Les origines de Pâques : un œuf décoré millénaire et un mystérieux lapin

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Pâques, ses œufs décorés et ses lapins à clochettes sont aujourd’hui avant tout une affaire de spiritualité pour les croyants et de chocolat pour les autres. Cette fête, dont les origines sont bien plus anciennes que la religion chrétienne, tire son origines dans les festivités de l’équinoxe du printemps, le renouveau de la nature après les rudesses de l’hiver.

Le HuffPost a remonté le temps pour pouvoir enfin répondre à la question qui animera votre repas de Pâques : qui de l’œuf ou du lapin est arrivé le premier?

Des œufs vieux comme le monde

Il y a 60.000 ans, l’homme décorait déjà des œufs. Il vivait alors en Afrique du Sud et sculptait des œufs d’autruche. Ces coquilles retrouvées en 2010 par des archéologues sont à ce jour la plus ancienne trace d’art et de communication. Mais revenons à notre omelette, les œufs qui nous intéressent proviennent plutôt du Moyen-Orient, de Perse et d’Égypte plus précisément.

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À gauche, les œufs gravés retrouvés en Afrique du Sud, à droite, des œufs de Pâques

Deux célébrations du printemps semblent particulièrement avoir influencé les premiers chrétiens. En Égypte, la fête de Shaam el-Nessimes qui signifie le renouveau de la vie et dont les plus anciennes traces de célébration datent d’il y a 2700 ans avant Jésus-Christ. Aujourd’hui, Sham el-Nessim est toujours célébré par les chrétiens et les musulmans, le lendemain de la Pâques copte. En Perse, la fête de Norouz marquait le début de la nouvelle année, le 21 mars. Elle est toujours célébrée en Iran avec la même signification. Au cours des célébrations de cette fête comme de Shaam el-Nessimes, il était d’usage de décorer des œufs.

Pourquoi des œufs ? En Égypte, comme en Perse, en Finlande, en Inde ou encore en Chine, l’œuf fait toujours partie des récits de la création. Il est le symbole de la vie et de la fertilité. Les Celtes, les Perses et les Égyptiens s’offraient des œufs pour fêter le début du printemps.

Un mystérieux lapin

Si le mystère des œufs a été percé, celui du lapin demeure bien plus mystérieux. Si vous faites quelques recherches sur Internet, vous lirez à coup sûr que la fête de Pâques, Easter en anglais, tire son nom d’une déesse anglo-saxone du printemps, Eostre, toujours accompagnée de son lièvre sacré. Un mythe qui pourrait avoir été fondé de toutes pièces au XIXe siècle. Alors en plein essor, le néo-paganisme anglais se cherche des racines dans la civilisation pré-chrétienne.

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Une illustration de la déesse Eostre accompagnée d’un lapin

Les néo-païens revendiquent entre autres la paternité du père noël et du lapin de pâques. Ce dernier est rattaché à la déesse Eostre, une déesse citée une seule fois dans un texte écrit par un clerc en 1682 et qui comporte de nombreuses erreurs.

C’est en Allemagne, en revanche, que le lapin de Pâques pourrait être né. L’Osterhase qui apporte les œufs de Pâques est décrit pour la première fois dans l’ouvrage De ovis paschalibus (Sur les œufs de Pâques) écrit en 1680. Le lapin joue le rôle d’un juge chargé de dire si les enfants étaient bons ou désobéissants au début du printemps.

Le lapin est comme l’œuf un symbole de fertilité. Dans l’Antiquité, certains auteurs tels que Plutarque l’imaginent hermaphrodite, capable de se reproduire sans coït. Très présent dans l’art sacré médiéval, la figure du lièvre rappelle donc la virginité de la Vierge et la conception du Christ sans péché.

Un lapin chrétien en somme.

 

Faut-il supprimer les références religieuses des contes ?

LA RÉDACTION | LE 23.09.2014 À 15:26

Etudier un conte qui comporte des références explicites à Jésus Christ est délicat selon un professeur des écoles. Dans un billet de blog, l’enseignant explique qu’il souhaitait faire lire à sa classe de CE1 Le Géant égoïste d’Oscar Wilde. Face à un passage qui fait clairement allusion au Christ, l’instituteur a recherché sur Internet comment ses collègues ont pu faire étudier le texte. Résultat : « Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant qu’aucune séquence proposée ne fait mention des références chrétiennes du texte ! Pire, le texte est quelquefois modifié pour effacer toute connotation religieuse ».

Version dite simplifiée du conte dans laquelle les références christiques ont été atténuées.

Le passage en question se situe à la toute fin du conte :

« Car les mains du petit garçon portaient les marques de deux clous et ses petits pieds aussi.
– Qui a osé te blesser ? cria le Géant, dis-le moi, je prendrai ma grande épée et j’irai le tuer !
-Non, répondit le petit garçon, ce sont les blessures de l’amour.
-Qui es-tu ? , demanda le Géant. Une crainte respectueuse s’abattit sur lui, et il s’agenouilla devant l’enfant.  Celui-ci sourit au Géant, et lui dit :
-Un jour, tu m’as laissé jouer dans ton jardin, aujourd’hui, tu vas venir avec moi dans mon jardin, au paradis. »

Selon l’enseignant, la technique qui consiste à éluder la référence aux stigmates et au paradis est similaire à celle de faire « disparaitre les cigarettes sur les affiches de cinéma ». Il est allé chercher sur Internet des témoignages d’enseignants, eux-aussi mal à l’aise avec cette partie du conte. Notamment une enseignante de CE1 qui demande de l’aide sur un forum : « Je pense que vous comprenez l’allusion à Jésus… Je n’en suis pas encore là mais je pense déjà aux questions des enfants sur cet enfant qui a des marques. Ils vont me demander pourquoi et certains enfants vont savoir que c’est Jésus (un enfant a dit à un autre : le petit garçon à la fin, ma mère m’a dit que c’était Jésus!!) Je pensais donner les deux fins existantes mais je ne sais pas trop comment expliquer Jésus car beaucoup de mes élèves ne le connaissent pas et à cet âge là certains ne comprennent pas pourquoi tout le monde ne croit pas en Jésus (j’ai quelques musulmans et un témoin de Jéhovah). Comment ne pas rentrer dans les détails et surtout faire passer ce petit garçon comme un personnage magique et non religieux.. Merci ».

Sur le même forum, un enseignant affirme : « Le Géant égoïste est à éviter d’après moi, je me suis fait avoir, j’en ai acheté 15 sans le lire et en fait à la fin du bouquin on se rend compte que le petit garçon de l’histoire est Jésus ».

Pour l’enseignant auteur du billet de blog, couper la fin n’est pas une solution. Il propose plutôt de « mettre en réseau » le conte, c’est-à-dire de l’étudier avec un corpus d’autres textes conformément aux recommandations officielles. « Alors, il est tout à fait judicieux de mettre en réseau leGéant égoïste avec quelques textes des évangiles travaillés en classe qui permettraient d’une part, la compréhension de la dimension religieuse du conte, sans prosélytisme, propagande ou autre endoctrinement et, d’autre part, de pourvoir nos élèves de références clés nécessaires au bon entendement de leur culture », conclut-il.

Avec Le Web Pédagogique
http://www.fait-religieux.com