Faut-il supprimer les références religieuses des contes ?

LA RÉDACTION | LE 23.09.2014 À 15:26

Etudier un conte qui comporte des références explicites à Jésus Christ est délicat selon un professeur des écoles. Dans un billet de blog, l’enseignant explique qu’il souhaitait faire lire à sa classe de CE1 Le Géant égoïste d’Oscar Wilde. Face à un passage qui fait clairement allusion au Christ, l’instituteur a recherché sur Internet comment ses collègues ont pu faire étudier le texte. Résultat : « Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant qu’aucune séquence proposée ne fait mention des références chrétiennes du texte ! Pire, le texte est quelquefois modifié pour effacer toute connotation religieuse ».

Version dite simplifiée du conte dans laquelle les références christiques ont été atténuées.

Le passage en question se situe à la toute fin du conte :

« Car les mains du petit garçon portaient les marques de deux clous et ses petits pieds aussi.
– Qui a osé te blesser ? cria le Géant, dis-le moi, je prendrai ma grande épée et j’irai le tuer !
-Non, répondit le petit garçon, ce sont les blessures de l’amour.
-Qui es-tu ? , demanda le Géant. Une crainte respectueuse s’abattit sur lui, et il s’agenouilla devant l’enfant.  Celui-ci sourit au Géant, et lui dit :
-Un jour, tu m’as laissé jouer dans ton jardin, aujourd’hui, tu vas venir avec moi dans mon jardin, au paradis. »

Selon l’enseignant, la technique qui consiste à éluder la référence aux stigmates et au paradis est similaire à celle de faire « disparaitre les cigarettes sur les affiches de cinéma ». Il est allé chercher sur Internet des témoignages d’enseignants, eux-aussi mal à l’aise avec cette partie du conte. Notamment une enseignante de CE1 qui demande de l’aide sur un forum : « Je pense que vous comprenez l’allusion à Jésus… Je n’en suis pas encore là mais je pense déjà aux questions des enfants sur cet enfant qui a des marques. Ils vont me demander pourquoi et certains enfants vont savoir que c’est Jésus (un enfant a dit à un autre : le petit garçon à la fin, ma mère m’a dit que c’était Jésus!!) Je pensais donner les deux fins existantes mais je ne sais pas trop comment expliquer Jésus car beaucoup de mes élèves ne le connaissent pas et à cet âge là certains ne comprennent pas pourquoi tout le monde ne croit pas en Jésus (j’ai quelques musulmans et un témoin de Jéhovah). Comment ne pas rentrer dans les détails et surtout faire passer ce petit garçon comme un personnage magique et non religieux.. Merci ».

Sur le même forum, un enseignant affirme : « Le Géant égoïste est à éviter d’après moi, je me suis fait avoir, j’en ai acheté 15 sans le lire et en fait à la fin du bouquin on se rend compte que le petit garçon de l’histoire est Jésus ».

Pour l’enseignant auteur du billet de blog, couper la fin n’est pas une solution. Il propose plutôt de « mettre en réseau » le conte, c’est-à-dire de l’étudier avec un corpus d’autres textes conformément aux recommandations officielles. « Alors, il est tout à fait judicieux de mettre en réseau leGéant égoïste avec quelques textes des évangiles travaillés en classe qui permettraient d’une part, la compréhension de la dimension religieuse du conte, sans prosélytisme, propagande ou autre endoctrinement et, d’autre part, de pourvoir nos élèves de références clés nécessaires au bon entendement de leur culture », conclut-il.

Avec Le Web Pédagogique
http://www.fait-religieux.com