L’actualité nous le rappelle régulièrement: la question de l’identité se trouve en toile de fond de multiples interrogations contemporaines. Au plan collectif, comment définir les candidats à une élection européenne: par leur appartenance partisane uniquement ? Ou faut-il également mettre en avant leur nationalité ? Au plan individuel: comment me présenter, par exemple sur ma page Facebook ? Quelle place ai-je envie d’accorder à mon originale sociale, mon appartenance religieuse, mes goûts musicaux, mon lieu de résidence ?
Un enjeu de plus en plus important
Cet enjeu est adossé à de multiples critères: représentativité, diversité, caricature, échange, pluralisme, hybridation, rencontre, affirmation, stéréotype identitaire.
Dans l’espace public, cet enjeu fait de plus en plus fréquemment l’objet de traitements médiatiques variés: que ce soit au cours de campagnes électorales, de crises politiques majeures (sur quelles lignes de fractures identitaires se fondent les conflits ?), en toile de fond de films, d’articles relatant les voyages de touristes/blogueurs à l’étranger, dans des documentaires ethnographiques, etc.
Les enjeux identitaires portent principalement sur deux aspects. L’identité désigne « l’image que nous nous faisons de nous, à la fois dans ce que nous avons de spécifique, voire d’individuel (la carte d’identité), et dans ce que nous avons de commun (l’identité nationale), ainsi que l’image que nous nous faisons des autres, ce en quoi ils sont différents de nous » (Olivier, Bruno, Les identités collectives).
Pour en prendre toute la mesure, il faut suivre trois étapes :
Comprendre pour quelles raisons les questions de reconnaissance, de revendication, d’hybridation identitaire sont l’objet d’autant de débats, de documentaires, d’interrogations publiques aujourd’hui;
évaluer ce que le versant réducteur des identités que sont les stéréotypes enseigne sur la question identitaire;
étudier dans quels contextes, quelles circonstances les individus ou les groupes vont au-delà de tels stéréotypes, facilitant l’émergence d’échanges interculturels.
Mouvance des frontières et des interrogations identitaires
Les enjeux identitaires sont traversés d’évolutions diverses et parfois contradictoires des sociétés occidentales contemporaines. Plusieurs facteurs y contribuent. Les premiers sont des facteurs techniques. De nouveaux moyens de déplacement et de nouveaux outils de communication, facilitent les échanges à distance ou les rencontres épisodiques ou régulières entre les personnes et les populations. Les deuxièmes sont des facteurs politiques et sociaux. Les sociétés contemporaines sont caractérisées par un mouvement d’individualisation au sens où le poids de la tradition, des habitudes culturelles, professionnelles, familiales dans la construction de l’identité sociale de chacun diminue.
La combinaison de ces facteurs techniques, sociaux et politiques facilite l’individualisation de la société mais aussi la globalisation des échanges, des programmes médiatiques, la multiplication des rencontres interculturelles, etc. Ces facteurs génèrent alors de nouvelles interrogations identitaires, sur soi mais surtout sur autrui.
Incertitudes identitaires et stéréotypes
De manière générale, une partie de ces populations surmonte son angoisse et sa difficulté à trouver un sens aux mutations sociales grâce à des réponses simples. « Le discours identitaire fournit une grille d’analyse des événements, permet de choisir ses amis et ses ennemis » (Ruano-Borbolan, Jean-Claude, Introduction générale: la construction de l’identité).
Quels rôles les stéréotypes jouent-ils dans ces enjeux de revendication, de représentation et de reconnaissance identitaire ?
Les stéréotypes sur autrui, perceptibles dans les médias et les légendes, sont largement formulés lors de périodes annonciatrices de changements (conflits, élections présidentielles). Ils jouent d’abord le rôle de réducteurs identitaires d’autrui et, par-là, de la complexité du monde. Ils jouent ensuite un rôle de réassurance sur soi. Ils ont enfin une fonction de justification de comportements défensifs, voire agressifs, portés sur autrui.
Dans quelles contextes, et à quelles conditions, les échanges culturels se traduisent-ils, à l’inverse, par de véritables échanges et surtout par de véritables changements de regards ?
Les échanges interculturels
Les multiples études de cas qui émaillent l’ouvrage collectif L’identité plurielle (Dir. Sébastien Rouquette, 2011) permettent précisément de répondre à cette dernière question. Les contributions de sociologues, spécialistes de la communication, civilisationnistes, psychologues réunies dans cet ouvrage montrent que les échanges culturels sont l’occasion de changements de regards portés sur les autres à l’image du regard porté – dans une comédie – sur la construction européenne et sur le multilinguisme européen. Une perception positive des échanges culturels peut, également, être revendiquée de façon volontariste, quand chaque nouvel arrivant d’une loge maçonnique doit apprendre à écouter, connaître et comprendre ses interlocuteurs avant de s’en faire une opinion (Bryon-Portet, Céline, 2011). Une analyse centrée sur les échanges interculturels peut, encore, devenir l’objet d’interrogations sur les conditions, les étapes collectives et interindividuelles d’une réelle ouverture interculturelle (Nouvelle-Calédonie, cf. Carteron, Benoît, 2011).
Sébastien Rouquette
Professeur des universités en Sciences de la communication
Ce billet est publié dans le cadre de l’opération Têtes Chercheuses, qui permet à des étudiants ou chercheurs de grandes écoles, d’universités ou de centres de recherche partenaires de promouvoir des projets innovants en les rendant accessibles, et ainsi participer au débat public.
A chacun sa morale, mais quand la cause est juste, l’action est nécessaire.
La marche de Selma s’attarde sur un tournant de l’histoire du mouvement non-violent de Martin Luther King.
Oui, il y a Montgomery avec les places assises de bus et Rosa Parks, mais il y a aussi Selma et le droit de vote. Et c’est un choix historique motivé que prend la réalisatrice Ana DuVernay.
1964. Selma, Bourgade d’Alabama. Alors que la ségrégation est bannie par le Civil Rights Act, les Etats du sud des Etats-Unis ne respectent pas tout à fait les lois. La ville est sous le joug d’un shérif violent et arriéré, le gouverneur est un pur conservateur. Le prochain objectif du mouvement de la Conférence des dirigeants chrétiens du Sud est l’obtention du droit de vote pour tous les Afro-Américains dans tout le pays. David Oyelowo (MI-5) y incarne superbement un King calculateur, dont la bonne foi est évidente dans les sermons qu’ils donnent qui ont tendance à se rapprocher à des harangues pour préparer ses hommes au combat. Le héros de toute une communautés d’hommes, incarnant les rêves et les espoirs d’un peuple trop souvent opprimé, fait face à l’adversité avec ses propres faiblesses personnelles. Sa cause semble juste, la bataille politique atteint le sommet puisqu’elle est entre le chef de file du mouvement et le numéro 1 de l’Etat, le Président Lyndon Johnson lui-même (Tom Wilkinson). Johnson est dépeint comme un opportuniste, et fait pâle figure face à l’omniprésence du Dr King. En grand méchant, on retrouve Tim Roth (oui, trois Anglais dans des rôles iconiques) qui est purement détestable.
Cette année, dans les candidats à l’Oscar du meilleur film, il y a quatre biopics. Mais Selma propose un biopic qui sort de l’ordinaire. Loin de prendre la totalité de la vie de Martin Luther King, ici, on s’attache à la période post « I have a dream » et prix Nobel pour se concentrer sur la petite révolution qui s’est déroulée à Selma. Là, où j’aurais reproché à Imitation Game, ou même à The Theory of Everything d’avoir trop romancé l’histoire, une histoire de droits civils (et civiques) mérite bien d’être un peu mieux emballée, mais pas pour autant édulcorée. Bien sûr, il faut garder les pincettes quant à la véritable personnalité du personnage principal, chaque version de l’histoire est différente, la vérité n’est jamais là où l’attend. Certes, sa reconnaissance comme défenseur des droits civils n’est plus à prouvée, mais le personnage est un peu trop parfait. C’est l’appel aux larmes auquel on a le droit durant les scènes de violence. Et malgré peut-être quelques plans hésitants, et une caméra un peu inexpérimentée, c’est un très beau film, digne et humain, qu’on a le plaisir de voir. Eh oui, Glory est une très belle ode au monsieur, à ses actions, et John Legend était le parfait interprète. Oprah Winfrey est l’un des producteurs du film, et l’une personnes à remercier pour l’avoir fait naître (et qui a voulu répéter son coup du Majordome).
On ne peut pas non plus s’empêcher de noter l’ironie qu’aucune des paroles prononcées par Oyelowo n’est à proprement parler tirée des discours de King. En effet, ses ayants-droits n’ont pas du tout endossé ce film. Ce qui est un peu dommage puisqu’il y a des images d’archives à foison, mais qui n’ont pas pu être insérées nulle part. Ce qui est indéniable, ce sont les résultats dans l’avancée des droits de l’Homme qu’il a réussi à entreprendre. Et c’est rempli d’espoir pour l’avenir qu’on ressort de ce film. Mais pas seulement, de fierté aussi de ce qui a pu être accompli dans le passé grâce à la solidarité des gens qui ont cru à l’égalité. Evidemment, c’est lorsque l’Homme est au plus bas que notre fibre solidaire se réveille, et cette marche sonne un distant écho aux marches de soutien pour la liberté d’expression et les journalistes de Charlie Hebdo. On a besoin d’une leçon de vie de temps en temps, surtout quand elle est aussi réussie que celle-ci.
(P.S. : Je sais que c’est naïf de croire que tout est résolu de nos jours, non, les combats sont toujours d’actualité, on l’a vu avec Fergusson… Mais je me dis que le monde d’aujourd’hui est bien en manque de grands hommes…)
Famille homoparentale, couples gays et lesbiens, princesses et pères Noël noirs ou jaunes : la marque à la pomme lance une série de smileys multiculturels.
C’est la révolution dans le monde des LOL, MDR et autres smileys. Apple propose en effet quelques nouveautés dans les versions à venir de ses systèmes d’exploitation pour ordinateurs (OS X Yosemite 10.10.3), smartphones et tablettes (iOS 8.3). Ils intégreront notamment de nouvelles émoticônes qui reflètent la diversité culturelle de leurs utilisateurs. En 2014 déjà, la marque à la pomme avait annoncé que « plus de diversité était nécessaire » en matière d' »emojis », ces petits visages virtuels qui traduisent une émotion, un état d’esprit, une réaction.
L’internaute pourra donc choisir pour ses émoticônes à tête humaine la couleur de peau du visage et des mains parmi six nuances, allant du jaune au marron, en passant par le rose. On retrouve ainsi des pères Noël, des princesses ou encore des policiers de six couleurs. Autre nouveauté, les pictogrammes refléteront mieux la diversité des familles, et notamment celles où les parents sont de même sexe. Des émoticônes avec des couples gays et lesbiens se tenant la main existaient déjà.
Campagne
Pour mettre en place ces nouveaux smileys, Apple a dû collaborer avec le consortium Unicode, qui régit et développe les standards internationaux des logiciels et données numériques. Les six couleurs de peau ont été établies en respectant la classification de Fitzpatrick, qu’utilisent les dermatologues pour classer les couleurs de peau des individus.
Depuis plusieurs années déjà, les internautes réclamaient une plus grande diversité d’émoticônes. Une campagne à laquelle avait participé Miley Cirus avait été lancée en 2012 sur Twitter pour réclamer une « mise à jour ethnique des émoticônes », tandis qu’une pétition intitulée « Diversify my emoji » avait récolté des milliers de signatures en 2013. Leur demande a été entendue…
Le moralisme progressiste, égalitariste, matérialiste, faussement laïc et universaliste, s’avance violemment aux quatre coins du monde, paré des ailes du pacifisme, dans un premier temps d’abord. Quand le bombardement médiatico-politique ne suffit pas, ce sont pourtant des bombes bien de chez nous qui pleuvent assez rapidement sur les peuples récalcitrants, les prétextes ne manquant jamais, et à défaut, on finit par les inventer. L’idéal technocratique, individualiste et au final nihiliste (à savoir refusant toute idée de transcendance authentique) sous-tendant l’édifice occidental, se déverse à travers tous ses vecteurs communicationnels, unis dans une même haine du fait religieux ainsi que des modes d’organisation ne se soumettant pas au joug de cette influence infatuée se voulant sans bornes ni interdits.
À l’occasion de l’affaire « Charlie » (une tuerie qui n’aura qu’à peine retenu l’attention dans des dizaines de pays déstabilisés par nos multiples ingérences, et où meurent lors d’attentats à peu près quotidiens des centaines de civils), l’on a pu observer le plus absurde recours à une terminologie relevant du sacré : «
« Charlie Hebdo » et les caricatures : le blasphème est un droit sacré, il doit être garanti », « l’union sacrée », « droit sacré ». Pourtant, notre humanisme ne repose plus que sur un magma informe, matrice virtuelle athée ou plus sûrement indéterminée, débordante de présupposés mollement bienveillants, totalement étrangers à l’humanitas grecque, qui était plus qu’éloignée de quelque déterminisme profane que ce soit (génétique, économique, racial ou culturel), et s’est avérée être la fondatrice de cette civilisation européenne happée qu’elle est par son anomie contemporaine. Cette source historique se reliait de façon indissociable au divin. Dequel idéal, de quel esprit, les quelques millions de français descendus dans des rues hagardes, le11 janvier 2015, se voulaient les défenseurs ? Du droit de rire de tout, de la liberté d’esprit, du droit de blasphémer. En somme, du droit à la frivolité, au jeu innocent.
Rire de tout, liberté d’esprit ? Tartuffferie ! Le lendemain même de cette marche citoyenne, unhumoriste était traîné devant des tribunaux pour une blague ambivalente et plus d’unecinquantaine de citoyens étaient emprisonnés pour délit d’opinion.
Le « terrorisme » s’accorde parfaitement avec la société du spectacle en une synesthésie totale, happant les masses dans une réaction spasmodique et névrotique sans profondeur ni distanciation, via une passivité totale, dont l’indignation pavlovienne élude toute possibilité de réflexion, comme ces automates télévisés revêtus de perfection factice dans leurs uniformes adaptés aux lanceurs d’odes et de sermons frelatés, toujours prodigues en dénonciations embaumées, sans la moindre capacité de déconstruire ce qui a mené au surgissement de ce qu’ils nomment barbarie.
La réaction identitaire, visant un réenracinement multiforme, allant du régionalisme au catholicisme en passant par un pur nationalisme étatiste sur fond de rejet islamophobe et ethniciste ne rompt en rien avec ce processus de dépossession symbolique. Elle n’est que négation, rejet, refus, dégoût, lassitude, révolte tournant à vide, exaspération économique, sans projet, sans vitalité, dépourvue d’une santé et d’un avenir la véhiculant.
L’ingénierie sociale passe par le tri des humains, la sélection eugéniste, le clonage, l’information totalitaire, car telle est notre actualité, celle de l’ère techniciste qui a réussi son araison totale des consciences en un management subliminal dont l’obscénité marchande s’accorde au mieux avec les pratiques de l’industrie pornographique, dans le couple excitation-consommation à la base de tout l’édifice occidental.
Nos libertés sont celles que des think tank fournissent à notre insu, prônant des choix d’artifices,visant la redéfinition des ultimes pôles identitaires naturellement organiques, familiaux, sexuels, pour nourrir un immense laboratoire de sélection contre-nature, de répliques involutives allant des OGM aux manipulations sur les embryons humains. Le génie génétique, c’est le viol de l’ADN au service d’un biopouvoir aveugle à ses propres apories, indifférent à la dévastation de l’écosystème (hormis via des conférences internationales débordantes de duplicité). L’intégrisme occidental, c’est tout cela, et dans le même temps, la volonté d’imposer ces redéfinitions trans-genres, ce biologisme indéfiniment progressiste, cette marchandisation de tout, du moindre organe au dernier album musical, faisant du monde un marché où se servir, des rues, des femmes, de la violence et des jours un almanach d’options factuelles à consommer, du jeunisme à la féminitude.
Nos Jihabs présentent cinquante nuances grisâtres ouvrant sur des jeux faussement masochistes mais réellement rentables, nos libertés sont des godemichés en formes de jouets pour bébés, du transhumanisme larvaire, un cyberespace hypnotique, des partouzes du FMI aux transes ahuries sous bières devant des clubs de football pour mercenaires décérébrés diffusés sur des écrans de vacuité. Nos libertés sont des caméras de contrôle au service d’une vidéosurveillance généralisée bientôt complétée par des Drones légalisés, des pointages, des gsm, des ondes Wifi, des filtrages,des traçabilités de tous les instants, des cartes bancaires, du marketing politique, des marques imposées à la vue, un monde de publicités souillant jusqu’à l’inconscient, une novlangue imposant ses ukases, ses interdits du jour (« dérapages », « vivre ensemble », « respect », « tolérance »,« différence » et autres coquilles vides chargées de réguler les moeurs et les humeurs), ses transgressions imposées, des codes faits sur mesure par un patronat et des élites culturelles déconnectées de tout éthos, formant un immense consortium de falsification du réel, hostile à toute forme d’intériorité sommée de s’ouvrir au règne d’une transparence aux influences tentaculaires, un atomisme communautariste facilitant les divisions et le contrôle des masses, en bref, une immense aliénation collective qui ne dit pas son nom. Si, reste le droit au blasphème.
Mais sans la moindre orientation spirituelle, sans la moindre éducation religieuse, que peut-il rester d’un blasphème sinon son ombre dédoublée la plus primitive : la profanation.
Que faire ? Réétudier, et ce, dès le cours primaire, le Coran, la Bhagavad-Gîtâ, la Bible, les Psaumes de David,Le Livre des Morts, Homère, étudier les racines du chamanisme, de l’antiquité qu’elle soit latine ou égyptienne, étudier toutes les traditions qui ont fondé ce que l’on nomme civilisation plutôt que s’indigner, comprendre plutôt que juger, s’éveiller plutôt que s’endormir devant la nouvelle star, le dernier homme.
Cet après-midi, nous nous sommes retrouvés à Grenoble, à l’Espace Ninon Vallin.
Organisé par le groupe diocésain des relations avec les musulmans, animé par Marie DAVIENNE – KANNI et Elisabeth LETZ.
Rencontre préparée avec Abdennacer ZITOUNI, imam du Centre Culturel Musulman de Grenoble.
Nous étions une soixantaine et avons parlé du quotidien des musulmans : quel sens au jeûne et à l’abstinence du ramadan, la place des femmes, comment vivre sa foi au quotidien, quelle laïcité voulons-nous mettre en oeuvre, mais aussi que faire ensemble ?
Il semble que les méconnaissances des chrétiens et des musulmans sur leur propre religion et foi et celles des autres soient au coeur des problématiques du quotidien des personnes présentes.
Des pistes ont été donné : servir ensemble des repas aux personnes qui sont sans-domicile fixe, donner son sang ensemble, comme COEXISTER.
Une proposition de jeûne, lancée par le magazine LA VIE a été faite, pendant le temps du Carême, tous les vendredis.
La rencontre s’est terminée en temps de discussions par petits groupes autour d’un thé et de gâteaux. Beau temps d’échanges, à refaire !
« Foutez le camp! » La vive réaction d’Ahmed Aboutaleb, maire de Rotterdam, à l’encontre des djihadistes, le jour de l’attentat contre Charlie Hebdo, lui a valu la notoriété au-delà des frontières de sa ville. Il a réservé ses explications à L’Express.
« Foutez le camp! » La vive réaction d’Ahmed Aboutaleb, maire de Rotterdam, à l’encontre des djihadistes, le jour de l’attentat perpétré contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo, lui a valu immédiatement la notoriété au-delà des frontières de sa ville. Les demandes d’interviews ont afflué du monde entier. Mais c’est à un magazine français que le maire de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, a voulu réserver ses explications.
Premier maire musulman d’une métropole européenne, cet élu social-démocrate est à la tête de la deuxième ville des Pays-Bas depuis 2009. Ses succès contre la délinquance et sa popularité personnelle ont permis sa réélection, alors même que la droite s’est renforcée au conseil municipal. Alarmé de longue date par le péril djihadiste, ce Marocain d’origine, pratiquant, appelle les musulmans à se mobiliser contre la violence, à Paris comme à Copenhague.
Quelques heures après l’attentat contre Charlie Hebdo, vous avez invité les candidats au djihad « qui n’aiment pas la liberté » à « foutre le camp ». Ces propos directs ont eu un large écho au-delà des Pays-Bas. Qu’avez-vous voulu dire?
J’étais en colère, et ce n’était pas du théâtre, croyez-moi! Ces mots, je les ai prononcés pour être sûr d’être compris, comme maire de Rotterdam mais aussi comme un musulman en colère. A Rotterdam, une cité où cohabitent 174 nationalités, nous devrions, chaque jour, célébrer la liber té. La liberté, c’est bien sûr le droit deprovoquer par des caricatures, mais c’est aussi la protection accordée à l’individu contre l’intervention de l’Etat, c’est aussi la liberté de croire et de fonder des institutions religieuses.
Je peux comprendre que certains de mes coreligionnaires aient pu se sentir offensés par Charlie Hebdo mais, dans ce cas, il existe des protocoles tels que le recours aux tribunaux. J’ai voulu dire que si l’on revendique le vivre ensemble, il faut accepter le compromis; ceux qui s’y refusent n’ont qu’à faire leur examen de conscience et avoir l’honnêteté de reconnaître qu’il n’y a pas de place pour eux ici. Le drame de Paris a été douloureusement ressenti par de nombreux musulmans, car il faut désormais renouer le dialogue avec les autres communautés et les autres religions. L’attentat contre Charlie Hebdo force l’islam à se remettre en question.
Vraiment?
Oui. Il est très important que les musulmans répondent aux questions qui leur sont adressées : pourquoi ces criminels ont-ils pu interpréter le Coran et l’islam dans un sens qui les a conduits à justifier leurs agissements? Récemment, j’ai entendu ici un imam expliquer que les musulmans avaient le droit de répondre à l’injustice par leur coeur, leur tête ou leurs mains. Un de ses fidèles a rétorqué que c’était ce que les criminels avaient fait à Paris, en prenant des kalachnikovs au nom des injustices qu’ils dénonçaient. On est là au coeur du débat. Ces criminels ont construit leur démonstration à partir de l’islam. Dire que l’islam n’a rien à voir avec leurs actions, c’est vraiment absurde.
Les autorités religieuses musulmanes ont-elles été à la hauteur des attentats commis à Paris ?
Non, et c’est bien le problème. La révolution au sein de l’islam ne commencera pas dans cet hôtel de ville, mais on peut d’ici lancer l’étincelle qui allumera la mèche. Les musulmans européens doivent faire pression sur leurs leaders religieux pour qu’ils se saisissent de ce débat. Si, aujourd’hui, je suis à la recherche sur Google d’un cheikh, d’un guide spirituel, je tomberai seulement sur des vidéos de radicaux. Pourquoi les leaders religieux modérés sont-ils absents d’Internet ? Pourquoi n’y apparaissent-ils pas pour donner leur propre version du Coran ?
Cette mobilisation de l’islam modéré doit-elle se faire d’abord en Europe ?
Nous avons la chance de bénéficier, en Occident, d’une liberté d’expression qui nous autorise à poser des questions dans l’espace public sans encourir de châtiment. N’ayons pas peur d’utiliser cette liberté.
Comment réagissent les imams que vous rencontrez quand vous les pressez de la sorte ?
Chacun a tendance à comprendre ce qui l’arrange. J’entends trop souvent : « Je condamne ce qui s’est passé à Paris, mais… ». Il n’y a pas de « mais » possible. Une condamnation collective et visible par les représentants de l’islam servirait à la stabilité sociale et à une meilleure compréhension des musulmans néerlandais. Cela agirait comme un remède social. Malheureusement, j’ai échoué à organiser un tel mouvement de condamnation, alors qu’il s’est manifesté en Allemagne grâce à la communauté turque, dotée d’une plus forte conscience politique que celles des Marocains et des Algériens des Pays-Bas et de France. Le taux d’illettrisme des Marocains vivant aux Pays-Bas est, il est vrai, élevé, et beaucoup dans cette communauté n’ont accès à l’islam qu’en écoutant les imams, pas en lisant le Livre saint.
Dressez-vous un parallèle entre l’attentat de Paris, en janvier dernier, les fusillades de Copenhague du 14 février et le meurtre du cinéaste Théo Van Gogh, en 2004, à Amsterdam ?
Oui, bien sûr. Van Gogh était un simple particulier avec une grande gueule. Il ne menaçait personne. Lorsqu’il a été assassiné par Mohammed Bouyeri, je m’étais adressé à ceux qui se réjouissaient de ce crime : « Partez !, leur avaisje dit. Vous serez plus heureux en Afghanistan ou au Soudan! Après tout, il y a des avions qui décollent d’Amsterdam toutes les cinq minutes… » Je n’ai pas changé de position.
Mais comment faire face à ceux qui veulent porter leur combat ici ?
Il faut distinguer plusieurs cercles. Ceux qui sont à la marge peuvent être ramenés dans le giron de la cité par un travail d’éducation, d’intégration et de lutte contre les discriminations et pour l’égalité des chances. A ceux qui veulent vivre à Raqqa [en Syrie], siège du groupe Etat islamique, je dis : si telle est votre volonté, soyez conséquent et rendez-moi votre passeport. Car le passeport néerlandais, c’est plus qu’un document de voyage : c’est une partie de votre identité et un engagement de défendre la société ouverte fondée sur le compromis qui est celle des Pays- Bas.
Si vous ne vous reconnaissez pas dans ces valeurs, partez et allez demander à M.Baghdadi [chef de l’organisation Etat islamique] de nouveaux papiers d’identité ! Ce disant, j’assume mon désaccord avec la politique actuelle du gouvernement, qui confisque les passeports des candidats au djihad afin de les empêcher de partir.
Et que faire des mineurs tentés par la violence ?
Ceux-là ne sont pas conscients de ce qu’ils font et nous devons les ramener dans le droit chemin, en leur prenant leur passeport et en leur fournissant toute l’aide psychologique nécessaire. Il faut les protéger. Et si nous considérons qu’ils sont en danger, il est possible de les soustraire à leurs parents. Le problème est de déterminer à partir de quel moment, lorsqu’on s’oppose à la société, on se met en danger.
Et pour ceux qui passent à l’action violente ?
Arrêtons de les appeler « radicaux ». Etre radical, c’est un droit dans une société démocratique. Mais ceux qui recourent aux armes, comme en France, sont des criminels qui relèvent de la police et des services de sécurité. Il faut les mettre hors d’état de nuire.
Comment devient-on un extrémiste ?
J’en ai débattu avec le conseil municipal. Certains élus mettent en avant les conditions sociales défavorables, les discriminations, l’échec scolaire, le racisme… Franchement, je ne vois aucune preuve à l’appui de cette thèse. Pourquoi des millionnaires saoudiens partent-ils pour Raqqa? Acause de la misère, du racisme? En réalité, ces gens-là se construisent leurs propres vérités, qu’ils souhaitent imposer à d’autres à coups de kalachnikov. A la différence des terroristes d’extrême gauche de la Fraction armée rouge, dans les années 1970, qui étaient politiquement motivés, c’est leur interprétation de la religion qui les pousse à agir.
A quel niveau est-on le plus efficace pour combattre la tentation djihadiste, celui de l’Etat ou celui de la ville ?
Au niveau local, assurément. L’Etat définit les règles et est responsable des forces de sécurité. Mais ce sont les élus locaux qui sont directement en butte aux extrémistes. Je sens chaque jour sur ma nuque le souffle de ces gars. C’est pour cela que j’ai organisé, dans les quartiers de Rotterdam, huit rencontres avec le public consacrées aux attentats de Paris, afin que les opinions divergentes puissent se confronter. Comprenez- moi bien : c’est aux familles, aux imams, aux enseignants, aux travailleurs sociaux et aux élus de sonner l’alarme lorsque point la menace de la violence.
Quand j’entends à Amsterdam un gosse de 6 ans crier dans la rue « Mort aux juifs ! », je me doute bien que de tels mots de haine ne lui sont pas venus spontanément à la bouche. C’est pour cela que, lors des cérémonies de citoyenneté à l’hôtel de ville, au moment de remettre aux immigrants leurs nouveaux passeports néerlandais, j’insiste pour leur dire qu’en recevant une nouvelle identité ils obtiennent les droits conférés par la Constitution, mais aussi le devoir de protéger nos libertés fondamentales intangibles. Ici, rien ne vous empêche de brandir un Coran dans la rue ; en Arabie saoudite, si vous brandissez une Bible, vous pouvez être tué.
Estimez-vous que la France et les Pays-Bas sont dans une situation comparable ?
D’un point de vue social, les musulmans de France sont mieux outillés que ceux des Pays-Bas. Vous avez de nombreux intellectuels musulmans, nous n’en avons pas autant, car notre immigration est plus récente. Mais en France, en Belgique, comme aux Pays-Bas, les foyers musulmans doivent s’interroger : comment est-il possible que des criminels soient capables de détourner leurs croyances et de passer à la violence en leur nom ? Et ce, alors que le plus grand nombre de ces victimes du terrorisme sont des musulmans! Je voudrais ajouter autre chose.
Au moment où nous parlons, une flopée de bateaux, petits et grands, traverse la Méditerranée, pour la plupart en provenance du monde musulman, chargés d’hommes et de femmes en quête de liberté et de sécurité en Occident. Je les comprends. Il y a quarante ans, ma famille a suivi la même route pour les mêmes motifs. En général, ces réfugiés sont bien traités en Europe. Mais faut-il continuer à les accueillir alors même que certains parmi ces migrants ou, à plus long terme, leurs enfants vont nous menacer ? Est-ce la meilleure manière de remercier ceux qui les ont accueillis ? C’est une question légitime et je comprends que de nombreux Européens se la posent. La négliger serait irresponsable et il appartient aux musulmans issus de l’immigration d’y répondre. Ces propos sont durs, mais je les assume. Au moins on ne pourra pas taxer un Aboutaleb de racisme.
Craignez-vous pour votre sécurité ?
De nos jours, si vous remplissez une charge publique, vous courez toujours un danger.
Votre vision du multiculturalisme néerlandais a-t-elle évolué ?
La question est de savoir quelle est la place à donner à l’islam en Europe. Ce que je dis aux musulmans, c’est que plus ils embrasseront sincèrement notre Constitution et l’Etat de droit, plus leur place sera assurée. Inversement, s’ils pensent que l’islam prévaut sur la Constitution, cette place se réduira.
Vous êtes bien plus populaire que le Parti du Travail (social-démocrate), auquel vous appartenez. Les Pays-Bas pourraient-ils être, avec vous à sa tête, le premier pays européen à se doter d’un chef de gouvernement musulman?
Je n’ai jamais planifié ma vie, car on ne sait pas comment les choses évoluent. J’ai promis de rester maire de Rotterdam jusqu’en 2021. Pour être honnête, je ne crois pas qu’il soit réaliste d’envisager un Premier ministre musulman dans ce pays dans les cinquante ans qui viennent. Mais on ne sait jamais.
Ahmed Aboutaleb en 6 dates
1961 Naissance à Beni Sidel, au Maroc.
1976 Emigre avec ses parents aux Pays-Bas.
1987 Diplômé d’un institut de technologie.
1991 Chargé de la presse au ministère de la Santé.
2007 Secrétaire d’Etat aux Affaires sociales et à l’Emploi dans le gouvernement Balkenende.
La France est confrontée à ce que les sociologues appellent la transition identitaire.
Youssef Chiheb est professeur à l’Université Paris Nord XIII,
directeur du master ingénierie de développement et expert en développement
territorial auprès du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Il a publié « Le Manifeste de l’indépendance du Maroc : Hommes, destin, mémoire».
Il est aussi l’auteur de «L’Atlas géopolitique du Maroc» et de «Islam, judaïsme et l’érosion du temps».
Dans son dernier livre, Youssef Chiheb raconte son parcours.
Entretien.
Libé : Pourquoi ce livre en ce moment ?
Youssef Chiheb : Comme vous le savez, j’ai écrit plusieurs articles dans la presse traitant de la question de l’identité. Un sujet qui s’impose dans le débat, tant au Maroc qu’en France. Depuis quelques années, la société d’accueil est confrontée à un grand défi sociétal à travers des questions cruciales : quelle place pour les Français issus de l’immigration ? Quelle place pour la diversité culturelle ? Quelle équation pour l’islam et la laïcité ? Quelle relation au pays d’origine ? En toile de fond, quel pacte politique et social pour vivre ensemble ici ou là-bas ?
La mondialisation, le désastre du Printemps arabe, la montée du jihadisme radical au cœur de l’Europe, la banalisation de l’islamophobie… autant de bombes à retardement qui couvent sous les pieds des démocraties, sans oublier les attentats barbares perpétrés à Paris au nom d’une idéologie fasciste véhiculée par l’islam radical, le jihad et le fanatisme dont l’épicentre se trouve en Syrie, en Irak et au Yémen. Une idéologie qui s’est transplantée au cœur des quartiers difficiles où un apartheid social, ethnique et territorial est profondément ancré. Dixit le Premier ministre Emmanuel Valls.
Pourquoi es-tu venu en France, papa ? Avez-vous trouvé une réponse convaincante pour votre fille ?
Nous sommes tous les deux, ma fille et moi, citoyens français, mais chacun s’inscrit dans un contexte particulier et est le fruit d’une trajectoire singulière. Dans mon précédent livre « Manifeste de l’indépendance du Maroc », j’ai rappelé, au sens biographique du terme, cette relation tragique que ma famille n’a cessé d’entretenir avec la France… Mes trois oncles, le premier mort en 1943 sur le champ de bataille pour libérer la France de l’Allemagne nazie, le deuxième grièvement blessé en Indochine en 1956, et le troisième abattu par la police française, en 1953 à Casablanca au Maroc, pour avoir brandi le portrait de Sidi Mohamed Ben Youssef, suite à sa déposition et à sa déportation.
Une deuxième génération, dont je fais partie, est venue en France pour poursuivre des études universitaires et décrocher les diplômes les plus prestigieux (agrégation, doctorat d’Etat, doctorat d’Université), aujourd’hui soluble dans l’élite française et insérée socialement et visible culturellement en France. Cependant, elle a fait le choix douloureux d’y rester, car trop marquée par les années de plomb, par les brûlures de l’Histoire et par la déchirure identitaire.
Une troisième génération que représente ma fille, née française, de parents français et n’ayant que très peu de liens avec le pays de ses ancêtres. Elle est le fruit de ce long parcours dramatique qu’est l’immigration et son corolaire l’assimilation.
J’ai essayé de lui transmettre, autant que possible, un héritage, une mémoire, un patrimoine dont j’ai du mal à garder intacts et à les préserver de l’oubli et de l’extinction. C’est là tout le défi auquel sont et seront confrontés les Marocains du monde et leurs descendances. Comment résister au rouleau compresseur de la rupture et au spectre de la pensée diasporique ? Ma fille n’aura d’armes que mes écrits et mes livres pour se protéger de la pensée unique et de la négation de l’Histoire, la sienne en l’occurrence.
Après le dernier attentat en France, est-ce que l’avenir des enfants franco-musulmans est compromis ?
Au-delà de l’indignation, du traumatisme et de la réaction, c’est le temps de la réflexion et la nécessité de répondre aux questions de fond. Pourquoi est-on arrivé à ces extrémités ? Les enfants auxquels vous faites allusion sont des Français certes… mais sont-ils des Français à part entière ou des Français entièrement à part ? Quelle responsabilité de l’Etat, des élus de la République, des intellectuels dans ce repli identitaire, dans cette fracture sociale et dans cette islamophobie larvée qui se banalise dans le discours politique ? Quelle responsabilité des Etats du Maghreb et du Golfe dans l’instrumentalisation politique de la communauté musulmane de France ? Quelle responsabilité des parents dans la dérive de cette jeunesse victime d’un islam radical venu d’ailleurs ? Quelle est la part de responsabilité de la communauté musulmane qui se laisse instrumentaliser par les organisations associatives salafistes, par les imams autoproclamés ou/et par un salafisme sociétal du Moyen Age?… Autant de questions dont les réponses seront déterminantes pour l’avenir de ces enfants auxquels vous faites allusion.
Est-ce que la situation ne sera plus comme avant ?
C’est très difficile de répondre à cette question. Il est possible que l’onde de choc de cet attentat ait pu fissurer les grandes fondations de la devise républicaine «Liberté, Egalité, Fraternité».
Est-ce la liberté est d’offenser ce qui est de plus sacré ?
Est-ce la liberté est de stigmatiser la pensée de l’autre et de lui imposer la pensée unique ? Est-ce que la liberté est d’être Charlie ?
Est-ce l’égalité est de rappeler systématiquement aux Français, issus de l’immigration, qu’ils sont Français d’origine ?
Est-ce l’égalité est de confiner les déshérités, par des politiques de peuplement, dans des ghettos vétustes et peuplés entièrement par une mosaïque multiethnique ?
Est-ce l’égalité est de confiner les citoyens et les enfants de la République dans des périmètres institutionnalisés, portant officiellement des noms anxiogènes de zones et non de territoires de la République : ZUS, ZEP, ZSP ?
Est-ce l’égalité est l’absence d’ascenseur social, frein à la mixité sociale et maintien de l’entre soi ? Est-ce l’égalité est l’indifférence face aux formes les plus dangereuses du communautarisme ? Est-ce l’égalité est de laisser le Front national faire des étrangers le bouc émissaire d’une France en déclin économique et sociétal depuis plus d’un quart de siècle ?
Mon livre ne prétend pas apporter la réponse à toutes ces interrogations. Il tente seulement, à travers ma trajectoire, mon enfance, ma jeunesse et ma réussite sociale, de donner à ma fille, et à d’autres, les éléments de réflexion et d’analyse sur ce que le choc des cultures et l’affrontement des idéologies peuvent provoquer comme dégâts et de déconstruction de la civilisation humaine. En définitive, chacun de nous doit sortir de la posture de victime et croire que l’Homme est capable d’orienter son destin aussi bien vers le bien que vers le pire.
Mon Livre « Pourquoi es-tu venu en France, papa ? Tu veux dire pourquoi j’ai quitté le Maroc » résume ce destin tragique de l’immigration. «Venir en France, c’est aller vers le futur, quitter le pays d’origine, c’est tourner le dos à un passé qui nous hante ». La tragédie se trouve entre ces deux verbes : Quitter quoi et venir vers qui ? Telle est la déchirure vécue par ceux qui viennent d’ailleurs pour s’installer ici. De ceux qu’ils croient à des valeurs et ceux qui les refusent obstinément.
Le Prophète n’a pas besoin de vengeurs. Son étendard est entaché de sang, d’abord par ceux qui prétendent le défendre. Qu’il repose en paix car il doit être triste, là où il est, de voir son œuvre de paix pervertie par les fanatiques des temps modernes de tous bords.
Si les musulmans de France et d’Europe ne se prennent pas en charge pour éradiquer ce fléau, leur avenir en Europe serait plus que sombre, et peuvent les conduire à la persécution, à la déportation, (dixit Eric Zemmour), voire à la solution finale comme ce fut le cas en Bosnie (épuration ethnique) ou comme il y a soixante dix ans aux camps d’extermination nazis.
Les principales victimes de l’islamisme radical sont en majorité des musulmans tués par d’autres musulmans. Depuis le déclenchement du maudit Printemps arabe et la multiplication des guerres confessionnelles en Afrique que mène Boko Haram, on déplore plus de 400.000 victimes et plus de quatre millions de déplacés. Qu’Allah, dans sa Miséricorde, nous vienne en aide !
Mon livre est un cri d’alarme, un testament pour les générations futures et une thérapie pour les milliers de déracinés, venus trouver refuge, fortune ou paix et lover leurs souffrances, faute d’avoir trouvé leur vocation et bonheur, là où ils sont nés.
La question de l’identité est posée ainsi que la relation à la culture du pays d’origine pour ces nouvelles générations : Est-ce que le système français, basé sur l’assimilation, tient compte de la société multiculturelle comme d’autre pays dans le monde ?
La France est confrontée à ce que les sociologues appellent la transition identitaire. Depuis le début de l’immigration durant le 19ème siècle, les migrants venaient de l’espace européen. Un espace culturellement et ethniquement « homogène ». L’inclusion des immigrés s’est, alors, effectuée en deux temps : d’abord une intégration économique, dans une France économiquement forte et en reconstruction. Est venue dans un deuxième temps une assimilation anthropologique, allant jusqu’à la négation de l’identité d’origine.
Pour l’immigration en provenance du Sud, elle a gardé, depuis son origine, les séquelles du contentieux colonial, du clivage culturel, qui sous-tend la différence spirituelle. La France avait et aura du mal à accepter cette diversité culturelle au nom du refus du communautarisme et de l’égalité républicaine. Cela, par opposition au modèle anglo-saxon qui prévaut aux Etats-Unis et en Angleterre.
Mais en réalité, la France développe un discours ambigu vis-à-vis de la diversité culturelle. Quand la France a gagné la Coupe du monde, le « blanc, black, beur » était affiché, adulé et assumé… En revanche, quand l’islam et la culture arabo-africaine veulent exister et être visibles, la France s’enferme sur elle-même et dénonce l’intrusion des cultures et /ou religions étrangères à sa tradition judéo- chrétienne, européenne et gaullienne. Tel est le fond du problème et telle est la ligne de fracture du logiciel républicain.
La ville espagnole de Cordoue dans le sud de l’Espagne, est le théâtre d’une controverse autour de sa célèbre mosquée-cathédrale, propriété de l’Eglise que certains accusent de diluer son héritage islamique.
L’attraction touristique principale de la ville, inscrite depuis 1984 au patrimoine mondial de l’Unesco, est à la fois un monument majeur de l’art musulman et une cathédrale chrétienne depuis le Moyen Âge.
« Sainte Eglise Cathédrale » : Le touriste visitant l’édifice se verra remettre un document portant ce titre.
Il a été choisi par l’évêché de la ville, propriétaire de ce joyau architectural édifié par les émirs et califes omeyyades entre les VIIIème et Xème siècles. Après la conquête musulmane de l’Espagne, la mosquée avait elle-même été bâtie sur le site d’une basilique chrétienne.
Aujourd’hui dans son dépliant l’Eglise utilise onze fois le mot cathédrale, deux fois le terme mosquée et deux fois la formule « cathédrale, ancienne mosquée ». Quand au site internet, il est enregistré sous le nom de domaine « catedraldecordoba.es ».
Ce que n’apprécient pas ceux qui ont créé un groupe de pression, appelé « Mosquée Cathédrale patrimoine de tous », qui y voient une tentative de « changement de l’histoire ».
Dans l’Espagne conquise par les musulmans au VIIIe siècle, la mosquée était le principal lieu de culte de l’islam en Occident. Après la reconquête de la cité par le roi catholique Ferdinand III en 1236, les Castillans en firent à nouveau une église.
Une réforme législative du gouvernement de José María Aznar (Parti populaire, droite) a permis depuis 1998 à l’Eglise catholique de prendre possession de bâtiments religieux n’ayant pas de propriétaire officiel, sans avoir à prouver directement leur propriété.
C’est ainsi que le diocèse de Cordoue est devenu formellement propriétaire de la fameuse ancienne mosquée, le 2 mars 2006, pour la modique somme de 30 euros.
La cathédrale a été construite au XVIème siècle au coeur même de l’édifice. Mais jusque-là « tous les évêques de Cordoue s’étaient sentis (…) comme des protecteurs, pas comme ses propriétaires », explique Miguel Santiago, porte-parole de la plateforme.
L’église est « propriétaire légitime » depuis 1236 répond José Juan Jiménez, porte-parole du diocèse, évoquant sa « consécration » par le roi (un acte religieux qui rend sacré) cette année-là. « Ce temple est une cathédrale ».
L’Eglise l’a gérée pendant huit siècles en prenant soin de son architecture, alors que les musulmans avaient eux détruit la basilique originale qui remontait aux wisigoths, fait-il valoir.
Le groupe citoyen met aussi en cause la gestion culturelle et touristique du monument.
Empreinte de l’islam
« La mosquée-cathédrale est l’axe culturel de la ville, sa principale entreprise touristique. Changer son nom, c’est aller à l’encontre des intérêts touristiques de Cordoue et, c’est plus grave, contre son essence historique, artistique et symbolique », estime Miguel Santiago.
Cet enseignant en biologie de 59 ans affirme que l’Eglise minimise le passé de la mosquée en se bornant à évoquer « l’intervention islamique » dans son architecture, ou encore « l’empreinte » de l’islam.
Les musulmans de Cordoue sont restés discrets et à l’écart de la polémique. « La tentative de changement de l’histoire du bâtiment nous blesse, tenter d’effacer l’appellation mosquée », estime toutefois Kamel Mejelef, président de l’association des musulmans de Cordoue. « Les gens lorsqu’ils viennent à Cordoue, viennent voir la mosquée, pas la cathédrale ».
Le groupe de pression réclame que le bâtiment soit public et cogéré avec l’administration.
« Les curés s’y connaissent beaucoup en messes, mais je doute que cela soit le cas en matière de tourisme et de culture », résume Miguel Santiago.
En 2014, la mosquée cathédrale a reçu 1,5 million de visiteurs, (9,4% de plus que l’année précédente), qui ont fait rentrer dans les caisses de l’église près de dix millions d’euros.
Le débat autour du trésor architectural de Cordoue inquiète aussi son maire José Antonio Nieto (PP).
« Nous voulons clarifier les choses avant que cela n’aille trop loin et (nous voulons) que l’image de Cordoue soit celle d’une ville ouverte et de consensus où prévalent la concorde et la cohabitation », dit-il.
En attendant, une pétition demandant aux autorités espagnoles et à l’Unesco d’intervenir a recueilli près de 387.000 signatures sur le site change.org.
« En tant que cathédrale, elle est semblable à toutes les andalouses. Mais en tant que mosquée elle est unique », insiste de son côté l’experte en gestion du patrimoine María Ángeles Querol, de l’Université complutense de Madrid.
Les Tables Rondes de l’APAL ont présenté hier soir une intervention de Marie DAVIENNE – KANNI au CCO de Villeurbanne
avec l’association des Amis de la Présence Africaine, soutenu par le collectif Africa 50 :
Les couples mixtes :
leur formation, la réaction des tiers, l’affirmation de son choix, questions de point de vue… et au-delà des différences, suivi d’un débat très animé !
Le 3 janvier 2015 était célébrée la fête musulmane Mawlid an Nabi «Naissance du prophète». Bien que le Coran, ne la mentionne pas, la tradition situe la date de naissance de Muhammad ou Mahomet le 12 de Rabia al Awal, troisième mois du calendrier islamique, soit en 570 de l’ère chrétienne. Le calendrier islamique étant lunaire, la date de la célébration est décalée de dix jours chaque année sur le calendrier grégorien et a coïncidé cette année aux fêtes du Nouvel an. Elle sera de nouveau célébrée le 23 décembre 2015.
L’événement est fêté par la plupart des communautés musulmanes dans le monde, qu’elles soient sunnites ou chiites. Contrairement aux deux aïds, le petit (l’Aïd el-Fitr) et le grand (l’Aïd al-Adha), cette célébration ne fait pas partie des fêtes religieuses authentiquement sacrées. Aucune trace de cette fête n’existe en effet ni dans le Coran ni dans la Sunna (les paroles et actions du Prophète). L’anniversaire de Mahomet n’a jamais été célébré de son époque, mais a posteriori en Egypte au quatrième siècle de l’Hégire. Ce qui explique pourquoi certains mouvements affiliés au salafisme et au wahhabisme considèrent le Mawlid comme une innovation religieuse étrangère à l’islam et voient en elle une copie de la célébration de Noël chez les chrétiens ou de la Hanoucca chez les juifs. Ils la réprouvent même : Le cheikh Abdul Aziz Al-Asheikh, grand mufti d’Arabie Saoudite a redit cette année que c’était pécher que de célébrer la naissance du prophète.En dépit de la recrudescence de cette controverse ces dernières années, la tradition populaire, et notamment culinaire reste très vivace.Dans la plupart des États musulmans, le jour du Mawlid reste férié.
La naissance du Prophète est l’occasion pour la plupart des musulmans de se réunir pour se remémorer la vie de Mahomet, grâce aux lectures du Coran, des prières ou des chants religieux, et surtout de partager des plats spécifiques.
Dans les foyers musulmans, les débats vont bon train sur le choix de l‘assida que les femmes vont préparer. En effet, si cette crème dessert est communément partagée par tous les Etats arabes, il existe une multitude de variantes selon les pays.
Rien que dans les foyers tunisiens, on compte au moins deux façons de préparer cette crème. Une traditionnelle, la assida bidha ou assida blanche à base de semoule cuite à laquelle on ajoute du beurre salé (smen) et du miel. Et une autre, beaucoup plus raffinée mais aussi plus coûteuse, confectionnée à partir de graines de pin d’Alep (zgougou) nappée d’une crème pâtissière. Elle est ensuite décorée de fruits secs grillés et concassés.
En Algérie, celle qui reste la plus consommée est à base de semoule agrémentée de beurre et de sucre ou miel. Mais il existe plusieurs variétés d’assida à base d’huile d’olive, de miel et de lait appelé tagloudi ou hrira.
En Libye une seule est préparée à base de farine, au Soudan dans la région du Darfour elle est à base de millet, au Yémen elle est accompagnée d’une sauce épicée…
Au Caire, une autre tradition est très répandue. La fête commence dans la journée par une procession de la mosquée El Rifaï jusqu’à la mosquée El Hussein en passant par la citadelle. Le quartier d’El Hussein est illuminé par des centaines de guirlandes et de néons, des tentes aux couleurs chatoyantes ornées de dessins islamiques sont dressées dans les rues. Et surtout, les commerçants du quartier garnissent leurs étals de poupées et des chevaux en sucre d’orge de couleurs vives, que l’on offre aux enfants, poupées maquillées et habillées pour les petites filles et chevaux pour les petits garçons. Une tradition pittoresque, héritée de l’époque des Fatimides qui a bien failli se perdre dans les années 2000 avec l’arrivée de poupées en plastique venues de Chine… Les adultes ont aussi droit à leur confiseries : les «Halawet El Mouled» – douceurs du Mouled, tels que loukoums, croquants aux sésames ou aux cacahuètes.
Ainsi, la pérennité et l’attachement populaire à la célébration du Mawlid an Nabi doivent certainement beaucoup au folklore culinaire. Ils montrent la vitalité de l’islam et son esprit de convivialité, de partage et de joie, plutôt que de haine et d’exclusion même s’il s’agit d’un événement plus festif que religieux.
Recette pour l’assida zgougou
Ingrédients : pour 8 verrines
Pour la crème de zgougou
250g de zgougou moulu (chez votre épicerie orientale)1.50l d’eau minérale
150g de farine t55
25cl d’eau
150g de sucre semoule
1c à soupe d’eau de Rose
Pour la crème pâtissière recette
500g de lait
100g de sucre
45g de poudre de crème ou de maïzena
1 gousse de vanille
4 jaunes d’oeufs
Pour les finitions : fruits secs torrefiés moulus ou non (pistaches, amandes, pignons de pins et noisettes…).
Préparation :
Mélanger le zgougou moulu dans le 1.50l d’eau et passer au mixeur , Filtrer 3 à 4 fois à travers d’un tamis
Dans une casserole mettre la farine et 25cl deau minérale et puis le sucre et la crème de zgougou et mettre sur feu moyen sans cesser de remuer avec un fouet laisser cuire pendant 20 min
Dès que la crème épaissie retirer du feu ajouter l’eau de rose
Remplir vos verrines à moitié de crème et laisser refroidir
Entre temps préparer la crème pâtissière
Mettre le lait à chauffer dans une casserole avec le contenue de la gousse de vanille fendue et grattée
Mélanger à sec le sucre et la maïzena et ajouter les jaunes d’oeufs et mélanger énergiquement au fouet.
A ébullition du lait , verser-le sur le mélange précédent en remuant avec le fouet.
Remettre le tout dans la casserole lavée mais non séchée.
Faites cuire la crème sur le feu tout en fouettant elle doit bouillir au moins 1min 30 selon la quantité et ne surtout pas cesser de remuer pendant la cuisson
Dès que la crème est cuite retirer-la du feu et débarrasser-la dans une plaque large
Passer le beurre par dessus pour éviter que la crème croûte.
Recouvrir la crème d’un film alimentaire et la stocker au congélateur immédiatement pendant 10min.
Verser une couche de crème pâtissière sur la crème de zgougou et réfrigérer jusqu’au moment de servir décorer de fruits secs