Pourquoi toutes les start-ups devraient miser sur la diversité et la mixité

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Pour perdurer, une entreprise se doit d’atteindre l’équilibre financier. Les entrées doivent être supérieures aux sorties. Si l’entrepreneur est le moteur de sa compagnie, l’équipe est son carburant. Atteindre un équilibre humain est donc tout aussi important que d’atteindre l’équilibre financier.

À deux reprises cette dernière année, on m’a consulté sur la thématique de la diversité culturelle en entreprise — l’emploi des professionnels formés à l’étranger.

À la demande d’Emploi Nexus, je suis intervenu en février 2014 à HEC Montréal sur la thématique des techniques du recrutement non conventionnelles. Je vous rassure, il n’est pas question des armes non conventionnelles, mais plutôt de processus de recrutement qui se détache du CV pour mettre l’accent sur l’expérience et la mise en situation. C’est une arme efficace que j’ai développée ces dernières années pour ma start-up, Seevibes. Si cette technique ne protège pas des erreurs de recrutement, elle m’a permis de détecter des professionnels qui bénéficient tous d’un excellent potentiel, réalisé ou en devenir.

Dernièrement, Rachid Harmel, doctorant et chargé de cours à HEC Montréal, m’a invité à participer à une recherche scientifique sur le thème des pratiques au travail des PME en TI dans un contexte multiculturel. Avec une majorité de pièces rapportées — non Canadiennes, en provenance d’Europe et d’Amérique du Sud, et une diversité de religions — catholique, juif, musulman et athée —, ma compagnie semble être le cobaye idéal.

La diversité en entreprise est-elle inconsciente ou réfléchie ? Si mes racines étrangères impliquent une ouverture naturelle à la diversité, l’idée d’attirer des profils de diverses origines s’impose d’elle-même. Le critère numéro un reste la compétence et la complémentarité que les personnes pourront apporter dans la compagnie. Les start-ups technologiques sont en concurrence pour attirer les meilleurs profils. S’ouvrir à la richesse de professionnels que nous apporte la planète est donc une évidence, voire une obligation pour rester compétitif.

Une équipe multiculturelle a plusieurs bénéfices : l’apport de points de vue différents, qui est une source de créativité ; un réseau de contacts plus large, qui est bon pour le développement commercial ; des valeurs positives, qui bénéficient à l’image de la compagnie ; et surtout des collaborateurs plus fidèles et motivés.

La mixité est aussi un art délicat. Nous avons un bureau à Paris avec une majorité de collaboratrices, alors que la situation est inversée au Québec, où la gent masculine est en force. Si la compétence prime toujours, il faut reconnaître que nous avons cherché un équilibre sur les deux structures pour garder une bonne dynamique entre les sexes. Le succès des derniers recrutements nous a donné raison.

La mixité s’est également retrouvée nécessaire dans les langues parlées dans l’entreprise. Les anglophones n’étaient pas assez représentés dans l’équipe, au risque d’handicaper notre développement nord-américain.

La diversité culturelle et la mixité des profils en entreprise sont moins un acte social qu’une décision d’affaires éclairée. Pour le bien de nos entreprises et de l’économie du pays, il est donc plus pertinent que jamais de parler d’équilibre, de valeur ajoutée et de bénéfices, plutôt que d’intégration, de contraintes et de pièces rapportées.

Publié le 17/06/2015 à 13:19

À propos de Laurent Maisonnave

Laurent Maisonnave est pdg de Seevibes, une start-up montréalaise qui fournit des données intelligentes pour le ciblage des campagnes publicitaires sur les médias sociaux.

Pour en savoir plus : https://www.lesaffaires.com

Un regard à changer sur le recrutement

Pour mieux recruter, arrêtons regarder seul CV

Le parcours professionnel et les compétences relationnelles devraient être des éléments déterminants dans le recrutement.

Je déjeunais récemment avec un ami qui travaille dans un grand groupe industriel français. Il m’a raconté l’anecdote suivante.

Alors qu’il était à une réunion, un responsable de la DRH dit : « Pour ce poste, je vois bien un polytechnicien de 40 ans ».

Il répond : « Tu viens de donner trois paramètres qui ne servent à rien : le sexe, le diplôme et l’âge, alors que ce qui compte c’est seulement que la personne dispose des compétences nécessaires pour ce poste ».

Cet exemple illustre la particularité française qui conduit à évaluer les gens sur leur formation initiale, comme si l’école suivie constituait un statut que l’on avait à vie et qui épargnait toute évaluation ultérieure, comme si ce que vous aviez fait à 20 ans était ce qui comptait le plus, même à 50.

Un regard à changer sur le recrutement

Pour sortir de ce travers français, il faut faire évoluer le mode de recrutement, en finir avec le clonage, la recherche d’une expertise en silo. Aujourd’hui, il importe de promouvoir la diversité, entendue comme la représentation de la France dans toutes ses composantes, avec des hommes et des femmes, des personnes de tous âges, de toute origine. C’est l’agrégation des talents dans leur altérité qui permet à une entreprise d’appréhender la vie économique dans sa complexité. Ce n’est pas la consanguinité ou l’endogamie.

À cet égard, le clonage, s’il est recherché au détriment des compétences relationnelles ou culturelles, présente un risque élevé de stérilité. Le clonage permet de faire face aux problématiques au fil de l’eau, mais pas de penser le changement. Or aujourd’hui, le changement, qu’il soit technologique, culturel ou générationnel, caractérise la plupart des contextes des entreprises.

Les compétences transverses, soit la capacité à faire travailler ensemble des personnes aux aptitudes différentes, paraît source de richesse pour l’entreprise. Ce que les Américains nomment intelligence émotionnelle, à savoir l’aptitude à engager des rapports fructueux avec les autres, et qui n’est pas une matière scolaire, devient une compétence clef.

La posture idéale d’un candidat, innovante, mais encore peu répandue

Un candidat qui veut répondre à ces nouvelles exigences de recrutement modifie sa manière de se présenter. Lorsqu’il se présente, il doit d’abord privilégier son parcours professionnel sur sa formation initiale. Ce qu’il a fait dans sa vie compte infiniment plus que l’école qu’il a suivi avant de travailler. Et si l’école l’a bien préparé à la vie active, c’est surtout sur sa capacité à faire fructifier ses expériences professionnelles.

Il doit aussi, lorsqu’il candidate à un poste de management, faire prévaloir son attitude sur ses aptitudes. C’est sa capacité à fédérer les équipes en combinant des savoir-faire différents, à entraîner les salariés en étant exemplaire, à valoriser l’entreprise et son cheminement stratégique en clarifiant les enjeux qui sont les clefs de la réussite dans son poste.

Il doit enfin s’intéresser aux faits avant de promouvoir des idées. C’est l’inverse du vieux slogan : « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées », auquel il faut casser le cou. Il est certes important d’avoir des idées, mais elles ne doivent pas être a priori. Les idées doivent naître d’une analyse de l’existant et d’une approche pragmatique. L’audace, ce n’est pas tant l’idée que sa capacité à la mettre en œuvre.

S’il adopte ces principes pour présenter son offre professionnelle, le candidat ne sera pas toujours dans le ton et ne sera pas forcément choisi. Mais il apprendra qu’être embauché résulte d’un double choix : celui d’être sélectionné certes, mais aussi celui de choisir son poste, car les deux parties prenantes à un recrutement sont également demandeuses.

Jean-Baptiste PINTON / Directeur général
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La diversité ethnique, source de performance pour l’entreprise

Les jeunes diplômés d’origine étrangère se heurtent toujours à un plafond de verre. Comment faire bouger les entreprises ?

Le point avec Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique, social et environnemental, et Sonia Hamoudi, personnalité associée.

Par Isabelle Hennebelle, , Benjamin Turquier

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