La résilience, nouveau paradigme individuel et collectif de l’entreprise

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Une entreprise résiliente, c’est une entreprise capable de penser individuellement et collectivement un choc et son issue. L’entreprise résiliente produit un modèle mental qui laisse toute sa place à l’échec, au rebond et au risque.

Nous sommes déjà dans une nouvelle ère où les entreprises passent progressivement d’un instinct de protection des savoirs à un processus de création permanente. Ce processus de coproduction ravive toute l’importance des émotions, des échanges et de la confiance dans la création de valeur. Ainsi, la résilience – individuelle ou collective – s’impose comme l’un des nouveaux paradigmes de nos modèles économiques.

D’abord phénomène physique, la résilience désigne l’énergie absorbée par un corps lors d’une déformation. Le concept gagne la sphère psychologique individuelle au tournant de la Seconde Guerre mondiale. Les médecins parlent alors d’une capacité à se régénérer après un choc ou un traumatisme. La résilience, c’est la possibilité de briser les trajectoires négatives, de pallier la vulnérabilité de l’individu face à une expérience traumatique.

Par contagion, la résilience s’entend aussi aux organisations. Elle évoque alors une communauté capable de survivre et de se développer après un choc, une organisation structurée pour s’adapter au changement et conserver sa cohésion et son ouverture au monde.

L’entreprise résiliente

Dans un contexte économique marqué par l’hyperconcurrence, l’apparition et la disparition de segments de marché, l’accélération des technologies et des usages, la résilience permet aux les entreprises de trouver un nouveau souffle. Ces changements externes se doublent d’une modification substantielle des attentes du corps social des entreprises : personnalisation, accessibilité de la direction, autonomie, dématérialisation du lieu de travail…

Ce corps social, et en particulier les plus jeunes, réagit au sentiment d’usure psychologique des collaborateurs exposés à des changements permanents au cœur d’enjeux financiers de plus en plus serrés. Parce qu’elles refusent cette usure, parce que le changement est désormais l’état normal de l’entreprise, les nouvelles générations portent en elles la notion de résilience.

Une entreprise résiliente, c’est une entreprise capable de penser individuellement et collectivement le choc et son issue. L’entreprise résiliente produit un modèle mental qui laisse toute sa place à l’échec, au rebond et au risque. L’empathie, développée par Jérémy Rifkin, y trouve toute sa place : « les consciences changent quand se produisent, conjointement, une révolution de la production d’énergie et une révolution des communications. Quand les deux se combinent, c’est bien tout notre rapport à l’espace et au temps qui change, notre modèle de civilisation. Et notre empathie qui s’élargit ».

Cette nouvelle ère est marquée par le rôle des émotions au sein même de nos organisations. Auparavant contrôlée ou mise à distance, on sait désormais que l’émotion constitue un ressort fondamental de la résilience.

Trouver les facteurs de résilience

La résilience n’est pas une qualité, c’est un résultat adaptatif qui permet à l’entreprise d’être innovante, créative et de continuer à apprendre en permanence. L’agilité constitue l’expression aboutie d’une résilience permanente. C’est un processus à la fois individuel et collectif. La capacité de résilience des entreprises passe par celle des individus, dont les marges psychologiques conscientes demeurent limitées, c’est pourquoi l’entreprise du XXIe ne peut éluder cette question : quel environnement, quel contexte organisationnel favorise le processus individuel de résilience ?

Certains éléments de réponse rencontrent déjà les attentes et la nature des nouvelles générations. La diversité des éléments qui composent le corps social de l’entreprise permet de mieux absorber les chocs. La modularité de l’organisation c’est-à-dire la division en petites cellules autonomes permet également d’éviter que la déstabilisation d’une entité n’entraîne mécaniquement toutes les autres. Enfin, la visibilité rapide de l’impact de nos actions permet à la fois une production de l’estime de soi et la réorientation rapide des stratégies qui ont échoué.

D’autres facteurs de résilience procèdent d’un processus plus long d’évolution culturelle. Face à la nécessité d’être toujours préparé au changement, c’est la qualité du lien avec les autres et avec la réalité qui est déterminante. Au sein de l’entreprise, la qualité du lien entre les individus, l’acceptation de l’autre, le métissage des cultures individuelles sont des ferments d’implication collective et de cohésion.

Plus largement, la qualité de ce lien s’étend à tout l’écosystème de l’entreprise, dans une logique de réseau agile et d’équilibre des satisfactions de tous les partenaires. Pour les chercheurs Gitten et Coll, la capacité adaptative d’une entreprise dépend avant tout de son « capital relationnel ». D’autre part, l’entreprise résiliente établit une nouvelle éthique de sa relation à la réalité. Les évolutions permanentes contraignent les individus à renforcer leur lucidité pour une détection permanente des signaux faibles.

Enfin, le rôle du leader reste déterminant dans les représentations de ses collaborateurs : reconnaissance d’une destruction, dynamique vers la reconstruction et esquisse d’une nouvelle identité. Le leader est à la fois le garant d’une prédisposition au changement et d’une vocation à la continuité et à l’héritage.

La résilience, acte de management suprême

La résilience n’est pas seulement un ensemble de modifications structurantes pour l’entreprise, c’est un changement copernicien de vision. On passe d’une vie où l’on tente de contrôler tous les risques, notamment par l’inflation juridique, à une existence où l’on accepte de reconnaître l’erreur, le risque et l’échec. Dans la première vision, l’individu et les autorités cherchent d’abord à éviter le danger. Dans la seconde, les individus et leurs écosystèmes décident de s’y préparer, d’apprendre à construire des protections et les meilleurs moyens de surmonter les épreuves.

Notre identité n’est pas figée et la résilience réanime le dialogue entre notre identité perçue et l’image véhiculée par les autres. Elle entame un processus d’acceptation et de sublimation de l’image atrophiée de soi. Elle permet de mieux accepter les phénomènes de destruction et de remise en cause permanente. Ce phénomène de sublimation du traumatisme se doit, pour déterminer l’entreprise de demain, d’intervenir à la mesure de chaque individu et de surmonter toutes les vexations et les distorsions d’image. L’acte de résilience, dans une sphère collective, c’est l’acte de management suprême.

Matthieu Fouquet / Secrétaire Général & DRH de GROUPE ONEPOINT
Pour en savoir plus :  http://www.lesechos.fr

Noël dans les entreprises : boudin blanc et chèques cadeaux

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85 % des comités d’entreprise font une action pour Noël (photo Tillwe/Flickr)

 

Dans les entreprises, Noël c’est du boudin blanc aux morilles à la cantine, des cadeaux pour les enfants, des chèques pour les grands. Et malgré la crise, la tradition perdure, même si tous les salariés ne sont pas logés à la même enseigne. Ce sont les comités d’entreprises (CE), obligatoires à partir de 50 salariés, qui gèrent les petits bonus pendant cette période.Pour Noël, « 85 % des CE font une action », assure Jacques Lambert, de SalonsCE, qui met en relation élus et fournisseurs. Et le budget est « préservé » car c’est le moment l’année où le CE dit « j’existe ». Parmi les incontournables: chèques cadeaux, colis gastronomiques, jouets, spectacles… et repas festif à la cantine. « C’est toujours la même chose quasiment », observe Patrick Hamonière, responsable de Forum CE, un autre intermédiaire.
Côté agapes, les cantines mettent les petits plats dans les grands et les tables se parent de nappes blanches. Ces repas festifs avec foie gras, cailles rôties ou bûche pour le même prix que d’habitude (environ 4 euros) sont un moment « sympathique », estime René Ollier, représentant SUD-PTT au CE d’Orange. Mais tout le monde n’est pas adepte : « je n’y vais pas en général car il faut faire une heure ou une heure et demie de queue, à moins d’être prêt à aller déjeuner dès 11 heures », témoigne une salariée de Thales Alenia Space à Toulouse.Autre classique, les « arbres de Noël » à l’extérieur autour d’un spectacle. Selon Jacques Lambert, « les CE sont les plus gros contributeurs au spectacle vivant ». Les dépenses de Noël sont financées sur le budget des « activités sociales et culturelles » du CE. Le taux de contribution de l’entreprise n’est pas fixé mais ne peut être revu à la baisseChez Air France, qui distribuera comme l’an dernier 18.000 jouets et livres, ce budget équivaut à plus de 3 % de la masse salariale, l’un des plus généreux, avec EDF ou la RATP.La moyenne du budget des quelque 40.000 CE est de « 1 % de la masse salariale », mais « la part consacrée à Noël est compliquée à savoir », reconnaît Jacques Lambert de SalonsCE.
Selon un rapport du Sénat, le budget global des CE des entreprises de moins de 99 salariés n’excède pas 19.000 euros en moyenne, là où il dépasse 600.000 euros au-delà de 500 salariés.

Mais petit budget ne veut pas dire fête ratée. « Environ 50 à 60 % de notre budget passe dans les fêtes de Noël », dit Marie Rialland, élue au CE de Benchmark group, société d’environ 100 personnes spécialisée dans les contenus en ligne. Le CE n’ayant aucun permanent, il est fait appel aux bonnes volontés pour l’emballage des cadeaux ou le goûter des enfants, « un moment sympa mais assez usant en fin d’année ».

Dans les grands groupes, le bon d’achat prédomine. « Le responsable du CE n’a pas envie de se casser la tête à trouver quelque chose qui plaise à tout le monde », explique Patrick Hamonière. Avec les contraintes alimentaires liées aux allergies ou aux religions (halal, casher, végétarien, etc.), « ça devient compliqué de faire un colis », ajoute Jacques Lambert.

Sortie en famille avec un spectacle

A la SNCF, certains résistent. « On est un peu contre les chèques cadeaux car on ne sait pas si c’est l’enfant qui en profitera », fait valoir un représentant d’un des 28 CE du groupe. Il prévoit toujours une « sortie en famille avec un spectacle » fédérateur, cette année au cirque Bouglione.

Les CE, qui ont « un pouvoir d’achat que n’a pas le commun des mortels », sont hyper courtisés. Les éditeurs de chèques cadeaux « ont des commerciaux qui vont les voir » et les prestataires rivalisent de « cadeaux » pour les séduire, raconte Patrick Hamonière.

Mais quand les entreprises restructurent, la fête peut s’en ressentir. Comme en 2012 à l’usine PSA de Charleville-Mézières, où le repas avait été annulé ou chez Air France, où l’arbre de Noël a disparu, mais où le CE a maintenu la distribution des cadeaux.

Avec AFP

Pour en savoir plus : http://www.fait-religieux.com

La rédaction | le 23.12.2014 à 08:00