hui, la mise en œuvre de repas sans porc et halal est laissée à l’appréciation des conseils municipaux pour les écoles primaires et maternelles, des conseils généraux pour les collèges. Une circulaire d’en août 2011 d’août stipule que la cantine est un service public facultatif et que « le fait de prévoir ses menus en raison de pratiques confessionnelles ne constitue ni un droit pour les usagers ni une obligation pour les collectivités. Il appartient à chaque organe délibérant (conseils municipaux ou conseils généraux) de poser les règles en la matière».

Mais qu’en pensent les lecteurs du journal ? Leur avis est sans appel. A la question «Trouvez-vous normal que les menus des cantines tiennent compte des confessions religieuses des enfants ?», 90,2% ont répondu par la négative.

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