Le Mawlid, la fête en dépit de la fatwa

 Assida_zgouzou
Le 3 janvier 2015 était célébrée la fête musulmane Mawlid an Nabi «Naissance du prophète». Bien que le Coran, ne la mentionne pas, la tradition situe la date de naissance de Muhammad ou Mahomet le 12 de Rabia al Awal, troisième mois du calendrier islamique, soit en 570 de l’ère chrétienne. Le calendrier islamique étant lunaire, la date de la célébration est décalée de dix jours chaque année sur le calendrier grégorien et a coïncidé cette année aux fêtes du Nouvel an. Elle sera de nouveau célébrée le 23 décembre 2015.
L’événement est fêté par la plupart des communautés musulmanes dans le monde, qu’elles soient sunnites ou chiites. Contrairement aux deux aïds, le petit (l’Aïd el-Fitr) et le grand (l’Aïd al-Adha), cette célébration ne fait pas partie des fêtes religieuses authentiquement sacrées. Aucune trace de cette fête n’existe en effet ni dans le Coran ni dans la Sunna (les paroles et actions du Prophète). L’anniversaire de Mahomet n’a jamais été célébré de son époque, mais a posteriori en Egypte au quatrième siècle de l’Hégire. Ce qui explique pourquoi certains mouvements affiliés au salafisme et au wahhabisme considèrent le Mawlid comme une innovation religieuse étrangère à l’islam et voient en elle une copie de la célébration de Noël chez les chrétiens ou de la Hanoucca chez les juifs. Ils la réprouvent même : Le cheikh Abdul Aziz Al-Asheikh, grand mufti d’Arabie Saoudite  a redit cette année que c’était pécher que de célébrer la naissance du prophète.En dépit de la recrudescence de cette controverse ces dernières années, la tradition populaire, et notamment culinaire reste très vivace.Dans la plupart des États musulmans, le jour du Mawlid reste férié.

La naissance du Prophète est l’occasion pour la plupart des musulmans de se réunir pour se remémorer la vie de Mahomet, grâce aux lectures du Coran, des prières ou des chants religieux, et surtout de partager des plats spécifiques.

Dans les foyers musulmans, les débats vont bon train sur le choix de l‘assida que les femmes vont préparer. En effet, si cette crème dessert est communément partagée par tous les Etats arabes, il existe une multitude de variantes selon les pays.

Rien que dans les foyers tunisiens, on compte au moins deux façons de préparer cette crème. Une traditionnelle, la assida bidha ou assida blanche à base de semoule cuite à laquelle on ajoute du beurre salé (smen) et du miel. Et une autre, beaucoup plus raffinée mais aussi plus coûteuse, confectionnée à partir de graines de pin d’Alep (zgougou) nappée d’une crème pâtissière. Elle est ensuite décorée de fruits secs grillés et concassés.

En Algérie, celle qui reste la plus consommée est à base de semoule agrémentée de beurre et de sucre ou miel. Mais il existe plusieurs variétés d’assida à base d’huile d’olive, de miel et de lait appelé tagloudi ou hrira.

En Libye une seule est préparée à base de farine, au Soudan dans la région du Darfour elle est à base de millet, au Yémen elle est accompagnée d’une sauce épicée…

Au Caire, une autre tradition est très répandue. La fête commence dans la journée par une procession de la mosquée El Rifaï jusqu’à la mosquée El Hussein en passant par la citadelle. Le quartier d’El Hussein est illuminé par des centaines de guirlandes et de néons, des tentes aux couleurs chatoyantes ornées de dessins islamiques sont dressées dans les rues. Et surtout, les commerçants du quartier garnissent leurs étals de poupées et des chevaux en sucre d’orge de couleurs vives, que l’on offre aux enfants, poupées maquillées et habillées pour les petites filles et chevaux pour les petits garçons. Une tradition pittoresque, héritée de l’époque des Fatimides qui a bien failli se perdre dans les années 2000 avec l’arrivée de poupées en plastique venues de Chine… Les adultes ont aussi droit à leur confiseries : les «Halawet El Mouled» – douceurs du Mouled, tels que loukoums, croquants aux sésames ou aux cacahuètes.

Ainsi, la pérennité et l’attachement populaire à la célébration du Mawlid an Nabi doivent certainement beaucoup au folklore culinaire. Ils montrent la vitalité de l’islam et son esprit de convivialité, de partage et de joie, plutôt que de haine et d’exclusion même s’il s’agit d’un événement plus festif que religieux.

 

Recette pour l’assida zgougou

Ingrédients : pour 8 verrines

Pour la crème de zgougou

  • 250g de zgougou moulu (chez votre épicerie orientale)1.50l d’eau minérale
  • 150g de farine t55
  • 25cl d’eau
  • 150g de sucre semoule
  • 1c à soupe d’eau de Rose

Pour la crème pâtissière recette

  • 500g de lait
  • 100g de sucre
  • 45g de poudre de crème ou de maïzena
  • 1 gousse de vanille
  • 4 jaunes d’oeufs

Pour les finitions : fruits secs torrefiés moulus ou non (pistaches, amandes, pignons de pins et noisettes…).

Préparation :

  • Mélanger le zgougou moulu dans le 1.50l d’eau et passer au mixeur , Filtrer 3 à 4 fois à travers d’un tamis
  • Dans une casserole mettre la farine et 25cl deau minérale et puis le sucre et la crème de zgougou et mettre sur feu moyen sans cesser de remuer avec un fouet laisser cuire pendant 20 min
  • Dès que la crème épaissie retirer du feu ajouter l’eau de rose
  • Remplir vos verrines à moitié de crème et laisser refroidir
  • Entre temps préparer la crème pâtissière
  • Mettre le lait à chauffer dans une casserole avec le contenue de la gousse de vanille fendue et grattée
  • Mélanger à sec le sucre et la maïzena et ajouter les jaunes d’oeufs et mélanger énergiquement au fouet.
  • A ébullition du lait , verser-le sur le mélange précédent en remuant avec le fouet.
  • Remettre le tout dans la casserole lavée mais non séchée.
  • Faites cuire la crème sur le feu tout en fouettant elle doit bouillir au moins 1min 30 selon la quantité et ne surtout pas cesser de remuer pendant la cuisson
  • Dès que la crème est cuite retirer-la du feu et débarrasser-la dans une  plaque large
  • Passer le beurre par dessus  pour éviter que la crème croûte.
  • Recouvrir la crème d’un film alimentaire et la stocker au congélateur immédiatement pendant 10min.
  • Verser une couche de crème pâtissière sur la crème de zgougou et réfrigérer jusqu’au moment de servir décorer de fruits secs

Pour en savoir plus : http://www.fait-religieux.com