Douai : musulmans, pourquoi ont-ils choisi d’étudier dans un établissement catholique ?

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Marwane Maaroufi et Amel Id Nhand sont de confession musulmane mais pourtant scolarisés depuis des années dans un établissement catholique, l’institution Saint-Jean à Douai. Comment leurs familles ont-elles vécu les événements de janvier ? Pourquoi étudier ici ? Que pensent-ils de Charlie Hebdo ?

Les attentats :

La sentence de Farid Id Nanhd, papa d’Amel (en 6e) et professeur de techno à Saint-Jean, est sans appel. «  Je me suis senti agressé. En tant que musulman, on essaye de représenter un modèle, on passe énormément de temps à montrer l’exemple. Et avec ça, on doit repasser du temps à dire que ce n’est pas ça, l’islam.  » Latifa Maaroufi, maman de Marwane, élève de 1ère S, abonde. «  J’ai eu du dégoût aussi. Du mépris pour ces gens qui se disent islamiques, alors que notre religion, au contraire, c’est une religion saine.  »

Pourquoi une école catholique ?

Latifa commence par parler ouverture d’esprit, mais convient qu’elle a d’abord scolarisé son fils ici en raison «  de la réputation de Saint-Jean. C’est une bonne école, les résultats sont là  ». L’enseignement catholique, «  c’est une richesse. il faut être ouvert d’esprit.  » Farid affine : «  En plus, on n’y enseigne pas seulement le catéchisme, ils ont des cours de culture religieuse tous les quinze jours. Et puis les cours de caté ne sont pas obligatoires. Par exemple, j’ai demandé que ma fille de maternelle n’y participe pas pour l’instant, parce qu’elle n’a pas d’équivalent pour la religion musulmane. Je voudrais qu’elle ait les deux visions.  » Le père de famille souligne aussi la « rigueur  » de Saint-Jean. «  C’est un sacrifice financier (200 € par mois environ pour deux enfants) mais je veux leur donner le meilleur. Si l’école républicaine répondait à toutes nos exigences, on aurait moins de raison d’aller dans le privé. En plus, ici, les projets sont très intéressants, avec plusieurs voyages à l’étranger à la clé.  »

Quels pratiquants ?

Farid : «  On fait le ramadan, les enfants aussi. Même si je leur demande ne pas le faire quand ils suivent certaines activités physiques. Sinon, ma fille mange à la cantine. S’il y a du poisson, tant mieux. S’il y a de la viande, elle n’en mange pas. On s’adapte.  » Latifa ne dit pas autre chose.

L’après-Charlie et la caricature :

Les deux parents regrettent les amalgames. Farid : «  On surexpose certaines personnes radicalisées. Ils parlent au nom des musulmans mais ils ne nous représentent pas. La plupart des musulmans n’aspirent qu’à vivre sereinement en France.  » Quid de l’esprit Charlie ? «  La caricature, c’est l’essence de Charlie, leur fonds de commerce. Ils le font pour tout le monde. Si on n’adhère pas, on n’achète pas, c’est tout. On est en France. On n’a pas à appliquer des règles qui ne sont pas d’ici. C’est le manque de connaissance et de culture qui font que certains basculent.  »

Pour en savoir plus : http://www.nordeclair.fr