Comment la mode « made in Africa » commence à séduire

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Imprimés façon wax, batik ou kasaï, bijoux over size en bois et en perles, accessoires en raphia… chaque été, la mode puise une partie de son inspiration sur le continent africain. Agnès b., Tory Burch, Isabel Marant : les créateurs renouvellent chaque année nos envies d’ailleurs. Parmi cette offre séduisante, combien de marques made in Africa ? Très peu, voire aucune. Paradoxale et complexe, la création africaine se transformera-t-elle un jour en secteur économique capable d’exporter et d’habiller le continent ? Enquête sur une industrie en devenir.

Cet été encore, l’Afrique s’est invitée dans nos vitrines. Par touches subtiles et désirables, les grandes chaînes comme les créateurs ont déclenché nos envies d’évasion. Parmi cette offre saisonnière, de jeunes marques tentent de trouver leur place en louant quelques mètres carrés de vente dans des boutiques éphémères ou des salons. Hâpiface, Moonlook, la Foire africaine de Paris, la Parenthèse inattendue et plus récemment le Labo international (anciennement Labo Ethnik) : à l’approche de l’été, les évènements afropolitains se sont succédé dans la capitale. Entre folklore et tendance afro-chic, cette effervescence créative annonce-t-elle l’émergence d’une mode africaine ou simplement un nouveau sursaut d’un secteur économique qui peine à se structurer ?

Pour Nelly Wandji, qui a cofondé la plate-forme de market place Moonlook il y a un an, l’ouverture d’une boutique éphémère était plus que nécessaire pour valider son approche stratégique du made in Africa. « Avoir un espace de vente physique pendant un mois m’a permis d’avoir une approche pratique de mon activité. Sur un mois, nous avons accueilli 4000 personnes et effectué près de 700 transactions pour un panier moyen de 45 à 65 €. À ma grande surprise, 70 % des clients étaient des Européens et des touristes. » Pour la jeune entrepreneuse, cette expérience a aussi permis de tester le potentiel des 15 créateurs qui ont mutualisé leurs fonds pour participer à cette démarche commerciale. « Que ce soit dans la vente en ligne ou en boutique, je rencontre toujours les mêmes difficultés au niveau de la production, soit en termes de réassort, soit en termes de standards de fabrication. En Afrique, il y a la créativité, mais il manque la production et la stratégie », déplore Nelly Wandji. Comme de nombreux jeunes entrepreneurs issus de l’immigration, Nelly souhaite prendre part au renouveau de l’Afrique. « Mon ambition est de créer de la valeur ajoutée sur le continent, pas de faire un simple business. »

« African dream » collectif

Boostée par un rêve africain collectif, cette jeunesse branchée et entreprenante se retrouve très vite confrontée aux réalités africaines et à leurs difficultés. Consultante en stratégie de marque, Grace Kelly Azizet croit dur comme fer dans l’émergence d’un artisanat de luxe africain lorsqu’elle crée l’agence Wild Flowers en 2011. Après des débuts laborieux, l’agence décroche un premier succès avec la marque de maroquinerie Zashadu. Créée à Lagos par une jeune femme de la diaspora nigériane, l’histoire de cette jeune marque est emblématique des initiatives individuelles qui voient le jour un peu partout sur le continent. Formée à l’architecture et à la mode, sa créatrice, Zainab Ashadu, redécouvre lors d’un voyage le savoir-faire des tanneurs et des maroquiniers de son pays. Fan de mode, elle se lance dans la fabrication d’un premier sac. Lequel suscite très vite l’intérêt de son entourage, qui lui achète ses premières créations.

Convaincue du potentiel de la jeune femme, Grace Kelly Azizet lui propose de l’aider à créer une marque à part entière. Ajustement du logo, image, stratégie retail, communication  : l’agence Wild Flowers structure la stratégie de la petite entreprise d’artisanat. « Zashadu est une marque de luxe durable. Les sacs sont fabriqués dans un atelier d’artisans de Lagos à partir de cuir en python de Sokoto et en crocodile. Le tannage est à 60 % végétal et garanti sans chrome », explique Grace Kelly Azizet. Réputé pour la qualité de ses peaux et son savoir-faire ancestral, le Nigéria approvisionne de nombreuses marques de luxe européennes comme Fendi, Hermès et Bottega Veneta. « Le plus difficile, c’est d’exporter les sacs du Nigéria. Entre la corruption et les problèmes de transport pour ce type de produits, on a encore toute une chaîne de logistique à construire. Mais on y travaille », ajoute la jeune femme, enthousiaste. Distribuée d’abord en exclusivité chez Wolf and Badger à Londres, la jeune marque de luxe créée en 2013 a aussi séduit les Françaises. Les pochettes en cuir irisé vendues cet hiver chez Franck & Fils à Paris ont fait l’objet de nombreuses parutions dans la presse française et internationale. « À la suite d’une dépêche AFP, nous avons enregistré près de 90 parutions presse. Notamment sur votre site, mais aussi dans le Vogue Italie et même le China Post », se réjouit Grace Kelly Azizet. Forte de ce premier succès, la consultante prépare d’ailleurs son prochain colloque sur le luxe durable, qui se tiendra en août en République du Congo.

Continent de savoir-faire et nouvelle main d’œuvre bon marché

Des défilés parisiens au désert du Niger, la créatrice Katherine Pradeau a changé de vie. Partageant depuis dix ans sa vie entre la France et l’Afrique, elle met sur pied son projet d’atelier spécialisé dans l’artisanat touareg.

Loin des visions misérabilistes et des regards condescendants, l’Afrique présente aujourd’hui un nouveau visage et attire les investisseurs, comme le groupe H&M, qui, depuis 2013, a démarré des chaînes de production en Éthiopie et au Kenya. Nouvel eldorado des industriels qui cherchent à réduire leurs coûts de production avec une main d’œuvre bon marché, l’Afrique a pourtant d’autres atouts en main. Découpé en cinq grandes zones géographiques, le continent est un patchwork de cultures et de savoir-faire ancestraux. Peu valorisées et pratiquées dans le cadre d’une économie informelle, ces compétences sont pourtant la clé de la création africaine. Pour la créatrice Katherine Pradeau, qui travaille avec les Touaregs depuis 2005, « il faut agir sur la formation sans dénaturer les savoir-faire africains ». Partageant depuis dix ans sa vie entre la France et le Niger, l’ancienne styliste parisienne est devenue une spécialiste de la culture touareg. « Au départ, on a tout fait pour me dissuader de m’aventurer dans cette partie du Niger, réputée très dangereuse. Mais j’y suis allée et j’ai su me faire accepter. Quand on voyage en Afrique, il ne faut pas se contenter de rester dans les grandes villes. Il faut s’aventurer pour aller à la rencontre des vrais artisans », raconte l’aventurière. Partie pour réaliser une première collection de bijoux et de sacs touaregs, Katherine Pradeau a, depuis, changé ses codes et sa vision de la mode. « On ne développera pas la mode africaine en appliquant bêtement les méthodes occidentales. Ici, il faut penser autrement et surtout former les nouvelles générations », analyse-t-elle. Malgré les embûches, Katherine Pradeau croit plus que jamais au potentiel de l’Afrique.

Tout aussi optimiste, la jeune fondation AfricaFrance (1) souhaite accompagner les pays africains dans la mise en place de structures pour installer durablement le secteur de la mode. Piloté par Laura Eboa Songue, le groupe de travail s’est donné trois missions : la formation, la syndicalisation des professionnels en fédération, l’organisation d’un salon unique destiné à la commercialisation. Pour la jeune femme qui a cofondé le webzine Fashizblack en 2008, « les échanges entre la France et l’Afrique sont quasiment inexistants, à l’exception de quelques marques et distributeurs installés sporadiquement ou des vêtements de seconde main importés en masse sur le continent. On ne peut pas vraiment parler de relations. » Si les liens et les échanges entre l’Hexagone et le continent sont à repenser, il faut aussi faire bouger les mentalités africaines et passer de la culture du créateur à la stratégie de marque. « Actuellement on a affaire à une mode de créateurs et on voit des fashion weeks qui éclosent un peu partout sur le continent ; ça n’a pas de sens. La majorité des stylistes ont une vision à court terme, ils ne comprennent pas le business de la mode. De plus, il y a de très grandes disparités entre les pays francophones et des pays comme le Nigéria, le Ghana, le Maroc ou l’Afrique du Sud, qui sont plus industrialisés et commercialement plus attractifs », estime Laura Eboa Songue. Qu’il s’écrive au présent ou au futur, le carnet de route d’AfricaFrance et de ses partenaires s’annonce chargé. Il faudra attendre encore quelques années avant de pouvoir parler d’une industrie capable d’habiller le continent mais la dynamique est bel et bien en marche.

(1) Présidée par le franco-béninois Lionel Zinsou, cette fondation agit dans différents secteurs d’activité avec un esprit de partage des richesses et des compétences.

Par Stéphanie O’Brien | Le 10 juillet 2015

Pour en savoir plus : http://madame.lefigaro.fr/

Cindy Bruna : « Il y a encore beaucoup à faire pour les femmes issues de la diversité »

CindyBruna

Léger, provocant et hyperglam, ce vestiaire de plein soleil, sublimé par la top Cindy Bruna, s’invite dans les rues colorées de La Havane. Pour faire vibrer toute sa sensualité.

Une mère congolaise et un père piémontais ne pouvaient concevoir qu’un miracle de la nature. Ce miracle s’appelle Cindy Bruna, une beauté française métissée qui conjugue les couchers de soleil flamboyants de l’Afrique avec les crépuscules brumeux s’abattant entre les Alpes et la plaine du Pô, sur le village italien de Demonte. Née dans le Var, Cindy Bruna a hérité du glamour de cette alliance des contraires, avec de grands yeux noirs, un port de sultane, une silhouette de liane faite pour porter les tenues de créateurs.

C’est à 16 ans, alors qu’elle révisait encore son bac et rêvait d’une carrière d’experte-comptable, que la rencontre d’un agent bouleversa la vie de la belle Frenchie. « Pourtant, j’aimais les chiffres et les mathématiques », raconte avec candeur cette nouvelle déesse des podiums. Mais le destin en décida autrement, lorsqu’un après-midi d’été Dominique Savri, scout pour l’agence de mannequins Metropolitan, aperçut sur la plage de Saint-Raphaël une silhouette parfaitement dessinée, comme une esquisse à l’eau-forte, avec ses pleins et ses déliés. « J’ai tout de suite été attirée par la longueur de ses jambes, et lorsque je lui ai adressé la parole, elle m’a offert le plus joli des sourires. » Cindy Bruna monte alors à Paris avec sa mère, qui est légèrement réticente. « Mes parents n’étaient pas d’un enthousiasme fou à l’idée que je me lance dans cette aventure. Il a fallu du temps pour les convaincre que le mannequinat était un vrai métier. »

Des débuts fulgurants

Comme Claudia Schiffer et Eva Herzigova, Cindy Bruna signe avec l’agence Metropolitan et s’envole quelques mois plus tard pour New York. Des débuts fulgurants. D’emblée, elle ensorcelle les plus grands photographes et directeurs de castings. Elle sera la première femme métisse à décrocher une exclusivité Calvin Klein (Cindy en est très fière). « Je crois qu’il y a encore beaucoup à faire pour les femmes issues de la diversité, et j’aimerais un jour que l’on dise de moi que j’ai joué un rôle – même tout petit – pour défendre le droit des femmes, l’égalité dans le monde de la mode. » Quelques mois plus tard, le photographe star Steven Meisel la « booke » en exclusivité pour six mois. L’aventure commence sur les chapeaux de roue. À 18 ans, la voici à la une du Vogue italien et sur la campagne Prada. Elle défile alors pour les plus grands couturiers : Jean Paul Gaultier, Pierre Balmain, Elie Saab. Elle adore ça. « Je me suis prise au jeu. J’aime raconter des histoires au travers des vêtements que l’on me propose de porter. »

« J’ai décidé de prendre des cours de salsa »

Rien ne résiste à la petite Frenchie de Saint-Raphaël, très vite engagée par la célèbre marque de sous-vêtements Victoria’s Secret aux côtés des plus grandes, comme Miranda Kerr ou Karolína Kurková. Cindy Bruna était à Cuba pour le shooting de Madame Figaro. « C’était un voyage magnifique. On danse tout le temps dans ce pays ! J’ai décidé de prendre des cours de salsa. J’ai eu la chance de loger dans le mythique Hotel Nacional, à La Havane, où l’on peut voir affichées dans le hall les photos des grandes figures de Hollywood qui y ont séjourné. »

Aujourd’hui et dans le monde entier, c’est l’image de Cindy Bruna que l’on voit placardée partout. Elle est l’une des égéries des cosmétiques Yves Saint Laurent et, depuis quelques semaines, du parfum Chance de Chanel, campagne réalisée par Jean-Paul Goude. Mais la belle garde les pieds sur terre. Lorsqu’elle ne parcourt pas le monde, elle se ressource le plus souvent possible dans le Sud, auprès de sa famille, elle lit Prévert et la Bible. Voilà Cindy Bruna, l’alliance ultra-glamour des contraires.

Pour en savoir plus : http://madame.lefigaro.fr/

Que faire cet été ? Proposition de chantier interculturel

ChantiersInterculturel

Que faire cet été ?

L’association Etudes et chantiers Midi Pyrénées propose chaque année à de nombreux midi pyrénéens , des séjours solidaires. Une alternative deux à trois fois moins onéreuse qu’un séjour classique, à mi chemin entre travail et loisir, avec des personnes des quatre coins du monde.

Eric Naessens qui a de la famille sur Soual nous présente le concept.» Restaurer un château médiéval en Auvergne ou Slovaquie, planter des arbres au Japon pour participer à la reforestation, proteger les tortues marines sur les côtes mexicaines ou espagnoles, préparer des animations pour les enfants en centre de réfugiés en Belgique , faire l’école en maternelle au Togo…

Toute l’année, pendant 2 à 3 semaines, 10 à 20 participants âgés de 14 à 99 ans, viennent des quatre coins du monde pour concilier action utile et vacances, sur un chantier en France ou à l’étranger. A travers des petits travaux dans les domaines du patrimoine bâti, de l’environnement, de l’archéologie, du social ou du culturel, les bénévoles apprennent un savoir-faire et se rendent utiles à la commune, des associations qui les accueille, encadrés par une équipe d’animateurs. Les participants consacrent 20 à 30h par semaine au chantier et le reste du temps est consacré à la découverte de la région, à des activités sportives ou de loisirs, à l’échange interculturel et à la rencontre avec la population locale.

L’association propose des chantiers pour tous les âges. Le chantier international favorise le développement local ainsi que les rencontres et les échanges avec des populations de toutes origines. Pour tout renseignement ou pour s’inscrire il suffit de contacter le 06 83 98 29 81 . Il faut compter sur 135 à 150 euros à l’inscription . Le prix du voyage est à la charge du participant. On peut aussi consulter le site aventureutile.org

Omar Sharif, une légende arabe du cinéma, est mort

 OmarSharif


Omar Sharif est décidé vendredi 10 juillet au Caire à l’âge de 83 ans.
Omar Sharif s’est éteint ce vendredi 10 juillet à l’âge de 83 ans des suites d’une crise cardiaque dans un hôpital du Caire.Le célèbre acteur égyptien, qui était atteint de la maladie d’Alzheimer, a connu une renommé internationale dès 1962, l’année de la sortie du célèbre film de David Lean, Lawrence d’Arabie. Pour le rôle du prince du désert Ali Ibn Kharis qu’il joue aux côtés de Peter O’Toole, il obtiendra alors deux Golden Globe, ceux du meilleur acteur dans un second rôle et de la meilleure révélation masculine, en 1963.Avec le réalisateur David Lean, il connaîtra un autre grand succès avec Le Docteur Jivago. Il interprète le rôle principal du médecin enrôlé de force dans l’armée lors de la révolution d’Octobre conduite par Lénine en 1917. Une interprétation qui lui permet d’obtenir le Golden Globe Award du meilleur acteur en 1965,

En 2004, il obtient le César du meilleur acteur pour son rôle d’épicier philosophe dans Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Corande François Dupeyron.

La maladie d’Alzheimer a contraint l’acteur à s’éloigner des plateaux. Sa dernière apparition sur grand écran remonte à 2013 dans le film Rock the Casbah.

Omar Sharif, né en 1932 à Alexandrie d’une famille d’origine libanaise, a été élevé dans le rite maronite – chrétien – avant de se convertir à l’islam pour pouvoir épouser Faten Hamama, de confession musulmane. L’actrice égyptienne, célèbre dans le monde arabe, est elle-même décédée en janvier 2015.

Les deux acteurs se sont rencontrés lors du tournage du film Ciel d’enfer du réalisateur égyptien Youssef Chahine, celui qui a fait débuter Omar Sharif en 1954. C’est de là que l’acteur, né Michel Chalhoub, prend le nom d’Omar Sharif. De leur union naîtra un fils mais ils divorcent en 1974 du fait de la carrière internationale prenante d’Omar Sharif. Ce champion reconnu de bridge aurait confié des années plus tard être agnostique. Omar Sharif a joué dans pas moins de 70 films durant sa longue carrière.

Rédigé par La Rédaction | Vendredi 10 Juillet 2015
Pour en savoir plus : http://www.saphirnews.com/

Pourquoi les musulmanes portent-elles de plus en plus le voile ?

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Encore rare il y a vingt ans, le port du voile s’est répandu, ce qui suscite de nombreuses crispations au sein de la population française. Décidée à lutter contre cette expansion, une association musulmane s’est associée à une journée sans voile vendredi. Retour sur les motivations de celles, souvent jeunes, qui décident pourtant de l’arborer.
Le port du voile cristallise bien des tensions en France. D’autant qu’il s’est réellement répandu chez les jeunes musulmanes. S’il est difficile de chiffrer le phénomène, les spécialistes s’accordent sur sa montée en puissance ces vingt dernières années. Tandis que les générations précédentes ont lutté pour pouvoir le retirer, certaines filles d’aujourd’hui, qu’elles soient enfants d’immigrées ou converties à l’islam, prônent un retour au religieux et à l’affirmation publique de leur foi. Le port du voile, qui concernait des cas isolés il y a vingt ans, revêt désormais une dimension politique, idéologique et culturelle. « Au milieu des années 2000, on a vu se répandre le port du simple foulard et du voile intégral en France », affirme Raphaël Liogier, auteur du Mythe de l’islamisation (1).

« Le religieux, une manière de se distinguer »

Le port du voile « s’est développé d’une manière très différente de celle que l’on a pu observer dans le monde traditionnel musulman : on assiste à une revendication des jeunes filles pour ce qu’elles sont, d’une façon moderne. On a un retour vers la foi, une sorte de revival. Elles cherchent à retrouver leurs racines ; elles ont le sentiment que leurs parents ont délaissé leur religion et se sont soumis à la culture du pays d’accueil. » Le port du voile, que le sociologue compare à certains mouvements de jeunesse comme « le punk des années 1990 », se justifie presque de manière philosophique : « Le religieux, c’est une manière de se distinguer par la performance, de faire des choses difficiles justement parce qu’elles sont difficiles. » Cette rigueur que les jeunes filles s’imposent, au prix parfois d’un rejet, leur paraît gratifiante.

Cette rhétorique religieuse, que les filles voilées avancent constamment, fait pourtant l’objet de débats, même chez les penseurs musulmans. Pour l’imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, « il y a un conflit sur la perception de ce vêtement. Le concept de voile islamique me gêne. Il n’y a pas d’habit islamique, ni pour les hommes ni pour les femmes. Certains musulmans exagèrent cette pratique et la juge essentielle, alors qu’il n’y a pas de fondement univoque dans les textes. » L’imam voit dans le port du voile une sorte de « mode ». « C’est une pratique devenue tendance. Le voile est devenu un objet cosmétique, esthétique. On le met de manière à attirer, pour séduire. On le détourne de son sens premier : celui de traduire une pudeur. »

Un fossé intergénérationnel

Inquiètes, des féministes québecoises ont décidé de faire du 10 juillet une « journée sans voile » pour envoyer un signal et porter la lutte sur la place publique. Cette année, le collectif Femmes sans voile d’Aubervilliers, qui considère le voile comme la « marque d’une inégalité sexiste et imposée par le patriarcat », a rejoint le mouvement. Nadia Ben Missi, membre de l’association, rappelle « qu’il n’est ni une exigence ni une obligation religieuse. Elles disent qu’elles l’ont choisi, qu’elles sont libres. Elles le justifient par l’islam et la culture qui y est associée, sans réaliser que c’est en fait une interprétation radicale de l’islam. Ce n’est pas la seule façon d’être musulmane. Or ces femmes vont jusqu’à considérer les autres comme des mécréantes. »

Par Paméla Rougerie | Le 09 juillet 2015

Pour en savoir plus : http://madame.lefigaro.fr/

(1) Le Mythe de l’islamisation. Essai sur une obsession collective, de Raphaël Liogier, Éd. du Seuil, 212 p., 16 €.

(2) Des voix derrière le voile, de Faïza Zerouala, Éd. Premier Parallèle, 258 p., 5,99 €.

 

La fibre interreligieuse des mouvements scouts français

Scouts

Pour les Scouts musulmans de France (SMF), cela n’a été qu’un juste retour des choses. En 1991, alors qu’ils décidaient de lancer leur association,  ils avaient été aidés par les Scouts et guides de France (d’inspiration catholique). « Ils nous avaient notamment accueillis pour la formation de nos cadres », indique Abdelhak Sahli, président des SMF. Alors, lorsqu’à leur tour, les bouddhistes ont décidé en 2007 de lancer leur organisation scout, les Eclaireurs de la nature, c’est tout naturellement que les SMF les ont accompagnés dans ce processus.

Ces mouvements d’entraide n’ont rien d’anecdotique. Ils mettent en lumière une capacité des différentes entités du mouvement scout français à multiplier les échanges et les manifestations au-delà de leur appartenance confessionnelle. Un mouvement scout qui met d’ailleurs volontiers en avant cette spécificité.

Les différentes organisations travaillent par exemple à la mise en place de camps communs. Associations juive, musulmane, catholique ou encore laïque peuvent ainsi se retrouver lors d’une même manifestation. « J’ai assisté à l’un de ces moments, c’était très impressionnant, se souvient Driss Rennane, aumônier général du scoutisme musulman. Chaque mouvement organisait un temps spirituel et les autres pouvaient y assister. Les barrières de l’appartenance religieuse étaient bannies. » « Un beau moment de partage », à ses yeux.

Des camps communs au-delà des confessions

Les Eclaireurs de la nature sont des nouveaux venus au sein de la fédération du scoutisme français. Ils ont rejoint l’organisation en tant que membre associé le 19 avril dernier. Mais ils n’ont pas attendu cette reconnaissance officielle pour organiser, eux aussi, des activités communes avec d’autres mouvances scouts. « Nous aimons beaucoup mettre en place des camps communs, souligne Bastien Isabelle, président de l’association. L’idée est des plus simples : nous souhaitons nous ouvrir, aller au contact des autres. » Une initiative conjointe sera organisée en ce sens l’été prochain en Savoie avec les Scouts musulmans de France. D’autres ont eu lieu les années passées avec les Scouts et guides de France.

Le mouvement scout français encourage d’ailleurs de telles initiatives, à travers l’opération« Vis mon camp ! », « proposition de rencontre destinée à tous les membres du scoutisme français » et qui lance cette invitation aux plus de 110.000 jeunes membres des différentes organisations : « Pour l’été, tu peux contacter un camp d’une autre association qui sera à côté du tien, pour partager ensembles des moments uniques. »

Au-delà des frontières françaises, le scoutisme international travaille également aux rassemblements interculturels et interreligieux. C’est ainsi qu’en 2016 aura lieu en France le Roverway, vaste mouvement de convergence des 16-22 ans des différents mouvements, à l’échelle européenne. La commune de Jambville dans les Yvelines devrait être l’épicentre de cette manifestation. « C’est un projet porté par toutes les associations, explique Bastien Isabelle. C’est un travail collectif particulièrement intéressant : nous le préparons tous ensemble. »

Les chapelles françaises

Si les échanges entre associations scouts apparaissent réguliers en France, l’Organisation mondiale du mouvement scout (OMMS) souhaiterait que les structures hexagonales aillent plus loin. « L’OMMS n’aime pas le modèle qui a prévalu jusqu’à ce jour en France, composé de différentes chapelles, note un cadre-dirigeant. Elle préférerait une seule et unique entité englobant l’ensemble des associations. »

Pour l’heure, les chapelles sont toutefois bien en place. Mais les Français y inscrivant leurs enfants ne les perçoivent pas, aux dires de leurs dirigeants, comme des structures hermétiques. « Plus des ¾ des jeunes qui nous rejoignent n’ont pas de parents bouddhistes pratiquants, indique le président des Eclaireurs de la nature. Des familles catholiques n’ayant pas d’association des Scouts et guides de France proche de chez eux nous confient également leurs enfants. Notre message est clair sur la question confessionnelle : nous ne sommes pas là pour faire de ces enfants des petits bouddhistes. » 

Ces associations apparaissent même comme un recours pour certaines familles. Les Scouts musulmans de France l’ont constaté depuis que la question du djihadisme de jeunes européens en Syrie a pris de l’ampleur. Les attentats de Paris, en janvier, auraient, eux aussi, incité des parents à se tourner vers leur mouvement. « Nous avons beaucoup de demandes, assure leur président, Abdelhak Sahli. Suite à ces événements, des familles essaient de trouver des alternatives à la  »dérive de la jeunesse » et peuvent faire appel à nous pour mener des actions de prévention. » Elles ne sont pas les seules. Le monde politique frapperait aussi à la porte du scoutisme musulman. Un mouvement perçu aujourd’hui, presque malgré lui, comme l’un des seuls capable de porter efficacement, sur la radicalisation, un message préventif auprès de la jeunesse.

François Desnoyers
le 08.06.2015 à 12:04
Pour en savoir plus : http://www.fait-religieux.com/

Pour en finir (vraiment) avec le terrorisme

Geopolitique-BernardGuetta

Les attentats de Tunis et de Sanaa viennent de confirmer que les pays musulmans sont les plus touchés par les actions djihadistes contre les populations civiles. Le dernier numéro de « Manière de voir » rappelle également que, si elle permet de mobiliser l’opinion, la « guerre contre le terrorisme » contribue à l’aggravation des problèmes politiques sous-jacents, notamment au Proche-Orient.

Ce fut une bataille homérique, couverte heure par heure par tous les médias du monde. L’Organisation de l’Etat islamique (OEI), qui avait conquis Mossoul en juin 2014, poursuivait son avancée fulgurante aussi bien vers Bagdad que vers la frontière turque ; elle occupait 80 % de la ville de Kobané, en Syrie. Les combats firent rage pendant plusieurs mois. Les miliciens kurdes locaux appuyés par l’aviation américaine reçurent des armes et le soutien de quelque cent cinquante soldats envoyés par le gouvernement régional du Kurdistan d’Irak. Suivis avec passion par les télévisions occidentales, les affrontements se terminèrent début 2015 par un repli de l’OEI.

Mais qui sont ces héroïques résistants qui ont coupé une des têtes de l’hydre terroriste ? Qualifiés de manière générique de « Kurdes », ils appartiennent pour la plupart au Parti de l’union démocratique (PYD), la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Or le PKK figure depuis plus d’une décennie sur la liste des organisations terroristes dressée aussi bien par les Etats-Unis que par l’Union européenne. Ainsi, on peut être condamné à Paris pour « apologie du terrorisme » si l’on émet une opinion favorable au PKK ; mais à Kobané, leurs militants méritent toute notre admiration. Qui s’en étonnerait à l’heure où Washington et Téhéran négocient un accord historique sur le nucléaire et où le directeur du renseignement national américain transmet au Sénat un rapport dans lequel l’Iran et le Hezbollah ne sont plus désignés comme des entités terroristes qui menacent les intérêts des Etats-Unis (1) ?

Ce fut un été particulièrement agité. A Haïfa, un homme déposa une bombe sur un marché le 6 juillet ; vingt-trois personnes furent tuées et soixante-quinze blessées, en majorité des femmes et des enfants. Le 15, une attaque perpétrée à Jérusalem tua dix personnes et fit vingt-neuf blessés. Dix jours plus tard, une bombe explosa, toujours à Haïfa, faisant trente-neuf morts. Les victimes étaient toutes des civils et des Arabes. Dans la Palestine de 1938, ces actes furent revendiqués par l’Irgoun, bras armé de l’aile « révisionniste » du mouvement sioniste, qui donna à Israël deux premiers ministres : Menahem Begin et Itzhak Shamir (2).

Un concept flou

Résistants ? Combattants de la liberté ? Délinquants ? Barbares ? On sait que le qualificatif de « terroriste » est toujours appliqué à l’Autre, jamais à « nos combattants ». L’histoire nous a aussi appris que les terroristes d’hier peuvent devenir les dirigeants de demain. Est-ce étonnant ? Le terrorisme peut être défini — et les exemples du PKK et des groupes sionistes armés illustrent les ambiguïtés du concept — comme une forme d’action, pas comme une idéologie. Rien ne relie les groupes d’extrême droite italiens des années 1970, les Tigres tamouls et l’Armée républicaine irlandaise (Irish Republican Army, IRA), sans parler de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et du Congrès national africain (African National Congress, ANC), ces deux derniers dénoncés comme « terroristes » par Ronald Reagan, par Margaret Thatcher et, bien sûr, par M. Benyamin Netanyahou, dont le pays collaborait étroitement avec l’Afrique du Sud de l’apartheid (3).

Au mieux, on peut inscrire le terrorisme dans la liste des moyens militaires. Et, comme on l’a dit souvent, il est l’arme des faibles. Figure brillante de la révolution algérienne, arrêté par l’armée française en 1957, Larbi Ben Mhidi, chef de la région autonome d’Alger, fut interrogé sur la raison pour laquelle le Front de libération nationale (FLN) déposait des bombes camouflées au fond de couffins dans les cafés ou dans les lieux publics. « Donnez-nous vos avions, nous vous donnerons nos couffins », rétorqua-t-il à ses tortionnaires, qui allaient l’assassiner froidement quelques jours plus tard. La disproportion des moyens entre une guérilla et une armée régulière entraîne une disproportion du nombre des victimes. Si le Hamas et ses alliés doivent être considérés comme des « terroristes » pour avoir tué trois civils pendant la guerre de Gaza de l’été 2014, comment faut-il qualifier l’Etat d’Israël, qui en a massacré, selon les estimations les plus basses — celles de l’armée israélienne elle-même —, entre huit cents et mille, dont plusieurs centaines d’enfants ?

Au-delà de son caractère flou et indécis, l’usage du concept de terrorisme tend à dépolitiser les analyses et par là-même à rendre impossible toute compréhension des problèmes soulevés. Nous luttons contre l’« empire du Mal », affirmait le président George W. Bush devant le Congrès américain le 24 septembre 2001, ajoutant : « Ils haïssent ce qu’ils voient dans cette assemblée, un gouvernement démocratiquement élu. Leurs dirigeants se désignent eux-mêmes. Ils haïssent nos libertés : notre liberté religieuse, notre liberté de parole, notre liberté de voter et de nous réunir, d’être en désaccord les uns avec les autres. » Pour affronter le terrorisme, il n’est donc pas nécessaire de modifier les politiques américaines de guerre dans la région, de mettre un terme au calvaire des Palestiniens ; la seule solution tient à l’élimination physique du « barbare ». Si les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, auteurs des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, sont mus fondamentalement par leur haine de la liberté d’expression, comme l’ont proclamé les principaux responsables politiques français, il est inutile de s’interroger sur les conséquences des politiques menées en Libye, au Mali et dans le Sahel. Le jour où l’Assemblée nationale rendait hommage aux victimes des attentats de janvier, elle votait d’un même élan la poursuite des opérations militaires françaises en Irak.

N’est-il pas temps de dresser le bilan de cette « guerre contre le terrorisme » en cours depuis 2001, du point de vue de ses objectifs affichés ? Selon le Global Terrorism Database de l’université du Maryland, Al-Qaida et ses filiales ont commis environ deux cents attentats par an entre 2007 et 2010. Ce nombre a augmenté de 300 % en 2013, avec six cents actes. Et nul doute que les chiffres de 2014 battront tous les records, avec la création du califat par M. Abou Bakr Al-Baghdadi (4). Qu’en est-il du nombre de terroristes ? Selon les estimations occidentales, vingt mille combattants étrangers ont rejoint l’OEI et les organisations extrémistes en Irak et en Syrie, dont trois mille quatre cents Européens. « Nick Rasmussen, le chef du Centre national de contre-terrorisme américain, a affirmé que le flot de combattants étrangers se rendant en Syrie dépasse de loin celui de ceux qui sont partis faire le djihad en Afghanistan, Pakistan, Irak, Yémen ou Somalie à un moment quelconque au cours de ces vingt dernières années (5). »

Ce bilan de la « guerre contre le terrorisme » serait bien fragmentaire s’il ne prenait en compte les désastres géopolitiques et humains. Depuis 2001, les Etats-Unis, parfois avec l’aide de leurs alliés, ont mené des guerres en Afghanistan, en Irak, en Libye et, de manière indirecte, au Pakistan, au Yémen et en Somalie. Bilan : l’Etat libyen a disparu, l’Etat irakien sombre dans le confessionnalisme et la guerre civile, le pouvoir afghan vacille, les talibans n’ont jamais été aussi puissants au Pakistan. Mme Condoleezza Rice, ancienne secrétaire d’Etat américaine, évoquait un « chaos constructif » en 2005 pour justifier la politique de l’administration Bush dans la région, annonçant des lendemains qui chanteraient l’hymne de la démocratie. Dix ans plus tard, le chaos s’est étendu à tout ce que les Etats-Unis appellent le « Grand Moyen-Orient », du Pakistan au Sahel. Et les populations ont été les premières victimes de cette utopie dont on a du mal à mesurer ce qu’elle a de constructif.

Des dizaines de milliers de civils ont été victimes des « bombardements ciblés », des drones, des commandos spéciaux, des arrestations arbitraires, des tortures sous l’égide de conseillers de la Central Intelligence Agency (CIA). Rien n’a été épargné, ni fêtes de mariage, ni cérémonies de naissance, ni funérailles, réduites en cendres par des tirs américains « ciblés ». Le journaliste Tom Engelhardt a relevé huit noces bombardées en Afghanistan, en Irak et au Yémen entre 2001 et 2013 (6). Quand elles sont évoquées en Occident, ce qui est rare, ces victimes, contrairement à celles que fait le « terrorisme », n’ont jamais de visage, jamais d’identité ; elles sont anonymes, « collatérales ». Pourtant, chacune a une famille, des frères et des sœurs, des parents. Faut-il s’étonner que leur souvenir alimente une haine grandissante contre les Etats-Unis et l’Occident ? Peut-on envisager que l’ancien président Bush soit traîné devant la Cour pénale internationale pour avoir envahi et détruit l’Irak ? Ces crimes jamais poursuivis confortent le crédit des discours les plus extrémistes dans la région.

En désignant l’ennemi comme une « menace existentielle », en le réduisant à l’« islamo-fascisme » comme l’a fait le premier ministre Manuel Valls, en évoquant une troisième guerre mondiale contre un nouveau totalitarisme héritier du fascisme et du communisme, l’Occident accorde à Al-Qaida et à l’OEI une visibilité, une notoriété, une stature comparable à celle de l’URSS, voire de l’Allemagne nazie. Il accroît artificiellement leur prestige et l’attraction qu’ils exercent sur ceux qui souhaitent résister à l’ordre imposé par des armées étrangères.

Certains dirigeants américains ont parfois des éclairs de lucidité. En octobre 2014, le secrétaire d’Etat John Kerry, célébrant avec les musulmans américains la « fête du sacrifice », déclarait en évoquant ses voyages dans la région et ses discussions concernant l’OEI : « Tous les dirigeants ont mentionné spontanément la nécessité d’essayer d’aboutir à la paix entre Israël et les Palestiniens, parce que [l’absence de paix] favorisait le recrutement [de l’OEI], la colère et les manifestations de la rue auxquels ces dirigeants devaient répondre. Il faut comprendre cette connexion avec l’humiliation et la perte de dignité (7). »

Il y aurait donc un rapport entre « terrorisme » et Palestine ? Entre la destruction de l’Irak et la poussée de l’OEI ? Entre les assassinats « ciblés » et la haine contre l’Occident ? Entre l’attentat du Bardo à Tunis, le démantèlement de la Libye et la misère des régions abandonnées de la Tunisie dont on espère, sans trop y croire, qu’elle recevra enfin une aide économique substantielle qui ne sera pas conditionnée aux recettes habituelles du Fonds monétaire international (FMI), créatrices d’injustices et de révoltes ?

Infléchir les politiques occidentales

Ancien de la CIA, excellent spécialiste de l’islam, Graham Fuller vient de publier un livre, A World Without Islam Un monde sans islam ») (8), dont il résume lui-même la conclusion principale : « Même s’il n’y avait pas eu une religion appelée islam ou un prophète nommé Mohammed, l’état des relations entre l’Occident et le Proche-Orient aujourd’hui serait plus ou moins inchangé. Cela peut paraître contre-intuitif, mais met en lumière un point essentiel : il existe une douzaine de bonnes raisons en dehors de l’islam et de la religion pour lesquelles les relations entre l’Occident et le Proche-Orient sont mauvaises (…)  : les croisades (une aventure économique, sociale et géopolitique occidentale), l’impérialisme, le colonialisme, le contrôle occidental des ressources du Proche-Orient en énergie, la mise en place de dictatures pro-occidentales, les interventions politiques et militaires occidentales sans fin, les frontières redessinées, la création par l’Occident de l’Etat d’Israël, les invasions et les guerres américaines, les politiques américaines biaisées et persistantes à l’égard de la question palestinienne, etc. Rien de tout cela n’a de rapport avec l’islam. Il est vrai que les réactions de la région sont de plus en plus formulées en termes religieux et culturels, c’est-à-dire musulmans ou islamiques. Ce n’est pas surprenant. Dans chaque grand affrontement, on cherche à défendre sa cause dans les termes moraux les plus élevés. C’est ce qu’ont fait aussi bien les croisés chrétiens que le communisme avec sa “lutte pour le prolétariat international” (9). »

Même s’il faut s’inquiéter des discours de haine propagés par certains prêcheurs musulmans radicaux, la réforme de l’islam relève de la responsabilité des croyants. En revanche, l’inflexion des politiques occidentales qui, depuis des décennies, alimentent chaos et haines nous incombe. Et dédaignons les conseils de tous ces experts de la « guerre contre le terrorisme ». Le plus écouté à Washington depuis trente ans n’est autre que M. Netanyahou, le premier ministre israélien, dont le livre Terrorism : How the West Can Win (10) prétend expliquer comment on peut en finir avec le terrorisme ; il sert de bréviaire à tous les nouveaux croisés. Ses recettes ont alimenté la « guerre de civilisation » et plongé la région dans un chaos dont tout indique qu’elle aura du mal à sortir.

par Alain Gresh, avril 2015

(1) Cf. Jack Moore, « US omits Iran and Hezbollah from terror threat list », Newsweek,New York, 16 mars 2015.

(2) Uri Avnery, « Who are the terrorists ? », article paru dans Haolam Hazeh,9 mai 1979, et reproduit dans Journal of Palestine Studies, Beyrouth, automne 1979.

(3) Lire « Regards sud-africains sur la Palestine », Le Monde diplomatique, août 2009.

(4) Cf. Gray Matter, « Where terrorism research goes wrong », International New York Times, 6 mars 2015.

(5) Associated Press, 10 février 2015.

(6) Tom Engelhardt, « Washington’s wedding album from hell », TomDispatch, 20 décembre 2013.

(7) Joseph Klein, « Kerry blames Israel for ISIS recruitment », Frontpage Mag, 23 octobre 2014.

(8) Little Brown and Co, New York, 2010.

(9) Graham E. Fuller, « Yes, it is islamic extremism — But why ? », 22 février 2015.

(10) Farrar, Straus and Giroux, New York, 1986.

Face à Latifa Ibn Ziaten, les larmes de Roselyne Bachelot

LatifaIbnZiaten-Bachelot

Les larmes de Roselyne Bachelot face à Latifa Ibn Ziaten font le tour de la Toile. La chroniqueuse du Grand 8 s’est adressée jeudi 18 juin en direct à la mère du militaire Imad, assassiné par Mohamed Merah en mars 2012.

Lors de son « message perso…» qu’elle conclut difficilement sous le coup de l’émotion, l’ancienne ministre a dressé le portrait d’une « grande dame » qui n’a pas hésité à décliner une invitation du secrétaire d’Etat américain John Kerry parce qu’il y a « plus important à faire », à savoir visiter la tombe de son fils inhumé au Maroc. Une séquence qui ne laisse pas indifférent le public, tout autant que Latifa Ibn Ziaten, émue de l’hommage qu’il lui a été rendu.

 

Rédigé par La Rédaction | Vendredi 19 Juin 2015

Pour en savoir plus : http://www.saphirnews.com/

Charleston : «Nous ne sommes pas guéris du racisme», estime Barack Obama

BarackObama

Quelques jours après la fusillade dans laquelle neuf Noirs ont été abattus par un jeune suprématiste blanc en Caroline du Sud, Barack Obama a évoqué sans mâcher ses mots l’ombre de la ségrégation qui pèse toujours sur la société américaine, n’hésitant pas à utiliser le mot tabou, «Nigger» (nègre).

Advertisement«Nous ne sommes pas guéris du racisme»: quelques jours après la fusillade dans laquelle neuf paroissiens noirs et leur pasteur ont été abattus par un jeune suprématiste blanc à Charleston (Caroline du Sud), Barack Obama a choisil’émission de radio «WTF with Marc Maron» , lundi matin, pour évoquer «l’ombre» de la ségrégation qui pèse sur la société américaine. Et le président américain n’a pas mâché ses mots, expliquant que l’absence d’un langage raciste ne signifie pas qu’il n’y a plus de racisme, utilisant à dessein le mot «Nigger» (nègre) pour marquer les esprits : «Ce n’est pas seulement la question de ne pas dire ‘nègre’ en public parce que c’est impoli, ce n’est pas à cela que l’on mesure si le racisme existe toujours ou pas», a expliqué le premier président noir des États-Unis.

«Les sociétés n’effacent pas complètement, du jour au lendemain, ce qui s’est passé deux ou trois cents ans plus tôt», a poursuivi Obama. «L’héritage de l’esclavage, des (lois de ségrégation raciale instaurées en 1876) Jim Crow, de la discrimination dans presque tous les compartiments de nos vies, cela a un impact durable et cela fait toujours partie de notre ADN», a-t-il ajouté, estimant toutefois que les relations raciales «se sont sensiblement améliorées»: «Je dis toujours, aux jeunes en particulier, ne dîtes pas que rien n’a changé sur les races aux Etats-Unis, à moins que vous ayez vécu en tant qu’homm noir dans les années 1950 ou 1960 ou 1970. Il est indéniable que les relations raciales se sont améliorées de manière significative au cours de ma vie et la vôtre.»

Déclaration «audacieuse» pour les uns, «indigne» de son statut de président pour les autres… L’utilisation du terme «Nigger» a très vite fait les gros titres des sites d’informations et des émissions de télévision, la plupart se refusant à écrire le mot tant controversé en toutes lettres, lui préférant l’expression «N-word»… voire le remplaçant par un bip,comme la chaîne conservatrice Fox News.

Par Anne-Laure Frémont

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Pour en savoir plus : http://www.lefigaro.fr/

Pourquoi toutes les start-ups devraient miser sur la diversité et la mixité

Sart-upsInterculturelles

Pour perdurer, une entreprise se doit d’atteindre l’équilibre financier. Les entrées doivent être supérieures aux sorties. Si l’entrepreneur est le moteur de sa compagnie, l’équipe est son carburant. Atteindre un équilibre humain est donc tout aussi important que d’atteindre l’équilibre financier.

À deux reprises cette dernière année, on m’a consulté sur la thématique de la diversité culturelle en entreprise — l’emploi des professionnels formés à l’étranger.

À la demande d’Emploi Nexus, je suis intervenu en février 2014 à HEC Montréal sur la thématique des techniques du recrutement non conventionnelles. Je vous rassure, il n’est pas question des armes non conventionnelles, mais plutôt de processus de recrutement qui se détache du CV pour mettre l’accent sur l’expérience et la mise en situation. C’est une arme efficace que j’ai développée ces dernières années pour ma start-up, Seevibes. Si cette technique ne protège pas des erreurs de recrutement, elle m’a permis de détecter des professionnels qui bénéficient tous d’un excellent potentiel, réalisé ou en devenir.

Dernièrement, Rachid Harmel, doctorant et chargé de cours à HEC Montréal, m’a invité à participer à une recherche scientifique sur le thème des pratiques au travail des PME en TI dans un contexte multiculturel. Avec une majorité de pièces rapportées — non Canadiennes, en provenance d’Europe et d’Amérique du Sud, et une diversité de religions — catholique, juif, musulman et athée —, ma compagnie semble être le cobaye idéal.

La diversité en entreprise est-elle inconsciente ou réfléchie ? Si mes racines étrangères impliquent une ouverture naturelle à la diversité, l’idée d’attirer des profils de diverses origines s’impose d’elle-même. Le critère numéro un reste la compétence et la complémentarité que les personnes pourront apporter dans la compagnie. Les start-ups technologiques sont en concurrence pour attirer les meilleurs profils. S’ouvrir à la richesse de professionnels que nous apporte la planète est donc une évidence, voire une obligation pour rester compétitif.

Une équipe multiculturelle a plusieurs bénéfices : l’apport de points de vue différents, qui est une source de créativité ; un réseau de contacts plus large, qui est bon pour le développement commercial ; des valeurs positives, qui bénéficient à l’image de la compagnie ; et surtout des collaborateurs plus fidèles et motivés.

La mixité est aussi un art délicat. Nous avons un bureau à Paris avec une majorité de collaboratrices, alors que la situation est inversée au Québec, où la gent masculine est en force. Si la compétence prime toujours, il faut reconnaître que nous avons cherché un équilibre sur les deux structures pour garder une bonne dynamique entre les sexes. Le succès des derniers recrutements nous a donné raison.

La mixité s’est également retrouvée nécessaire dans les langues parlées dans l’entreprise. Les anglophones n’étaient pas assez représentés dans l’équipe, au risque d’handicaper notre développement nord-américain.

La diversité culturelle et la mixité des profils en entreprise sont moins un acte social qu’une décision d’affaires éclairée. Pour le bien de nos entreprises et de l’économie du pays, il est donc plus pertinent que jamais de parler d’équilibre, de valeur ajoutée et de bénéfices, plutôt que d’intégration, de contraintes et de pièces rapportées.

Publié le 17/06/2015 à 13:19

À propos de Laurent Maisonnave

Laurent Maisonnave est pdg de Seevibes, une start-up montréalaise qui fournit des données intelligentes pour le ciblage des campagnes publicitaires sur les médias sociaux.

Pour en savoir plus : https://www.lesaffaires.com