« L’essentiel, c’est de participer ! »

DANIELLE ANDRÉ | LE 13.10.2014 À 12:12

Vendredi 29 septembre, 10 h, j’arrive «aux Minguettes». Plus précisément, au collège Paul Eluard à Vénissieux, dans la banlieue sud de Lyon. 24 paires d’yeux d’une classe de 6ème m’attendent, visiblement contents qu’une personne ait fait le déplacement rien que pour eux. Leur jeune professeure d’histoire-géographie fait les présentations. Elle a bien préparé ses élèves, car ils sont intéressés et attentifs. Je leur explique que je suis là pour cette première séance du jeu «l’Arbre à défis», pour les familiariser, eux et leur enseignante, à son fonctionnement, et qu’ils continueront à y jouer le reste de l’année. Voilà qui nous amène à définir le mot «défi» : pour eux, pas de doute, c’est «lancer un défi à quelqu’un». Je les questionne : «Ne peut-on pas aussi s’en lancer à soi-même, pour progresser ?».Pour jouer à « L’Arbre à Défis », il s’agira de se lancer des défis entre équipes d’élèves. Puis le verbe «collaborer». Et là, petit flottement ; un élève tente : «C’est faire quelque chose ensemble ?». «Bravo!», j’explique à tous que notre jeu permettra de construire un bel arbre tous ensemble, mais que l’équipe qui aura récolté le plus de points aura gagné. Dans mon élan, et pour pimenter cette notion, un peu trop sûre que je vais leur apprendre quelque chose, je leur demande s’ils connaissent la devise des jeux olympiques ; et là, une élève répond instantanément : «L’essentiel, c’est de participer !».

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(photo DR)

Voyant l’impatience des enfants, on entre dans le vif du sujet, après avoir détaillé les règles des 4 défis.

1ère carte : Défi de la «Bonne définition» avec le mot «Laïcité»

Agitation momentanée au moment du choix de l’équipe qui va préparer ce défi : sur le modèle du jeu du dictionnaire, il s’agit de proposer plusieurs définitions pour une notion. Ils veulent évidemment tous y aller, d’autant plus qu’ils vont préparer ce défi en équipe, dans une petite pièce jouxtant leur salle d’histoire-géo. Enfin, en équipe, c’était l’idée de départ… Vu le bruit qui parvient de la petite salle, je décide d’y aller ! Grosse foire d’empoigne ! Pas pour rédiger la définition, non, mais pour savoir qui va la lire devant le reste de la classe. Je leur rappelle la devise de Pierre de Coubertin, bien lointaine à ce moment précis, puis les aide à rédiger la définition. C’est un exercice difficile, de réduire un texte de 10 lignes en une phrase… Il y a ceux qui n’ont retenu qu’une phrase et qui veulent absolument que ce soit celle-ci ; et ceux qui n’ont pas vraiment compris et qui continuent de se chamailler, ou encore ceux pour qui c’est vendredi et qui regardent un peu par la fenêtre, du côté du week-end… Ils réussissent à se mettre d’accord sur une phrase, «La laïcité, c’est la séparation des affaires des églises et de l’Etat», et une élève la recopie, très lentement et avec application. Ils désignent ensuite celui qui va lancer le défi devant les autres.

Arrivé devant la classe, deux petits «miracles» ! Dès qu’il prononce le mot «laïcité», une élève sort de son cartable ce qu’ils ont déjà travaillé avec leur professeure à ce sujet : à partir d’un conte de l’Observatoire de la laïcité, ils avaient abordé les notion de différences de calendrier, de monothéisme, polythéisme, athéisme et agnosticisme et des moyens pour permettre à ces différentes convictions de coexister. Elle est visiblement très contente de le faire et éveille la curiosité des autres élèves qui se sentent ainsi concernés. Elle fait sans le savoir ce qui est le plus important pour un élève ; elle réactive d’elle-même des connaissances passées, preuve qu’elle a bien compris et est capable de s’en servir à bon escient. Deuxième petit miracle : après le comptage des points, l’élève qui a lancé le défi lit le texte de la carte «Laïcité» d’une bonne voix et sans hésitation. «Félicitations ! Tu as lu très clairement». J’ajoute que c’est essentiel de savoir lire, parler, défendre des idées devant ses camarades. Encore une compétence que « L’Arbre à défis » permet facilement de développer.

2ème carte : Défi du « Mot inconnu » avec le lieu «  La Mecque ».

Ils adhèrent très vite à ce défi car tous ou presque connaissent les règles du jeu «Taboo» dont il s’inspire : il s’agit de faire deviner le plus vite possible aux autres équipes un mot, sans en utiliser certains. L’équipe choisie pour ce défi est très excitée du mystère qui plane autour du mot secret, et de partir en chuchotant vers la petite salle ! Cette fois-ci, je vais d’emblée avec eux. S’amorce une discussion pour le choix des 3 indices ; tous connaissent La Mecque, avec cependant pas mal d’approximations. Par exemple le mot «pèlerinage»ne sort qu’avec mon aide. Le mot « musulman » vient en premier, comme celui de «mosquée». Je les laisse faire le choix de l’ordre, et on retourne vers la classe. Le mot inconnu est très vite trouvé, puis une élève lit le texte correspondant à cette carte, devant ses camarades, sur l’estrade. Elle a une bonne diction et tout se passe bien, jusqu’à la lecture des mots, en arabe dans le texte, «Al Masjid Al Haram» ; elle a beaucoup de mal à s’empêcher de rire en le lisant car elle bute sur la langue. Mais en même temps, elle est très gênée, surtout quand une élève s’exclame : «C’est pas bien ! Il  faut pas rire quand on parle de ça !». Leur professeure intervient : «laisse la s’exprimer et ne lui fais pas la morale ». L’élève poursuit sa lecture, en s’appliquant pour les deux derniers mots en arabe:«Ka’ba» et «hadj». Ce petit incident souligne bien que pour ces 24 élèves, dont 21 sont musulmans, ce n’est pas si facile de faire référence à sa culture. S’ils en sont fiers, ils n’ont pas tous les éléments pour bien l’assimiler : ici la connaissance de la langue arabe. Il y a comme une gêne à en parler, comme si cela leur rappelait une fois de plus cette origine qu’ils ont parfois du mal à assumer. A ce moment me revient en mémoire une chanson du groupe Zebda  qui fait référence à cette double appartenance, parfois difficile à vivre. A-t-on vraiment réalisé ce que cela représente pour eux de vivre cette double culture ? Le chemin est long pour qu’elle signifie, pour eux, une richesse…

3ème carte : Défi «Vrai ou faux» avec le mot «mosquée»

Je présente ce défi, car ici toutes les équipes jouent. Je lis le texte et leur pose 6 questions «vrai» ou «faux». Un peu de brouhaha pour donner la réponse. Plutôt que de désigner un élève par équipe pour la dire, on décide ensemble de l’écrire sur un papier, ce qui évite d’entendre trop tôt la bonne réponse et de tricher. Comme les élèves connaissent tous bien ce mot, et qu’ils ont bien écouté le texte que j’ai lu, les bonnes réponses sont nombreuses ; les points  s’accumulent pour chaque équipe, l’arbre s’étoffe, et ils sont heureux !

4ème et dernière carte : Défi des «stéréotypes» avec la photo d’un visage d’homme au teint basané, portant un turban sur la tête et une chemise sans col

Avant de le lancer, il s’agit d’élucider le sens du mot «stéréotype». Dans un premier temps, aucun élève ne trouve. Quand je leur donne un synonyme, «préjugé», les langues se délient. L’un s’exclame : «C’est formé avec deux mots : « pré » (avant) et « jugé » (juger quelqu’un) : ça veut dire juger quelqu’un avant de le connaître». Je suis émerveillée de les voir faire des ponts aussi facilement avec d’autres matières. On revient au mot«collaborer» : il y a une «collaboration» des matières ! Mais revenons à notre défi ! Il s’agit de trouver la religion de cet homme, après leur avoir montré sa photo : est-il musulman, chrétien ou juif ? J’écoute leurs discussions. A aucun moment, une équipe n’imagine qu’il est chrétien, car l’élément déterminant pour eux, auquel je n’avais pas pensé, est la «gandoura», cette sorte de chemise longue sans col portée par cet homme. Les avis sont cependant partagés : trois équipes pensent qu’il est musulman, et une équipe, qui «sent» le piège, affirme qu’il est juif, «sinon ce serait trop facile !». Pas une n’a imaginé qu’il pouvait être chrétien : or cet homme est copte. Grosse déception : «Ben comment on pouvait savoir ?! Il avait l’air d’un arabe… ». Je les rassure «Effectivement, c’était dur de trouver, et de toutes façons aucune équipe n’a eu de point». J’enchaîne pour dénouer avec eux l’amalgame entre «arabe» et «musulman». L’un fait référence à une appartenance géographique, historique, l’autre à une appartenance religieuse. Ce n’est pas simple, et il faudra qu’ils le reprennent avec leur professeure, qui pourra s’aider des cartes «arabe» et «musulman» de notre jeu.

Danielle André, est experte associée à Enquête, dirigée par Marine Quenin

http://www.enquete.asso.fr/

Aumôniers : accompagner et soigner les âmes à l’hôpital

Matthieu Stricot et Fabien Leone – publié le 23/04/2014

Religieux et fonctionnaire à la fois, le métier d’aumônier est méconnu. Pourtant, cette profession couvre des territoires aussi essentiels que l’armée et l’hôpital. Un rôle d’accompagnement dans la vie comme dans la mort, tout en respectant la religion de chacun. Anne Thöni, pasteur-aumônier à l’hôpital Avicienne de Bobigny, a témoigné de son métier lors d’un colloque organisé par le Cefrelco*, début avril, à Paris.

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© Stéphane OUZOUNOFF/CIRIC

À la fois dépendant de sa tutelle religieuse et soumis à l’autorité de l’hôpital, « l’aumônier est en quelque sorte un agent double », sourit Anne Thöni, pasteur-aumônier et coordinatrice de la première aumônerie interreligieuse à l’hôpital Avicenne de Bobigny pendant dix ans.

L’aumônier ne doit trahir ni celui qui l’envoie, ni celui qui l’embauche. Cela doit être vécu « comme un mariage en alliance avec la laïcité. L’aumônier se trouve au carrefour du public et du privé, sans les mélanger », rappelle-t-elle. C’est une règle primordiale sinon le professionnel sera « écartelé » par cette double appartenance.

Un collègue catholique lui confia un jour son exaspération d’être cantonné « à donner un coup de goupillon sur les cercueils ». Anne Thöni persiste et signe : « nous ne sommes pas des gens de la mort mais de la vie » ! Au-delà des obsèques, la mission principale est d’accompagner, d’évaluer les besoins et promulguer des soins spirituels.

La spiritualité tient une place dans la guérison

Les hôpitaux sont des lieux de souffrance où la spiritualité peut occuper une place primordiale pour le patient. Pour certains malades, « c’est une pratique intégrante du quotidien. Elle peut constituer une place importante dans le processus de guérison », observe le pasteur-aumônier.

Anne Thöni se souvient « d’une patiente protestante évangélique. Elle m’explique qu’elle est fichue et qu’elle n’arrive plus à prier. Point par point, je tente de lui faire comprendre que sa culpabilité la bloque dans sa pratique. Nous avons échangé longuement au point de faire de la théologie. Avec les textes bibliques, je lui ai montré ce Dieu qui accueille. Après des mois de dialogue, elle retrouve la force de prier. Depuis cinq ans, elle vit chez elle et, bien que toujours bien malade, transcende son quotidien ».

La nécessité des aumôneries interreligieuses

La France est un pays traversé par un pluralisme religieux que les services d’aumôneries se doivent de traduire. Anne Thöni rappelle que « l’interreligieux n’est pas la fusion des cultes mais l’égalité des cultes. Ni minoritaire, ni majoritaire et surtout pas dominante ; une religion ne doit pas imposer sa vérité à l’autre », insiste-t-elle.

Les aumôneries interreligieuses sont « des alliances de bonne volonté où le respect se conjugue à tous les modes (le monde de l’hôpital, les autres cultes et la singularité des personnes).»

Ces années passées à l’hôpital Avicenne à Bobigny au côté d’aumôniers catholique, orthodoxe, juif et musulman ont été pour Anne Thöni « dix ans de bonheur ».

A lire aussi :

> Les aumôniers : aux frontières de l’homme et des croyances

http://www.lemondedesreligions.fr

Plus de salariés préoccupés par l’égalité des chances

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Rédigé par La Rédaction | Mercredi 8 Octobre 2014

Alors que le gouvernement s’apprête à lancer un groupe de travail sur les méthodes de recrutement« non discriminantes », le MEDEF a rendu public, mercredi 8 octobre, son baromètre 2014 de la perception de l’égalité des chances en entreprise.

Ces résultats, fruits d’une enquête réalisée par TNS Sofres auprès de 1 000 personnes du 5 au 19 mai dernier, veut témoigner de « la perception qu’ont les salariés du climat d’égalité des chances en entreprises ». Cette étude lancée depuis 2012 par l’organisation patronale permet de voir l’évolution de cette problématique. Il est ainsi constaté que, par rapport à l’année 2013, l’attention des salariés est plus grandissante vis-à-vis de l’égalité des chances qui « revient dans le « top 3 » des priorités des salariés français du privé ». 87 % des sondés jugent qu’elle doit être une priorité contre 84 % en 2013. Autre constat à saluer : « la perception du risque discriminatoire s’atténue en 2014 », note le MEDEF.

L’étude s’attache également à évaluer les évolutions des différents facteurs de discriminations en entreprise comme le genre, le handicap ou la religion. D’un point de vue général, il est remarqué que « les profils les plus sujets à risques semblent aussi être moins stigmatisés ».

Saphirnews reviendra prochainement en détails sur les résultats de ce nouveau baromètre.

Pour en savoir plus : http://www.saphirnews.com

La Charte de la diversité sans effet contre les discriminations ethniques

 

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Rédigé par La Rédaction | Mercredi 24 Septembre 2014

Dans le monde de l’entreprise, l’instauration de la Charte de la diversité n’a pas permis de lutter contre les discriminations ethniques, selon une étude du Conseil économique, social et environnemental (Cese) publiée mardi 23 septembre.Intitulée « L’apport économique des politiques de diversité à la performance de l’entreprise : le cas des jeunes diplômés d’origine étrangère », cette étude dresse le bilan de la Charte de la diversité, dix ans après son lancement. Face aux discriminations « liées aux origines et particulièrement les discriminations rencontrées par les jeunes diplômés issus de l’immigration dans le cadre de la recherche de leur premier emploi », le but de cette charte instaurée en 2004 était « d’introduire des profils issus de la diversité à des postes à responsabilité », rappelle Sonia Hamoudi, rapporteure de l’étude dans une vidéo publiée sur le site du Cese.Mais bien que cette charte ait été signée par plus de 3 000 entreprises ou établissements publics à ce jour, les discriminations liées à l’origine persistent toujours. « Force est de constater que l’objectif de la Charte (qui représente, pour 7 entreprises sur 10, leur seul engagement contre les discriminations), à savoir l’accès de l’entreprise aux jeunes diplômés d’origine étrangère à des postes de responsabilité, n’a pas été atteint », peut-on lire dans le rapport du Cese.

« On constate que les entreprises ne sont pas suffisamment aux couleurs de la France notamment dans les postes à responsabilité », commente Mme Hamoudi. Alors que la Charte de la diversité mettait au départ l’« accent sur la diversité des origines » elle a « progressivement intégré d’autres sujets » comme l’égalité hommes-femmes, les seniors, le handicap, « plus faciles à traiter » et « la diversité des origines a été reléguée au dernier plan », fait-elle remarquer.Deux semaines avant la publication de cette étude, l’Institut Montaigne, déplorait déjà l’inefficacité de cette charte sur les discriminations concernant les origines ethniques alors qu’à l’inverse le think-tank notait que « les discriminations liées à l’âge, au genre et au handicap ont fait l’objet d’une véritable prise de conscience ». La politique visant à promouvoir l’égalité des chances pour les personnes de culture et de traditions variées ne peut être efficace sans lutter véritablement contre le racisme structurel en France.

Pour en savoir plus : http://www.saphirnews.com

La diversité culturelle, c’est aussi du développement durable

Pascale ThumerelleCULTURE – Comment nourrir les capacités créatives des générations actuelles et futures? Comment éviter la monoculture? Comment associer investissements culturels et développement humain? Comment permettre aux générations actuelles et futures de satisfaire leur besoin de communiquer, de nourrir leur curiosité et de développer leurs talents? En encourageant le dialogue interculturel….

Lire la suite   http://www.huffingtonpost.fr/pascale-thumerelle/diversite-culturelle-_b_3527461.html