Ramadan sous la canicule : quand jeûner devient un péché

RamadanCanicule

Le mois du Ramadan est finit depuis jeudi dernier, mais la canicule de cette année 2015 a été d’une rare intensité. Dans ces conditions, quelle attitude doivent adopter les musulmans qui jeûnent pour ne pas subir les fâcheuses conséquences d’un coup de chaud sur leur santé ?

Alerte canicule. Météo France a placé depuis mardi 30 juin près de 50 départements de France en vigilance orange en raison d’un « épisode caniculaire précoce et durable ». L’épisode de l’été 2003 reste gravé dans les mémoires. La canicule avait alors fait 15 000 morts, les autorités sanitaires ayant sous-estimé à l’époque l’impact de la chaleur sur les populations fragiles.

Les pouvoirs publics se disent aujourd’hui mobilisées pour parer à cette situation, « appelée à durer et à s’étendre à de nouvelles régions du Nord et de l’Est du pays » selon le ministère de la Santé. Des conseils pratiques sont également diffusés à grande échelle pour faire face à la chaleur.*

Jeûner malgré tout ?

Particularité cette année, l’épisode caniculaire intervient en plein mois du Ramadan. La France n’est pas la seule à le subir. Plusieurs pays du monde musulman font face à une exceptionnelle chaleur, comme au Pakistan où les autorités dénombrent plus de 1 300 morts en une semaine.

Lors de cette période de 29 ou 30 jours consécutifs, les musulmans se soumettant à ce pilier n’ont pas la possibilité de manger et surtout de boire de l’aube jusqu’au coucher du soleil. Chacun y va de son astuce pour tenir bon : s’asperger d’eau fraîche – la douche n’étant pas interdite pendant Ramadan ! –, se rincer la bouche, rester au frais ou encore éviter de sortir pendant les fortes périodes de chaleur.

Mais lorsque la difficulté est telle que la santé peut ne plus suivre, faut-il se forcer à jeûner ? La réponse est évidemment non, de l’avis des principales écoles juridiques de l’islam. La vie est sacrée et c’est autour de ce principe fondamental que la religion musulmane est aussi bâtie, bien que des usurpateurs aient décidé d’en dévoyer les enseignements pour justifier le terrorisme.

Mehdi, 29 ans, témoigne : « J’ai souvent mal aux reins mais je me suis forcé à faire Ramadan au début. Comme tout le monde, avec tout le monde… ». Non sans conséquences, aggravées par la hausse de températures observée depuis plusieurs jours : certaines fois, « je n’arrive presque plus à bouger. » Sous les conseils avisés de son entourage, il est désormais convaincu que la meilleure chose à faire pour sa santé est d’arrêter le jeûne le temps qu’il faudra. « Même quand j’ai l’impression que ça va mieux. Je dois boire », dit-il.

La dérogation a ses règles

Car se forcer à jeûner malgré les risques encourus n’est pas recommandé, voire interdit dans certains cas, et revient en effet, selon la tradition islamique, à dénigrer une faveur de Dieu envers les Hommes. « Dieu veut pour vous la facilité, Il ne veut pas pour vous la difficulté », lit-on à la sourate « La Vache » (verset 185). Ainsi, toute personne se sentant en incapacité de jeûner par crainte pour sa santé sont dispensées de jeûne. Nul besoin d’une énième fatwa : la dérogation est déjà possible pour elles, quel que soit l’âge, au même titre que les malades, les personnes très âgées, les femmes enceintes ou encore les voyageurs.

En revanche, ils sont tenus de rattraper les jours non jeûnés dans l’année « par un nombre égal d’autres jours » (verset 184 de la sourate « La Vache ») dès lors qu’ils sont en capacité de le faire ou bien, le cas échéant, de compenser ces jours par des dons en nature ou en argent afin de nourrir des nécessiteux. Etre dispensé de jeûne ne signifie pas forcement avoir raté son Ramadan : autant faire usage de la dérogation lorsque celle-ci est justifiée !

 

Les conseils à adopter par tous, mais surtout par les personnes fragiles les plus à risques, diffusés par le ministère de la Santé afin de lutter au mieux contre les conséquences de la chaleur :
• Buvez régulièrement de l’eau sans attendre d’avoir soif ;
• Rafraîchissez-vous et mouillez-vous le corps (au moins le visage et les avants bras plusieurs fois par jour) ;
• Mangez en quantité suffisante et ne buvez pas d’alcool ;
• Évitez de sortir aux heures les plus chaudes et passez plusieurs heures par jour dans un lieu frais (cinéma, bibliothèque municipale, supermarché, musée…) ;
• Evitez les efforts physiques ;
• Maintenez votre logement frais (fermez fenêtres et volets la journée, ouvrez-les le soir et la nuit s’il fait plus frais) ;
• Pensez à donner régulièrement de vos nouvelles à vos proches et, dès que nécessaire, osez demander de l’aide ;
• Prévoir le matériel nécessaire pour lutter contre la chaleur : brumisateur, ventilateur….
• Consultez régulièrement le site de Météo France pour vous informer.
Pour en savoir plus : http://www.saphirnews.com

Aïd al-Fitr 2015 : le CFCM a tranché, la fin du Ramadan connue

Ramadan2015

L’après-midi n’est pas terminé mais le Conseil français du culte musulman (CFCM) a tranché. A l’issue d’une réunion des responsables de fédérations musulmanes à la Grande Mosquée de Paris, l’instance a annoncé, jeudi 16 juillet, que l’Aïd al-Fitr, qui acte la fin du Ramadan et le début du mois de Chawwal, est fixé au vendredi 17 juillet.

Les musulmans de France termineront ensemble ce jeudi leur jeûne, qui aura duré 29 jours. La décision du CFCM coïncide cette année avec l’annonce faite en amont par le Conseil européen de la fatwa et de la recherche (CEFR) qui actait aussi l’Aïd al-Fitr pour le 17 juillet sur la base des calculs astronomiques.

Cette méthode est adoptée de longue date en Turquie et largement suivie dans les pays des Balkans, en Allemagne ou encore en Amérique du Nord, où les fédérations musulmanes fixent en avance les dates de début et de fin des mois lunaires, au-delà du Ramadan. En France, l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) en a fait son principe mais est restée discrète cette année à ce propos, ce qui n’a pas donné lieu à de vifs débats comme observés l’année passée.

L’annonce du CFCM est fondée principalement sur les décisions prises dans le monde musulman, à commencer par l’Arabie Saoudite qui a décrété que le mois du Ramadan se termine jeudi. L’Indonésie était le premier pays musulman à avoir pris une décision similaire.

Toute l’équipe de Saphirnews souhaite dès à présent aux musulmans de France une excellente fête de l’Aïd al-Fitr !

Rédigé par Hanan Ben Rhouma

Jeudi 16 Juillet 2015

Pour en savoir plus : http://www.saphirnews.com/

 

Et je me joins à l’équipe de Saphirnews pour présenter à tous les musulmans qui liront ces lignes une belle fête de l’Aïd al-Fitr !

Vous avez été bien courageux d’affronter la chaleur cette année ! Que la Paix soit sur vous !

Marie DAVIENNE – KANNI

 

Ramadan au Maroc : Musulmans et Juifs réunis pour un ftour inédit à Casablanca

Ramadan2015

En partenariat avec l’Association « Marocains Pluriels » présidée par M. Ahmed Ghayet, plusieurs personnalités de la société civile juive marocaine ont organisé mardi soir à Casablanca un ftour inédit autour du « savoir vivre ensemble » et auquel ont participé plus d’une centaine de leurs amis musulmans accueillis et invités à cette occasion pour fêter et célébrer « la richesse et la profondeur de la diversité culturelle et spirituelle marocaine ».

Invité d’honneur de cette manifestation, le Conseiller du Roi, M. André Azoulay, a longuement analysé « les fondamentaux historiques, politiques et constitutionnels qui donnent à cette exemplarité marocaine la durabilité et la légitimité autour desquelles se construit et se renforce le consensus national porté avec éclat par le leadership de SM le Roi Mohammed VI ».M. Azoulay a tenu dans ce contexte à souligner le caractère structurel de « cette réalité marocaine » qui ne doit pas être assimilée à « une réaction conjoncturelle ou circonstancielle qui trouverait sa justification ou sa seule raison d’être dans une réponse ponctuelle à apporter à la crise que connaît aujourd’hui la Communauté des Nations s’agissant du savoir vivre ensemble et du dialogue de toutes nos cultures, religions et civilisations ».

« Dans un monde en quête de repères, la boussole marocaine est plus précieuse que jamais », a affirmé avec force le Conseiller due Roi, rappelant le « seuil historique franchi par notre pays en juillet 2011 avec le vote de notre nouvelle Constitution qui garantit le caractère irréfragable des acquis qui fondent et consolident la diversité et la modernité sociale et culturelle de notre société ».

Pour le président de l’Association Marocains Pluriels, M. Ahmed Ghayet, cette rencontre est une occasion pour montrer aux jeunes en particulier, la particularité du Maroc comme terre de tolérance, de dialogue intercommunautaire et de partage. Et de mettre en avant que l’histoire du Royaume, caractérisée par la coexistence et la cohabitation entre les Marocains de différentes origines et confessions, a vu sa consécration dans la Constitution de 2011 qui a confirmé cette réalité du Maroc, « fier de ses afflux musulman, juif, berbère, arabe et saharo-hassani, nourri de ses affluents africain, andalou et méditerranéen ».

Pour d’autres intervenants, le Maroc a eu le courage et la capacité visionnaire de proposer une Constitution qui témoigne d’un Maroc contemporain, historiquement forgé et ciselé par la civilisation berbère, le judaïsme, la civilisation arabo-musulmane et par son identité hassanie.

A rappeler que le Prix Nord-Sud du Conseil de l’Europe a été attribué, mercredi dernier à Lisbonne, à M. André Azoulay pour sa contribution au processus de paix au Moyen Orient ainsi que pour la promotion du dialogue interculturel en Méditerranée.

Ont assisté à cette soirée, d’éminentes personnalités du monde diplomatique, de l’art, de la culture, de la politique ainsi que des représentants de la société civile.

L’association Marocains Pluriels entend, à travers cette action, faire progresser les valeurs qu’elle défend à savoir la diversité, le partage, l’ouverture, le dialogue et mettre en relief l’identité marocaine et sa culture.

Mercredi 8 Juillet 2015 – 17:36
Atlasnfo avec MAP
Pour en savoir plus : http://www.atlasinfo.fr

Bac en plein ramadan : plancher ou jeûner, faut-il choisir ?

Bac-Ramadan

Des lycéens passent le baccalauréat à Strasbourg le 17 juin 2013 (c) Afp
Le début du ramadan coïncide cette année avec les épreuves écrites du bac : un défi pour les candidats musulmans qui, selon la tradition, ne peuvent trouver dans les examens un motif valable pour s’abstenir de jeûner.

Les écrits du baccalauréat général et technologique s’étalent du 17 au 24 juin. Soit sur la première semaine du ramadan, qui commence autour du 18 juin, ce qui ne s’était pas produit depuis une trentaine d’années.

Cet alignement de calendriers n’est pas anodin en France, où vit la première communauté musulmane d’Europe, et alors que le ramadan est un rite massivement suivi, avec plus de 70% voire 80% de jeûneurs, selon les études.

Durant ce mois sacré, les musulmans sont invités à s’abstenir de boire, de manger et d’avoir des relations sexuelles, des premières lueurs de l’aube – dès que l’on peut « distinguer un fil blanc d’un fil noir », prescrit le Coran – jusqu’au coucher du soleil. Soit pendant 18 heures environ (de 3h50 jusqu’à presque 22h00) la semaine des examens, qui sonnera aussi le début de l’été, avec les jours les plus longs et un risque de températures élevées.

Le jeûne, quatrième pilier de l’islam, s’impose à tout musulman pubère. Des dispenses appelant des compensations – par un jeûne différé – sont prévues pour les voyageurs, les malades, les personnes âgées, les femmes enceintes ou venant d’accoucher. Mais théoriquement ni pour les travailleurs ni pour les candidats à des examens…

« Passer un examen n’est pas considéré comme une raison valable d’abandon du jeûne », confirme à l’AFP Anouar Kbibech, prochain président du Conseil français du culte musulman (CFCM). « Il peut cependant y avoir des situations où la personne n’arrive pas à assumer le jeûne. A l’impossible nul n’est tenu », ajoute-t-il, comme en écho à un passage du Coran (« Dieu veut pour vous la facilité et non la difficulté »).

Anouar Kbibech se souvient d’avoir jeûné alors qu’il passait des oraux d’admission en écoles d’ingénieurs. « Les deux ou trois premiers jours c’est difficile, mais après le corps s’habitue. Et il peut même y avoir un moment, en début d’après-midi, où le corps se trouve dans un état d’euphorie ».

« Sur Twitter, les jeunes disent +on va morfler+ », relate Fateh Kimouche (Al-Kanz), blogueur à l’affût de ce qui se dit sur la Toile musulmane. « Ils appréhendent et c’est légitime, deux stress se cumulent », ajoute-t-il, sans exclure que des parents inquiets des performances de leurs enfants « fassent pression pour leur interdire de jeûner ».

Mais pour ce musulman orthodoxe, « le problème ce n’est pas le ramadan, c’est soi-même. C’est sûr que le jeûne est plus facile à supporter si on ne fait pas d’orgie le soir », lors du repas de l’iftar, glisse-t-il. « Beaucoup se sentent plus léger, se sentent mieux lors du ramadan », assure-t-il en vantant ses vertus d' »ascèse spirituelle » et de « thérapie corporelle ». Avec ou sans examen à passer.

Publié le 11-06-2015 à 10h23Mis à jour à 16h57

Pour en savoir plus : http://tempsreel.nouvelobs.com/

Conseils, formations… Des outils de réflexion et d’action pour promouvoir la laïcité

Elus, enseignants et territoriaux sont souvent démunis face aux demandes liées à des prescriptions religieuses. L’installation d’un comité consultatif laïcité peut les aider.

LaicitéConseil

Avec les enseignants, les élus sont en première ligne face aux sollicitations fondées sur des prescriptions ou des interdits religieux. Ils sont également confrontés à la montée du radicalisme chez certains musulmans. Pour y répondre, plusieurs communes se sont dotées d’outils permettant de mieux former leurs personnels au principe de laïcité.

A l’intention des professionnels

En 2012, la Métro (communauté d’agglomération Grenoble-Alpes métropole) a mis en place un dispositif de « formation-action » à l’égalité et à la laïcité à l’intention des professionnels des communes, associations et institutions (lire ci-dessous). Le 5 février, Rennes a lancé son « comité consultatif laïcité ».

« Aujourd’hui – cela remonte de manière régulière des différentes rencontres – des entreprises, des associations, y compris cultuelles, des administrations même, dont la ville de Rennes, manquent de repères sur la portée concrète et pratique du principe de laïcité. Sa mise en œuvre se heurte au brouillage des lignes entre les sphères privées et publiques », explique Nathalie Appéré, maire de Rennes.

Le comité consultatif laïcité pourra « émettre des avis et se saisir de toute question locale, dans une perspective de conseil, de soutien et d’aiguillon à l’action municipale », et devra rédiger d’ici fin 2015 une « Charte du vivre ensemble ».

Avec la montée de la radicalisation chez certains jeunes musulmans, ces outils sont-ils suffisants ? « Je pense qu’on irrigue, on instille, et on permet que la discussion s’ouvre. Nous sommes sollicités un peu partout dans le département (de l’Isère) », assure Michel Baffert, ancien vice-président de la Métro.

De la laïcité aux valeurs

Pourtant, depuis 2012, la situation sur le terrain a changé. « Les outils du type guides de la laïcité ne permettent pas de prévenir la radicalisation de certains jeunes. Les recruteurs ont affiné leurs techniques et il ne suffit pas de ne pas être discriminant pour les contrer, prévient Dounia Bouzar, anthropologue qui a participé à la conception du dispositif de la Métro. Grenoble est pour moi un exemple de bonne gestion, or c’est aussi une ville où il y a de la radicalité. »

Pour Myriam El Khomri, secrétaire d’Etat à la Ville, « la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, et la lutte contre le racisme, les stigmatisations et l’antisémitisme » doivent pourtant aller de pair. Pour elle, les contrats de ville, qui rassemblent tous les acteurs, collectivités, tissu associatif et habitants des quartiers sensibles, pourraient être un levier d’action. A condition toutefois que soit ajouté aux trois volets existants, la cohésion sociale, l’emploi et le cadre de vie, un quatrième sur les valeurs de la République.

Trois conseils

Former élus et administration

Un personnel mieux formé est plus à même d’apprécier les situations et de savoir comment réagir à des sollicitations fondées sur des prescriptions ou des interdits religieux. Depuis 2013, l’université Lyon 3 et l’université catholique de Lyon, en lien avec l’Institut français de civilisation musulmane et le conseil régional du culte musulman Rhône-Alpes, et avec le soutien de la préfecture du Rhône, proposent un DU (diplôme universitaire) « Religion, liberté religieuse et laïcité ». Le public ciblé comprend agents des administrations (hospitalière, pénitentiaire, éducative, territoriale…), élus, etc. Des cadres managers de la ville de Lyon ont suivi cette formation. Selon Marylise Lebranchu, ce programme devrait inspirer celui que suivront les élèves des instituts régionaux d’administration (IRA).

Organiser le dialogue entre toutes les composantes de la société

Discussion et échanges favorisent des solutions consensuelles aux problèmes que posent parfois les religions. Le 6 février, Rennes a ainsi lancé un « comité consultatif laïcité ». Objectif : « Rendre accessible, lisible, compréhensible » par tous la laïcité et « se saisir de toute question locale, dans une perspective de conseil, de soutien et d’aiguillon à l’action municipale ». « Je pense à la question de l’occupation du domaine public », précise la maire, Nathalie Appéré, qui présidera cette instance. Composé d’élus de toutes les sensibilités du conseil municipal, de représentants des cultes et des mouvements de pensée, d’experts et d’acteurs de terrain, ce comité devrait se réunir à un rythme mensuel et rédiger, d’ici la fin de l’année, une Charte du vivre ensemble qui sera soumise au vote du conseil municipal au premier semestre 2016.

Trouver aide et conseil

Pour aider les familles confrontées à la crainte du départ d’un mineur pour la Syrie, le ministère de l’Intérieur a mis en place un numéro vert, le 0800.005.696. Les élus peuvent également contacter le « référent laïcité » dont sont dotées toutes les préfectures de France. Dans la plupart des cas, il s’agit du directeur de cabinet du préfet. En liaison avec le bureau des cultes du ministère de l’Intérieur, qui dispose d’une base de données juridiques, celui-ci renseignera les élus sur ce que prévoit la loi face à des situations comme une fonctionnaire décidant de porter le voile, une famille exigeant de la viande hallal ou casher à la cantine, etc. Ce référent laïcité est également référent pour la protection des lieux de cultes.

 

Ce que dit la loi.

Jusqu’à maintenant l’obligation de réserve – et de neutralité – à laquelle les fonctionnaires sont soumis est d’origine jurisprudentielle.
Marylise Lebranchu, la ministre de la Réforme de l’Etat, de la Décentralisation et de la Fonction publique entend la fixer dans la loi. Son projet de loi « relatif à la déontologie et aux droits et obligations des fonctionnaires » consacre ainsi, « pour la première fois dans le droit de la fonction publique, les valeurs fondamentales communes aux agents publics ».
Ainsi des « obligations de neutralité et de réserve » et du « respect du principe de laïcité ». En déplacement le 26 février à Lyon pour présenter ce texte, Marylise Lebranchu a précisé que l’ensemble des élèves des instituts régionaux d’administration (IRA) seront formés à la laïcité dès la rentrée prochaine. Reconnaissant que l’application concrète de ce principe peut poser des difficultés à certains agents, notamment ceux qui sont au contact direct des usagers, la ministre a ajouté qu’elle souhaitait, avant la rédaction définitive de son texte « organiser des rencontres avec les fonctionnaires (…) pour pouvoir répondre à ces difficultés ».
Voir notre cahier « 50 questions sur la laïcité ».

 

Sur le terrain

CA Grenoble-Alpes Métropole : une « formation-action » adaptée
L’idée de proposer une « formation-action » à l’égalité et à la laïcité à l’intention des professionnels des communes, associations et institutions de l’agglomération grenobloise est née d’une demande du terrain.

« Nous avons été sollicités vers 2008 par des animateurs socioculturels. Etant en contact direct avec des populations de quartiers fragilisés, ils ont exprimé le besoin de mieux connaître le principe de laïcité et d’être formés à l’appliquer », rappelle Michel Baffert, ancien vice-président de la Métro(1), et président du GIP « Objectif réussite éducative ».

Les Grenoblois précurseurs
Cette initiative faisait suite à une précédente session de formation, organisée avec la ville de Grenoble en 2010-2011, et intitulée « Gérer le fait religieux sans discriminer ». A l’époque, « les Grenoblois ont été vraiment précurseurs. Depuis d’autres villes ont suivi », assure Dounia Bouzar, anthropologue du fait religieux à laquelle la mise en place de la démarche de la Métro a été confiée.

Concrètement, cette formation-action a pris deux formes : une trentaine de professionnels issus de diverses communes de l’agglomération ont été formés à ces questions au cours de cinq ou six journées réparties sur l’année 2012. Parallèlement, trois séminaires ont été organisés à l’automne 2012. Enfin, un guide pratique censé aider les personnels à répondre aux difficultés d’application du principe de laïcité a été rédigé, qui est toujours en ligne(2).

Directeur de l’association sociosportive grenobloise Kiap, Brahim Wazizi a suivi la formation. « C’était très bien, on a abordé beaucoup de sujets : les repas scolaires, le ramadan, la mixité dans le domaine sportif », rappelle-t-il. Depuis, la formation n’a pas été reconduite, or « beaucoup d’acteurs ont changé », souligne-t-il. Résultat : « Dans des gymnases, certains créneaux mixtes ont été donnés à des femmes ». Preuve que rien n’est jamais acquis.

Par Catherine Corroller

Pour en savoir plus : http://www.courrierdesmaires.fr/

Douai : musulmans, pourquoi ont-ils choisi d’étudier dans un établissement catholique ?

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Marwane Maaroufi et Amel Id Nhand sont de confession musulmane mais pourtant scolarisés depuis des années dans un établissement catholique, l’institution Saint-Jean à Douai. Comment leurs familles ont-elles vécu les événements de janvier ? Pourquoi étudier ici ? Que pensent-ils de Charlie Hebdo ?

Les attentats :

La sentence de Farid Id Nanhd, papa d’Amel (en 6e) et professeur de techno à Saint-Jean, est sans appel. «  Je me suis senti agressé. En tant que musulman, on essaye de représenter un modèle, on passe énormément de temps à montrer l’exemple. Et avec ça, on doit repasser du temps à dire que ce n’est pas ça, l’islam.  » Latifa Maaroufi, maman de Marwane, élève de 1ère S, abonde. «  J’ai eu du dégoût aussi. Du mépris pour ces gens qui se disent islamiques, alors que notre religion, au contraire, c’est une religion saine.  »

Pourquoi une école catholique ?

Latifa commence par parler ouverture d’esprit, mais convient qu’elle a d’abord scolarisé son fils ici en raison «  de la réputation de Saint-Jean. C’est une bonne école, les résultats sont là  ». L’enseignement catholique, «  c’est une richesse. il faut être ouvert d’esprit.  » Farid affine : «  En plus, on n’y enseigne pas seulement le catéchisme, ils ont des cours de culture religieuse tous les quinze jours. Et puis les cours de caté ne sont pas obligatoires. Par exemple, j’ai demandé que ma fille de maternelle n’y participe pas pour l’instant, parce qu’elle n’a pas d’équivalent pour la religion musulmane. Je voudrais qu’elle ait les deux visions.  » Le père de famille souligne aussi la « rigueur  » de Saint-Jean. «  C’est un sacrifice financier (200 € par mois environ pour deux enfants) mais je veux leur donner le meilleur. Si l’école républicaine répondait à toutes nos exigences, on aurait moins de raison d’aller dans le privé. En plus, ici, les projets sont très intéressants, avec plusieurs voyages à l’étranger à la clé.  »

Quels pratiquants ?

Farid : «  On fait le ramadan, les enfants aussi. Même si je leur demande ne pas le faire quand ils suivent certaines activités physiques. Sinon, ma fille mange à la cantine. S’il y a du poisson, tant mieux. S’il y a de la viande, elle n’en mange pas. On s’adapte.  » Latifa ne dit pas autre chose.

L’après-Charlie et la caricature :

Les deux parents regrettent les amalgames. Farid : «  On surexpose certaines personnes radicalisées. Ils parlent au nom des musulmans mais ils ne nous représentent pas. La plupart des musulmans n’aspirent qu’à vivre sereinement en France.  » Quid de l’esprit Charlie ? «  La caricature, c’est l’essence de Charlie, leur fonds de commerce. Ils le font pour tout le monde. Si on n’adhère pas, on n’achète pas, c’est tout. On est en France. On n’a pas à appliquer des règles qui ne sont pas d’ici. C’est le manque de connaissance et de culture qui font que certains basculent.  »

Pour en savoir plus : http://www.nordeclair.fr

Rencontre « La foi au service de l’humanité »

Coexister2

Cet après-midi, nous nous sommes retrouvés à Grenoble, à l’Espace Ninon Vallin.

Organisé par le groupe diocésain des relations avec les musulmans, animé par Marie DAVIENNE – KANNI et Elisabeth LETZ.

Rencontre préparée avec Abdennacer ZITOUNI, imam du Centre Culturel Musulman de Grenoble.
Nous étions une soixantaine et avons parlé du quotidien des musulmans : quel sens au jeûne et à l’abstinence du ramadan, la place des femmes, comment vivre sa foi au quotidien, quelle laïcité voulons-nous mettre en oeuvre, mais aussi que faire ensemble ?

Il semble que les méconnaissances des chrétiens et des musulmans sur leur propre religion et foi et celles des autres soient au coeur des problématiques du quotidien des personnes présentes.

Des pistes ont été donné : servir ensemble des repas aux personnes qui sont sans-domicile fixe, donner son sang ensemble, comme COEXISTER.
Une proposition de jeûne, lancée par le magazine LA VIE a été faite, pendant le temps du Carême, tous les vendredis.

La rencontre s’est terminée en temps de discussions par petits groupes autour d’un thé et de gâteaux. Beau temps d’échanges, à refaire !

EDF : sept critères pour gérer le fait religieux

Par MORGANE REMY – Publié le

Le ramadan a commencé lundi 1er août. Une pratique religieuse qui ne concerne qu’une partie des salariés des usines. Chez EDF, pour répondre de façon uniformisée aux différentes situations, a été mise en place une grille de critères dédiés aux managers. Explications de Catherine Delpirou, directrice de la reconnaissance et vie au travail d’EDF.

L’Usine Nouvelle – Vous avez établi une liste de critères pour gérer le fait religieux. En quoi consiste ce système ?
Catherine Delpirou – Il s’agit de trouver une réponse adaptée dans l’intérêt de l’entreprise et le respect de l’individu. Ainsi, le guide  « Repères sur le fait religieux… » , après le rappel des textes légaux, prend en compte 7 critères: la sécurité, la sûreté des installations, l’hygiène, les aptitudes professionnelles nécessaires, l’organisation du travail, la protection contre le prosélytisme et le respect des intérêts commerciaux de l’entreprise. A partir de ces critères, le manager de terrain peut se poser les bonnes questions pour valider ou refuser la demande d’aménagement du travail d’un salarié pour des raisons religieuses. Et ce, selon qu’elle va ou non à l’encontre de l’un de ces critères. Par exemple, il peut s’assurer que les repas du restaurant d’entreprise  ou les distributeurs de sandwichs proposent toujours du poisson et des plats végétariens, ce qui permet à tous les salariés de pratiquer leur religion.

Comment avez-vous établi ces critères ?

Nous avons travaillé en collaboration avec l’association Cultes et Cultures consulting, spécialisée sur cette question des enjeux de diversité. Et surtout, nous avons pris pour point de départ les questions posées par des managers et des DRH, souvent démunis face aux pratiques religieuses. Nous avons ainsi proposé un outil qui permet d’aborder le sujet par la situation de travail. Il prend en compte la grande variété de nos métiers. Ce dispositif permet à l’entreprise de ne pas rentrer dans le débat religieux.

Concrètement, la gestion du fait religieux –  le ramadan notamment –  est-elle plus difficile dans l’industrie qu’ailleurs ?
Grâce à notre outil, nous nous intéressons aux problèmes concrets. Et ce sont les questions de sécurité qui prennent une dimension plus importante sur nos sites ou dans nos activités industrielles. Ainsi dans « Repères sur le fait religieux », nous citons un exemple, qui s’est posé dans notre filière EDF Energy au Royaume-Uni : le turban. Si un salarié en porte un et doit se rendre dans une usine où le port de casque est obligatoire, il devra alors l’enlever, car il y a ici un enjeu de sécurité.

http://www.usinenouvelle.com