Enseignement du fait religieux : des situations variées en Europe

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Dans le cadre de la « refondation de l’école laïque » voulue par le gouvernement après les attentats de Paris, la ministre de l’Education nationale a annoncé un renforcement de l’enseignement laïque du fait religieux, officiellement au programme depuis 2005. Comment enseigne-t-on le fait religieux dans les écoles publiques ailleurs, en Europe ? Saphirnews vous fait un petit tour du continent.

En Europe, l’enseignement religieux est au programme de tous les pays. Il existe une grande variété de situations, presque autant que d’Etats. Deux grands cas de figures se distinguent dans les écoles publiques : l’enseignement confessionnel et non confessionnel, celui qui prévaut en France, en Suède ou en Finlande. Le cas français est toutefois unique : il est transdisciplinaire alors qu’ailleurs, il donne lieu à des cours spécifiques dont la forme et le contenu varient ensuite selon les contextes et le processus de sécularisation.

La place accordée aux religions dans les écoles publiques européennes reflète l’histoire des pays avec l’Eglise dominante. Elle témoigne aussi de la grande diversité de relations Etats-religions qui existe sur le continent. Si, en France, Eglise et Etat sont séparées depuis 1905, c’est loin d’être le cas de tous ses voisins. Dans certains pays aussi, identité nationale et religion sont fortement imbriquées: l’Italie, Malte et l’Irlande avec le catholicisme, le Danemark avec le luthérianisme, la Grèce avec l’orthodoxie… L’intégration du fait religieux islamique en Europe ont aussi poussé les pays à revoir l’organisation et la structuration des cours de religion, confessionnels ou non.

Autre facteur générant des situations différentes à l’échelle européenne : la plus ou moins grande centralisation de l’éducation. En France, les programmes et les enseignements sont déterminés au niveau national. En Allemagne, ces questions sont régionalisées, tandis qu’en Angleterre, une large marge de manœuvre est laissée aux autorités locales et aux chefs d’établissement.

Ces enseignements font régulièrement débat dans certains pays.

En Belgique, les élèves des écoles publiques ont le choix entre suivre le cours de religion d’un des six cultes reconnus dans le pays (catholique, protestant, anglican, orthodoxe, juif et musulman) et le cours de morale non confessionnelle, deux enseignements inscrits dans la Constitution. Le contenu de l’enseignement religieux et le recrutement des enseignants sont du ressort des instances religieuses. En janvier, le débat autour de la suppression des cours de religion a été relancé. La ministre de l’Education s’est prononcé pour leur maintien.

Tel n’est pas le cas au Luxembourg où le débat est vif. Jusqu’à présent, le choix des élèves porte entre un cours d’éducation morale et sociale ou un cours d’instruction religieuse catholique, l’Etat étant un archevêché. Le gouvernement entend le supprimer dès la rentrée 2016/2017 au profit d’un cours de valeur unique. Les représentants des communautés religieuses s’y opposent, réclamant un cours durant lequel toutes les religions seraient enseignées, et pas uniquement le catholicisme.

En Allemagne, l’éducation relève de la compétence des 16 régions (Lander). La séparation entre l’Eglise et l’Etat est moins marquée qu’en France, et la Constitution prévoit des cours de religion à l’école. Ils sont même obligatoires, mais les enfants peuvent suivre à leur place des cours de philosophie et d’éthique, ou en être dispensés si les parents le souhaitent. L’instruction religieuse est placée sous la responsabilité de l’Etat, mais son contenu relève de la responsabilité des Eglises. Les élèves sont séparés selon leur confession et le cours, choisi.

L’introduction de cours de religion musulmane fait débat depuis plusieurs années depuis 2001. Des Lander ont tout de même déjà franchi le cap ces dernières années comme celui de Hambourg en 2012 et la Hesse en 2014.

En Grande-Bretagne, l’anglicanisme est religion d’Etat en Angleterre, le presbytérianisme (protestantisme) en Ecosse, tandis que l’Irlande du Nord et le Pays de Galles n’en ont pas. La loi sur l’éducation de 1988 précise que l’éducation religieuse « doit refléter le fait que les traditions religieuses en Angleterre sont principalement chrétiennes, tout en tenant compte de l’enseignement et de la pratique des autres grandes religions représentées dans le pays ».

Avec les années, l’instruction religieuse est devenue une éducation religieuse multiconfessionnelle dans laquelle sont introduits des éléments propres aux principales religions présentes dans le pays (judaïsme, islam, hindouisme, bouddhisme, religion sikh).
En Irlande, pays catholique dont la religion a largement défini l’identité par rapport à la Grande-Bretagne, les écoles dispensent un enseignement religieux sur lequel les instances religieuses ont toute autorité. Il existe trois sortes d’écoles publiques financées par l’Etat : les écoles religieuses, les écoles pluriconfessionnelles et les Gaelscoileanna, où les cours sont dispensés en gaélique. La plupart des écoles primaires et secondaires sont des écoles de confession religieuse unique, catholiques romaines en majorité. Les écoles multiconfessionnelles se développent cependant de plus en plus. Les enfants ne sont pas tenus d’assister aux cours de religion, les parents peuvent les en dispenser.

La Pologne est un des pays les plus catholiques d’Europe. L’instruction religieuse est enseignée dans les écoles publiques depuis la signature du Concordat avec le Saint-Siège en 1998 mais ne se limite pas au catéchisme. Les cultes reconnus ont le droit d’en organiser tant qu’une présence minimum de sept élève est assurée. Comme l’Eglise, ils sont tenus de s’occuper eux-mêmes de la forme et du contenu des cours de religion mais les enseignants sont payés par l’Etat. Un cours de morale non religieux existe aussi en place et lieu de l’enseignement religieux mais ni l’un ni l’autre n’est obligatoire.

Le catholicisme n’est plus religion d’Etat depuis 1984 en Italie, mais l’Eglise catholique jouit toujours d’un statut privilégié. Un enseignement religieux est dispensé dans les écoles publiques, de la maternelle au lycée. Même s’il ne porte pas sur les sacrements, cet enseignement est placé sous la responsabilité de l’Eglise catholique. Il est facultatif, mais reste très largement suivi. Les notes obtenues dans cette matière comptent autant que les autres.

En Espagne, les liens entre l’Etat et l’Eglise catholique demeurent importants même si le catholicisme n’est plus la religion officielle depuis 1978. Les grandes lignes de l’enseignement religieux sont fixées par un accord avec le Vatican. Les cours d’instruction religieuse sont dispensés dans toutes les écoles, publiques comme privées sous contrat. Le statut de cette matière oscille au gré des majorités politiques. Le Parti socialiste avait rendu cette matière facultative en 2006. En 2013, le gouvernement de droite de Mariano Rajoy est revenu sur cette disposition en rendant les cours de religion – majoritairement catholique, mais aussi évangélique, juive ou musulmane – ou de « valeurs culturelles et sociales » obligatoires à la rentrée 2014.

En Grèce où la société est moins sécularisée qu’en Europe occidentale, la religion orthodoxe est considérée comme partie intégrante de l’identité nationale. La religion figurait sur la carte d’identité jusqu’en 2001, en dépit du droit européen. Selon l’article 1 de la Constitution de 1975, l’orthodoxie est la « religion dominante ». Le clergé est financé par l’Etat, et les cours de religion orthodoxe à l’école publique était obligatoire jusqu’en 2011 pour les élèves orthodoxes. Seuls les élèves d’autres confessions pouvaient en être dispensés. Cette évolution a provoqué d’intenses débats en Grèce. Le clergé orthodoxe s’est prononcé pour le maintien d’un enseignement obligatoire de la religion, tandis que de nombreuses voix se sont élevées pour plaider un abandon du catéchisme pour un enseignement plus général abordant l’ensemble des religions.

Rédigé par Christelle Gence et H. Ben Rhouma | Lundi 16 Février 2015

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Le pape François dresse un catalogue sévère des maladies qui menacent la Curie

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Cité du Vatican – Le pape François a dressé lundi un catalogue de quinze maladies qui menacent le haut clergé, et plus particulièrement la Curie, dans une discours d’une sévérité sans précédent condamnant la mondanité, l’hyperactivité, les rivalités, les bavardages, les calomnies, et la zizanie.

Ce discours annuel de voeux aux membres de la Curie (le gouvernement de l’Eglise), dans lequel il les a conviés à un vrai examen de conscience, avait lieu dans le cadre très solennel de la Salle Clémentine au Vatican, devant les cardinaux réunis dans un grand silence.

Ensuite, dans l’immense Salle Paul VI, Jorge Bergoglio a innové en saluant, dans une ambiance au contraire très festive, les employés du Vatican et leurs familles. Il a rendu hommage aux invisibles qui permettent au Vatican de fonctionner jour après jour.

Mais auparavant, après avoir brièvement remercié cardinaux et évêques pour les services rendus dans l’année écoulée, le pape argentin a estimé que, comme tout corps humain, le Curie souffrait d’infidélités à l’Evangile et était menacée de maladies, qu’il fallait apprendre à guérir.

Il a alors exposé un catalogue de ces maladies, pour que la Curie devienne chaque jour plus harmonieuse et unie.

Il en a cité quinze, employant des formules-choc comme l’Alzheimer spirituel, la fossilisation mentale et spirituelle, le coeur de pierre, le terrorisme des bavardages, la schizophrénie existentielle , le narcissisme faux, la planification d’expert-comptable, les rivalités pour la gloire, les faces funèbres, l’orchestre qui émet des fausses notes…

La guérison est la fruit de la prise de conscience de la maladie, a conclu le pape, en appelant les évêques et cardinaux à laisser l’Esprit saint inspirer leurs actions, à ne pas vouloir le domestiquer, et à ne pas compter seulement sur leurs dons intellectuels ou organisationnels.

Il y a toujours la tentation de se sentir immortel, a-t-il observé, conseillant aux prélats d’aller dans les cimetières où sont tant de personnes qui se considéraient indispensables. Il leur a aussi conseillé, lui qui ne prend jamais de vacances, d’éviter la maladie de la suractivité de ceux qui s’enfouissent sous les dossiers.

Certains autres dépendent totalement de leurs passions, caprices et manies, ils se construisent des murs autour d’eux, devenant de plus en plus esclaves d’idoles, a-t-il critiqué.

Les prêtres sont comme des avions. Ils font la une quand ils tombent, a-t-il noté, sans jamais mentionner aucun fautif en particulier.

Fustigeant particulièrement la calomnie, qui peut équivaloir à un homicide de sang froid, il a évoqué notamment le cas passé au Vatican d’un prêtre qui appelait les journalistes pour raconter et inventer des choses privées sur ses confrères. Pour lui, ce qui comptait c’était d’être sur la première pages des journaux, et de se sentir puissant, le pauvre!

Après ce discours reçu comme une douche froide, François a salué un à un les cardinaux, dans une ambiance lourde, malgré les amabilités de façade.

François, qui a expliqué à plusieurs reprises qu’il se sentait quelquefois anticlérical, a engagé depuis son élection en mars 2013 une profonde réforme de la Curie, qui se heurte à de nombreuses oppositions internes et suscite de nombreuses inquiétudes. Cette réforme en cours ne devrait pas se conclure avant 2016.

La fin du pontificat de Benoît XVI avait révélé l’étendue des intrigues, du carriérisme, et des manoeuvres dans le dos du pape.

(©AFP / 22 décembre 2014 12h50)

Pour en savoir plus : http://www.romandie.com

Où est la diversité religieuse ?

KateWilliamNouvelleZélande

CRÉÉ LE 08/04/2014 / MODIFIÉ LE 09/04/2014 À 06H52

Singapour est en tête des pays détenant la plus grande diversité religieuse, le Vatican demeure en toute logique la lanterne rouge. La France est gratifiée par le Pew Reseatch Center d’une belle 25e place sur les 232 pays pris en compte.

Plusieurs évènements de cette semaine ont révélé à quel point la liberté religieuse demeure bien fragile sur l’ensemble des continents, et combien l’objectif du dialogue et de la cohabitation s’affiche encore pour beaucoup de contrées comme un horizon lointain.

Alors que le Père van der Lugt
était assassiné ce lundi à Homs, alors qu’au Pakistan un couple de chrétiens se retrouvait condamné pour blasphème, qu’en Chine les protestants restent dans le collimateur de l’État, ou qu’à Bagdad des chrétiens voient leurs maisons réquisitionnées par des gangs armés (pour ne citer que ces quelques cas), il semblait intéressant de revenir sur une recherche publiée il y a quelques jours par le Pew Research Center.

Dans le cadre de sa prochaine étude sur le paysage religieux mondial, le fact tank s’est penché sur un indice qui classe chaque pays en fonction de sa diversité religieuse.

Bien sûr, cet indice ne prend pas en compte les nombreux paramètres nécessaires à l’élaboration d’une cohabitation sereine (respect légal des minorités, influence des différents groupes…), il s’attache plutôt à comprendre ici la diversité en fonction de la répartition de la population parmi huit groupes religieux (voir ci-dessous). Plus la population d’un pays se répartit équitablement entre les différents groupes, plus celle-ci fera preuve de diversité. C’est ainsi que le Vatican est le pays qui accueille le moins de diversité religieuse avec ses 99% de catholiques.

Au-delà de ce chiffre anecdotique, il est intéressant de réaliser que parmi les 12 pays qui ont selon cette étude la plus grande diversité religieuse en leur sein, 6 sont de la région Asie-Pacifique (Singapour, Taiwan, Vietnam, Corée du Sud, la Chine et Hong Kong); cinq sont en Afrique sub-saharienne (Guinée-Bissau, Togo, Côte-d’Ivoire, le Bénin et le Mozambique); et un en Amérique latine et dans les Caraïbes (Suriname). Aucun pays européen ne fait partie du groupe de tête.

Pour autant, la France
(25e) se classe devant des pays comme les États-Unis (63e). Selon le Pew Institute, en effet, les chrétiens représentaient en 2010 63% de sa population, alors que deux autres groupes se partageaient d’importantes parts: les religieux non affiliés (28%) et les musulmans (8%).

La population européenne reste selon ce sondage majoritairement chrétienne (75%), avec 6% de musulmans et 15% de « non affiliés ».

La liste des huit religions prises en compte est celle-ci : les cinq religions mondiales (bouddhisme, christianisme, hindouisme, islam et judaïsme) ; les « non-affiliés » (agnostiques, athées…) ; les adeptes des religions traditionnelles ; et enfin les adeptes d’autres religions (comme la foi baha’ie, le jaïnisme, le shintoïsme, le sikhisme, le taoïsme, Tenrikyo, Wicca et le zoroastrisme).

http://www.lavie.fr