Une nouvelle loi d’interdiction générale du voile pour les parents d’élèves, une bien mauvaise idée. Cette position est formulée par l’une des personnalités les plus impopulaires au sein de la communauté musulmane. En réaction aux derniers propos de Najat Vallaud-Belkacem, qui estime que les mères voilées ont le droit d’accompagner les enfants aux sorties scolaires, Caroline Fourest s’est rangée de son côté en prenant acte de l’avis du Conseil d’Etat à ce propos.
Dans une contribution au Huffington Post parue lundi 3 novembre, l’essayiste déclare s’opposer à l’interprétation d’organisations laïques qui perçoivent la position de la ministre de l’Education nationale comme « une démission du politique et une trahison de la laïcité ».
« Autant, la loi de mars 2004 était tout à fait nécessaire pour sortir du cas par cas et sanctuariser l’intérieur de l’école, autant il faut savoir faire preuve de souplesse quand il s’agit des parents et des sorties scolaires. (…) Elle n’est pas là pour enseigner un modèle absolu mais le droit au doute », juge-t-elle.
« Les élèves ont bien conscience que les accompagnateurs sont les parents de leurs camarades et pas des professeurs. Il n’est pas possible de régir leur mode de vie comme s’il s’agissait d’enfants, d’élèves ou de personnels représentant l’institution. Et d’ailleurs, s’il fallait étendre la contrainte aux parents, pourquoi n’interdire que le voile ? (…) Ajouter une clause qui vise uniquement et spécifiquement la tenue de certaines mères n’aura qu’un effet désastreux et contre-performant. Celui de faire haïr la laïcité », dit-elle également.*
Respecter les choix « même rétrogrades »
A-t-elle changé d’avis sur le port du voile ? Que nenni pour celle qui soutient avec vigueur la loi « émancipatrice » de 2004. « Si la République laïque doit encourager l’émancipation et le respect de l’égalité chez chaque citoyen en devenir, elle doit aussi (parce qu’elle est démocratique) respecter ces choix – même rétrogrades – une fois ce citoyen devenu adulte. Y compris le port du voile tant qu’il ne dissimule pas le visage et ne porte pas atteinte à la sécurité publique », signifie l’essayiste. Ainsi, le choix de porter le voile n’en reste pas moins « rétrograde » à ses yeux.
D’autre part, l’abrogation de la circulaire Chatel n’est pas évoquée comme solution pour mettre fin au traitement différencié des parents.
Plutôt que de légiférer contre les convictions des parents, Caroline Fourest, qui a fait appel de sacondamnation pour diffamation pour ses propos contre une victime d’islamophobie à Argenteuil (Val-d’Oise), préfère « résister à l’inflation d’écoles confessionnelles intégristes, parfois sous contrat ».
Les réactions se multiplient depuis la salutaire prise de position de Najat Vallaud-Belkacem. Les mères voilées attendent désormais d’elle l’abrogation de la circulaire.
* Mise à jour : Dans un entretien accordé à Zaman France en octobre 2013, Caroline Fourest s’est aussi exprimé sur le sujet, en déclarant son opposition à l’interdiction faite aux mères voilées d’accompagner les enfants aux sorties scolaires mais également contre l’interdiction du voile à l’université.
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