Former les profs à la laïcité : d’accord, mais comment ?

 Philippe Gaudin, directeur adjoint à l’Institut européen en sciences des religions, a été désigné avec d’autres pour concevoir les contenus, méthodes et priorités de la formation à la laïcité.
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(Photo d’illustration) (Jean-Pierre Clatot/AFP PHOTO)
Le 21 janvier dernier, François Hollande donnait le coup d’envoi d’une mobilisation générale de la communauté éducative autour des valeurs de la République. Au premier rang desquelles la laïcité. Le lendemain, c’était au tour de la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem d’annoncer une série de mesures, pas tout à fait neuves pour la plupart.

On retiendra toutefois la volonté de généraliser l’enseignement de la laïcité. Ce qui existe déjà mais dans une toute petite proportion. L’idée, cette fois, est de créer un effet domino de grande ampleur : former des formateurs qui formeront les professeurs qui formeront les élèves. Pas simple à mettre en oeuvre. Et pour l’heure, rien n’a été tranché sur le fond.

Tout au plus sait-on que les programmes des cours d' »Enseignement moral et civique », mis sur les rails par l’ancien ministre Vincent Peillon, qui entreront en vigueur à la rentrée 2015, vont être réécrits. Mais après ? Philippe Gaudin, responsable des formations recherche à l’Institut européen en sciences des religions (IESR) et ancien professeur de philosophie (1), a été choisi avec d’autres pour mettre en œuvre ce projet. Il définit pour « l’Obs », les contenus, méthodes et priorités de ce nouvel enseignement.

Enseigner les faits religieux

« A l’IESR, nous ne dissocions pas la nécessité d’une formation sur la laïcité d’une formation sur les faits religieux, qui ont tendance à disparaître des programmes d’Histoire ou de Français. Exemple : l’étude de la religion aux Etats-Unis au XXe siècle par exemple a disparu, alors qu’on ne peut comprendre Martin Luther King sans connaître son contexte religieux. L’effort n’a pas été soutenu depuis 1995, car c’est un enseignement transversal. Difficile d’entretenir la flamme !

Qu’on se comprenne bien. Enseigner le fait religieux, comme l’a recommandé le rapport de l’historien Philippe Joutard dès 1989, n’est pas faire entorse à la laïcité. Il s’agit plutôt d’une maturation, d’une extension de la laïcité, dans un monde qui ne ressemble plus à la France de 1905. Nous vivons dans une société à la fois très sécularisée, et dans laquelle les identités religieuses peuvent se manifester, pour le meilleur et pour le pire. Face à cela, l’école ne peut rester muette.

Je vois deux grandes justifications à l’enseignement des faits religieux :

– Intellectuelle : on ne peut pas bien comprendre le passé, ni le présent, si on n’a pas une bonne connaissance des faits religieux ; et on ne peut pas non plus comprendre le patrimoine artistique.

– Politique : pour faire société dans un monde marqué par une nouvelle pluralité religieuse, il faut une culture commune. D’où l’expression de Régis Debray, d’une « laïcité d’intelligence ».

La laïcité ainsi entendue n’est pas ouverte à tous les vents, ni une sorte de libre-service où toutes les religions s’exprimeraient n’importe comment. Elle reste fidèle à l’esprit de l’école, celui de la connaissance et du savoir.

Apprendre à penser

« Pour la rentrée 2015, il n’est pas prévu de faire un cours de laïcité spécifique. Cette notion sera intégrée à l’enseignement moral et civique, prodigué de l’école maternelle à la terminale, environ une heure par semaine, mais sous la forme d’ateliers par exemple, à l’image des TPE. Toute la communauté éducative sera concernée.

On pourrait y discuter des questions autour de la cantine, par exemple. L’idée est de proposer un enseignement laïc de la morale et non d’enseigner « la morale laïque », qui était l’expression initiale de Vincent Peillon quand il a lancé le projet. Autrement, il ne s’agit pas d’enseigner une morale toute faite – à part les règles de droit fondamental – mais d’apprendre le questionnement éthique et de le traduire dans son comportement. C’est peut-être une façon d’apprendre à agir avec sagesse avant la classe de philosophie !

Ce qui n’exclut pas pour autant que les questions de laïcité soient présentes dans tous les autres enseignements. A l’issue de la formation, il y aura une forme d’évaluation, mais certainement pas telle qu’elle est pratiquée habituellement, avec copies et notes. Elle reste à définir. »

Démultiplier les référents laïcités

« Notre institut participera à la formation des formateurs. Sur les 1.000 formateurs annoncés, nous allons d’ores et déjà nous appuyer sur les « référents laïcité » des académies créés en 2014, en général composés d’inspecteurs ou de professeurs d’Espé (Écoles supérieures du professorat et de l’éducation). Eux-mêmes, devront trouver d’autres formateurs et toucher ainsi le plus grand nombre de professeurs possible. Ce processus commence à peine, la tâche sera rude.

Former les futurs professeurs d’abord

La priorité, c’est la formation initiale des jeunes générations d’enseignants, de façon à toucher tous les futurs professeurs à partir de maintenant. Il doivent recevoir une formation dans trois domaines : la laïcité, les faits religieux et une préparation à enseigner cette nouvelle discipline qui sera dans les programmes dès la rentrée 2015.

En revanche, impossible de former tous les professeurs en poste à court et moyen terme. Si les modules de formations ne peuvent s’adresser à 50 personnes à la fois et s’il y a 100.000 professeurs (sur environ 800.000) à former, cela fait un très grand nombre de modules de formation ! »

Cibler les établissements en difficulté

« Est-ce qu’il ne faudrait pas une étude sérieuse sur ce qui se passe dans les établissements de l’ensemble du territoire du point de vue de la laïcité ? Avec une équipe de chercheurs indépendants, une méthodologie scientifique, une déontologie transparente et, pourquoi pas, un conseil de surveillance scientifique et politique.

Y-a-t-il des difficultés ? Y-a-t-il des élèves qui refusent d’écouter leurs professeurs sur telle partie du programme ? Sans doute observerait-on que la situation est bonne dans de nombreux établissements. Cela contribuerait à rasséréner le climat moral, social et politique en France. Il apparaîtrait – dans quelle proportion je ne sais pas – qu’une minorité d’établissements posent problème. Il faudrait alors clairement les identifier et connaître précisément  leurs difficultés.

A partir de là, on peut avoir une vraie politique volontariste avec de gros moyens -pas seulement au sens financier mais aussi ‘moral’ justement !-pour y apporter un remède. L’école porte toutes les misères du monde et elle n’a pas le pouvoir de les supprimer. Mais on y verrait plus clair. L’école est l’âme de la République et sur le plan de notre pacte politique, la République est l’âme de la France. Si notre école va mal, c’est l’ensemble de la communauté nationale qui va mal. Ce ne serait donc pas une dépense mal placée. »

Propos recueillis par Sarah Diffalah

(1) « Vers une laïcité d’intelligence en France ? L’enseignement des faits religieux en France comme politique publique d’éducation depuis les années 1980 », Presses Universitaires d’Aix-Marseille, 2014.

« Double défi pour l’école laïque : enseigner la morale et les faits religieux », Riveneuve éditions, 2014.

L’Institut européen en sciences des religions est une composante de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Il a été créé après le rapport de Régis Debray en 2002 qui préconisait un pont entre le monde de la recherche universitaire et tous ceux qui ont besoin de formation sur le fait religieux, notamment dans l’administration publique. Ses fonctionnaires travaillent pour l’Education nationale, et sont donc en concertation avec le ministère, ainsi qu’avec la Direction générale de l’Enseignement scolaire, mais apportent la plus-value et l’indépendance universitaire et scientifique. L’Institut a été nommé par la ministre de l’Education pour participer à la formation des formateurs à la laïcité.

Publié le 04-02-2015 à 11h03

Pour en savoir plus : http://tempsreel.nouvelobs.com/

L’opportunité économique du marché multiculturel

Avec plus de 11 % de sa population d’origine étrangère, la France est la plus importante société multiculturelle d’Europe (1). Un monde métissé aux multiples habitudes de consommation auxquelles les marques globales ne parviennent pas toujours à répondre. Une niche de croissance encore trop souvent délaissée par les entreprises françaises qui y trouveraient pourtant là une opportunité de rebondir en cette période de crise.

Au nom de l’universalité du modèle français et de la crainte qu’inspire toujours le communautarisme, le marché « ethnique » peine à se développer dans notre pays, contrairement aux autres pays tels que les Etats-Unis ou l’Angleterre. En dehors de l’alimentaire, des cosmétiques et des télécommunications, les entreprises limitent leurs investissements dans ce secteur pourtant très prometteur. Le poids économique des consommateurs issus des différentes communautés est en effet estimé à plus de 10 milliards d’euros par l’agence Sopi. De ce fait, les entreprises françaises gagneraient donc à développer des stratégies marketing spécifiques correspondant à la communauté à qui elles s’adressent.

Sortir des réseaux spécialisés

De grands groupes tels que Nestlé ou l’Oréal se sont d’ailleurs positionnés en leaders sur ce marché en attente de réponses spécifiques. Les laits fermentés ou caillés, un produit consommé en général en accompagnement de plats orientaux traditionnels, ont fait leur apparition dans les gammes de produits laitiers, tandis que le numéro un mondial des cosmétiques, a développé une gamme de produits entièrement dédiée aux besoins spécifiques d’une population ethnique diverse. Un investissement gagnant puisque les femmes noires et métissées dépensent, en moyenne, 980 € par an pour les produits cosmétiques, contre 250 € pour les femmes dites caucasiennes. En volume, elles achètent neuf fois plus de produits (2). Une manne qui n’a pas échappé aux stratèges de la marque, d’autant qu’en mal de reconnaissance, ces consommateurs aspirent à sortir des réseaux de distribution spécialisés qui captent encore plus de 85 % de leurs achats, pour trouver dans la grande distribution les produits dont ils sont friands. Le développement des secteurs halal (5,5 milliards d’euros en 2011 selon Nielsen) dans les hypermarchés en témoigne.

Des marchés en croissance

À l’évidence, ces marchés constituent en effet de vrais relais de croissance en période de crise. Ils vont continuer à se développer et acquérir une maturité, sous l’impulsion d’offres qui vont s’étoffer, et de circuits de distribution qui vont s’organiser. Les marges de progression sont grandes. Aujourd’hui, plus de 70 % des achats de viandes halal, dont les ventes progressent de 15 % par an, se font encore auprès des boucheries spécialisées. Et au-delà des secteurs traditionnels, de nouveaux acteurs s’intéressent de plus en plus fortement à ces consommateurs jeunes et urbains concentrés principalement dans cinq régions et sensibles à la valorisation de leur groupe ethnique. Swiss Life a ainsi lancé la première assurance vie répondant aux valeurs de l’Islam. Le halal peut en effet s’inscrire dans les composantes transversales actuelles et aller vers la praticité, le nomadisme, la santé, le bien-être, comme le souligne Sébastien Monard, insight manager chez Nielsen.

S’ouvrir au marketing ethnique

Même si la République ne forme qu’une communauté indivisible, force est de constater que la diversité est bel et bien une réalité de notre société. Or les marques ont encore trop tendance à oublier les minorités ou à jouer sur les clichés réducteurs. 88 % des publicités ne font encore apparaître que des modèles de type caucasien. Pour capter l’attention de cette population dont le pouvoir d’achat ne cesse de progresser, les entreprises doivent plus largement s’ouvrir à leurs habitudes de consommation, proposer des gammes dédiées répondant à leurs attentes spécifiques et ne pas hésiter à construire un discours fondé sur leurs codes, comme c’est déjà le cas depuis plusieurs années aux Etats-Unis. Le marketing ethnique ciblé existe d’ailleurs déjà dans les réseaux de distribution spécialisés où les marques diffusent des publicités dédiées. Rien d’étonnant à cela. De même que les marques adaptent leur discours selon les tranches d’âge du consommateur, il apparaît logique de prendre en considération les attentes spécifiques d’un public en attente de réponses appropriées. Une prise de conscience objective des nouvelles réalités du marché devrait nous aider à faire tomber ce tabou très français.

(1) source INSEE
(2) source L’OREAL.

 

Sabrina Fodzo

 

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Le sens des mots

Je reconnais au Premier ministre le mérite d’avoir décrit une réalité de l’immigration souvent minorée ou même déniée. Manuel Valls a eu raison de parler de « misère sociale », de « ghetto », de « relégation périurbaine », de « misère sociale », auxquelles « s’additionnent les discriminations quotidiennes parce que l’on n’a pas le bon nom de famille, la bonne couleur de peau ». Tout ceci existe, c’est la réalité quotidienne de millions de Français, et même des « immigrés » les mieux intégrés.

Il fallait enfin poser le diagnostic et admettre la réalité. C’est un premier pas encourageant pour la classe politique française qui, depuis des décennies, a refusé d’admettre les immenses problèmes liés à l’intégration. Ce refus est d’autant plus scandaleux qu’il est le résultat, soit d’une naïveté méprisante, soit d’une mauvaise conscience ou encore d’une méconnaissance coupable. Espérons que ces déclarations soient une étape franchie, un acquis sans retour pour qu’enfin, les gouvernements puissent agir concrètement sans fausse pudeur ou mystifications paralysantes.

Pourtant, il faut reprocher au même Premier ministre l’emploi d’un mot qui se voulait fort pour décrire cette situation, « l’apartheid », mais c’est un mot faux. En effet, si la situation de certains « quartiers » est très inquiétante et que le sort réservé à une grande partie de la population issue de l’immigration est, à bien des égards, scandaleuse, la France ne connaît pas une situation d’apartheid. Le laisser penser est dangereux.

Dangereux pour la nécessaire sérénité et quiétude qui doit exister entre les Français, quelles que soient leurs origines. Dangereux pour les « minorités visibles » de se laisser cantonner à être perçues comme une population ségrégée. Dangereux car ceux qui dénoncent et luttent contre la société, en dévoyant une idéologie politico-religieuse pour provoquer des actes abjectes, pourraient croire qu’ils sont des héros en puissance. En effet, Nelson Mandela a été pendant des décennies considéré comme un « terroriste » par le pouvoir sud-africain. Ne donnons pas l’occasion à nos terroristes en puissance de croire à un destin de libérateur d’un « peuple ». Ce sont des fous ou des terroristes dangereux qui instrumentalisent la religion pour assouvir leurs pulsions meurtrières.

La France n’est pas une société qui organise et légitime la discrimination et le racisme. Les mots ont un sens. Dire « apartheid » voudrait dire aussi que toutes les personnes issues de l’immigration se retrouvent de l’autre côté d’un mur invisible les séparant des Français d’origine. Ce n’est pas vrai. De la même manière, le Premier Ministre ne peut pas dire que l’intégration n’est pas un « mot qui ne veut plus rien dire ». La France est le pays où les mariages mixtes sont les plus nombreux. L’immense majorité des Français d’origine sont totalement étrangers à l’idée de racisme et, encore plus, à ses pratiques. La France sait que la diversité est une chance pour elle. Et enfin, une grande majorité de Français issus de l’immigration sont la preuve vivante d’une intégration réussie. L’immigration ne se résume pas qu’aux échecs scolaires, à la violence, aux quartiers sensibles, au chômage ou à une pratique religieuse.

Plusieurs acteurs se mobilisent, comme Le club XXIe siècle, pour changer les représentations de la diversité dans la société française. En dix ans, beaucoup de choses ont changé. Certes, pas assez et pas assez vite. Mais les Français issus de la diversité qui sont « visibles » ne sont plus uniquement des sportifs et des rappeurs. Ces Français sont aussi ministres, entrepreneurs, médecins, chercheurs, journalistes, présentateurs à la télévision, élus, hauts fonctionnaires, cadres en entreprise, et tous ceux que l’on ne voit jamais mais qui sont des citoyens honnêtes, travailleurs, fiers.

La France « diversifiée » s’intègre et travaille. Les Français issus de la diversité sont fiers d’être Français à l’image du discours émouvant de Lassana Bathily prononcé lors de la cérémonie où il a été fait français. Les Français issus de l’immigration ont souffert, comme tous les Français, lors des attaques terroristes qui ont fait des victimes françaises comme nous. Nous souffrons aussi parce que nous savons le prix que nous en aurons à payer dans le regard des autres, nous craignons encore plus de préjugés, encore plus de défiance, encore moins d’avenir.

La perte d’espérance est le pire des horizons que l’on puisse imaginer pour un citoyen. Si l’on ajoute à cela les discriminations ethniques ou religieuses, la situation peut devenir hors de contrôle. Il est donc urgent de cesser d’opposer les Français, les uns aux autres. Il ne doit y avoir que des citoyens français, aspirant à vivre ensemble. Encore une fois, le sens des mots est important. Que l’on cesse de parler de musulmans de France ou de juifs de France, mais plutôt de citoyens français de confessions musulmane, juive ou catholique.

Aujourd’hui, le plus important serait de redonner l’espoir, à tout un peuple, d’un avenir meilleur. Dans la difficulté et sans espérance, un peuple se déchire, les tensions croissent, les incompréhensions et les haines surgissent et les violences deviennent possibles.

La France est malade et les Français de toute origine souffrent. La France est malade d’une éducation nationale défaillante pour tous les Français. La France est malade de ses institutions que tous les Français respectent de moins en moins. La France est malade d’un chômage structurel de masse qui touche tous les Français. La France est malade d’une urbanisation impensée et chaotique. La France est malade d’une violence non-maîtrisée.

C’est ensemble que tous les Français doivent construire leur avenir. Les responsables politiques doivent s’attacher à prendre en compte la réalité, rien que la réalité et toute la réalité, sans exagération, sans stigmatisation. Maintenant, ils doivent imaginer les solutions et penser le futur d’une France apaisée, forte et fière de ses valeurs.

Arnaud Dupui-Castérès, Président de Vae Solis Corporate, cabinet de conseil en statégie d’information et communication de crise

Publication: Mis à jour:

Pour en savoir plus : http://www.huffingtonpost.fr/

Diversité : mélange explosif ou modèle vertueux ?

Epices

Les adversaires des sociétés multiculturelles ont de quoi se réjouir. Dans de nombreuses parties du monde, au Moyen-Orient (Syrie, Irak), en Afrique (Libye, Mali, Nigeria), en Asie, des guerres civiles font rage, opposant bouddhistes et musulmans, chiites et sunnites, arabes et noirs, chrétiens et musulmans, musulmans et juifs.

La France, on le voit bien aujourd’hui, n’est pas épargnée par une violence à base ethnique et religieuse. Depuis quelques jours, lieux de culte juifs et musulmans sont sous protection policière. Les réseaux sociaux bruissent d’anathèmes entre communautés. Des personnalités telles que Thilo Sarrazin en Allemagne, David Cameron en Grande-Bretagne, sans parler de nombreux politiciens français, proclament l’échec du multiculturalisme. La seule solution pour eux: un modèle d’intégration laïc gommant toute manifestation publique de différence, et notamment de religion.

L’exemple de trois pays d’Asie du Sud-Est permet pourtant de battre cette idée en brèche. En Birmanie, en Malaisie et à Singapour, les Britanniques avaient suscité des mouvements migratoires et la constitution de sociétés « plurielles » afin de nourrir le développement économique de leur empire. Lors de leur indépendance, ces territoires s’étaient donc retrouvés peuplés par des ethnies majoritaires (Bamar au Myanmar, Bumiputra en Malaisie, Chinois à Singapour) mais également des ethnies/religions minoritaires, avec des affrontements violents, culminant dans les années 1960.

Le Myanmar va réprimer, parfois de façon sanglante, les minorités présentes sur son sol, et notamment la minorité musulmane et les ethnies Kachins et Karens, tenues pour responsables de tous les maux. La plupart des descendants d’immigrés indiens et chinois sont expulsés. Les dictateurs combattent la diversité physiquement.

La Malaisie adopte une politique plus ouverte. Les Chinois peuvent continuer à posséder des entreprises. Pour autant, se met en place, dans la foulée des émeutes du 13 mai 1969 (dans laquelle plusieurs centaines de Chinois sont tués), une constitution dans laquelle est gravée dans le marbre la « préférence ethnique » en faveur des Bumiputras, groupe majoritaire dominé du temps de la colonisation. 80% des postes de fonctionnaires leur sont réservés. Des quotas similaires existent dans l’enseignement supérieur, ce qui provoque une émigration de Chinois et d’Indiens, partant faire leurs études à l’étranger.

Singapour prend une troisième voie. Davantage encore qu’en Malaisie, des investissements massifs sont réalisés dans l’éducation, et le pays parie sur la libre entreprise. Mais plutôt que de prendre acte de la domination de l’ethnie majoritaire (les Chinois à 75%), les dirigeants singapouriens mettent en place une politique volontariste imposant la coexistence entre les différentes ethnies, quartier par quartier, immeuble par immeuble. La diversité est célébrée en tant que telle lors d’une journée dédiée, le Harmony Day. Les autres jours de congés nationaux sont ceux des différentes religions en présence (bouddhiste, musulmane, chrétienne). Les enfants sont éduqués dans le plurilinguisme.

Une très grande attention est donnée à l’intégration, avec un soutien systématique des élèves en difficulté (cours particuliers gratuits pour les jeunes enfants qui peinent à apprendre et à lire). Toutes les filières d’enseignement sont également dotées et valorisées. Une construction patiente et systématique d’une identité commune, sans laissés pour compte.

L’exemple de ces trois pays illustre la latitude dont bénéficient les gouvernements pour réprimer les différences, les contenir en les laissant subsister, ou pour en faire un avantage concurrentiel.

Singapour, qui célèbre la diversité et l’éducation, occupe la troisième place dans le classement des pays selon le pouvoir d’achat par habitant du Fonds monétaire international, la Malaisie qui l’encadre par une politique de préférence ethnique est, elle, à la 59ème place. Le Myanmar, qui a longtemps tenté de réprimer dans le sang sa propre diversité, se traîne au bas du tableau à la 161ème place.

La France ne peut plus se contenter de subir la diversité de sa population. Le choix est devant nous. Vivre dans le chaos, exclure les minorités, ou transformer cette diversité en atout.

Pour en savoir plus :  http://www.huffingtonpost.fr

Les attentats de Paris vus par les enfants

 

Fait-Religieux-Enseignement

Vendredi 9 janvier au soir, je suis venue à l’atelier affligée. L’après-midi, tous les quarts d’heure, une nouvelle alarme s’affichait sur mon téléphone. Entre les deux frères Kouachi retranchés dans une imprimerie en Seine-et-Marne, la prise d’otage en cours dans le supermarché casher Porte de Vincennes et la place Trocadéro évacuée, impossible de sortir de ma tête l’attentat qui s’est déroulé deux jours plus tôt dans la rédaction de Charlie Hebdo. Cette tragédie, pour sûr, il était essentiel d’en parler avec les CM, des enfants de 9-10 ans, qui participent depuis novembre aux ateliers Enquête au sein d’un centre social situé à Ménilmontant (Paris XXe). Mais comment faire au mieux vu les circonstances ? Avant la séance, Marine, notre coordinatrice, me conseille de partir de leurs connaissances et de travailler à partir de questionnements. Elle me rappelle aussi que leur enseignant à l’école a normalement déjà fait le point avec eux sur ces terribles événements. Ce qui me rassure un peu : je pourrai construire un dialogue à partir d’une réflexion déjà entamée.

« C’est la guerre ! »

Une fois arrivée, Laetitia qui supervise les ateliers au centre social, m’indique qu’aucune séance n’a été effectuée avec les enfants pour revenir sur l’attentat de Charlie Hebdo. Elle-même a néanmoins répondu aux questions des jeunes qui ont exprimé des réactions vives ces derniers jours, comme cette jeune fille qui a déclaré aux autres : « C’est la guerre ! »

Abou Bakr arrive, puis c’est au tour de Rama. Pendant que je termine mes préparatifs pour cette séance dédiée à Muhammad*,  le dernier prophète de l’islam – le hasard fait parfois bien les choses, c’est le thème du jour dans le programme des ateliers -, je leur propose de débuter par une discussion sur les événements de la semaine. Abou Bakr n’attend pas une seconde pour râler : « Oh non ! Notre maitresse nous a déjà parlé de Charlie Hebdo pendant deux heures ! » Je lui réponds que si tout est clair et bien en place dans sa tête, nous continuerons la suite du programme.


« J’ai rigolé pendant la minute de silence »

Une fois qu’ils sont assis, je leur demande de m’expliquer ce qui s’est passé cette semaine. En forme, Abou Bakr se lance dans un long récit un peu confus et désordonné qui raconte l’itinéraire de ces deux frères dont l’un a été en prison et qui ont tué 12 personnes à Charlie Hebdo. « Pour moi, c’est pas des musulmans ! ». C’est à ce moment-là que Rama intervient. Pas d’accord, elle pense de son côté que ce sont des musulmans. Je les laisse se disputer un peu avant de poursuivre ; je reviendrai ensuite sur ce point de mésentente. Tous les deux s’opposent aussi quant au nombre de morts. Sur ce sujet, je leur dit que ce nombre n’est pas l’objet de notre discussion mais que ce qui compte, c’est sa dimension dramatique et que les personnes décédées sont des journalistes, des policiers et un agent d’entretien. Je relance alors Rama pour qu’elle me donne sa version.

Ce qui lui importe surtout, c’est de me raconter qu’elle a rigolé pendant la minute de silence jeudi à son école : « Mais faut m’excuser, j’ai une copine qui rigolait aussi et j’ai pas pu m’empêcher ». Elle se répète, y revient à plusieurs reprises, comme si elle avait besoin qu’on lui pardonne. « Ok, je comprends, c’est dommage, ca arrive parfois quand on est mal à l’aise, mais ne t’inquiète pas. » Je complète cependant en insistant sur le fait que ce temps de silence était important et symbolique, « symbolique, comme la notion de symbole que nous avons vu récemment, vous vous souvenez ? Ca veut dire quelque chose de commun, de partagé, et qui a le même sens pour tous. Dans ce contexte, de dire que tous ensemble, on n’est pas d’accord ». Puis je reviens avec eux sur leurs désaccords, en leur expliquant qu’il s’agit en effet de musulmans mais que ces terroristes ne représentent qu’une partie des musulmans qui vivent leur foi de manière violente et radicale.

Pas le temps de développer car Abdel Rahim, plus âgé que les deux autres, débarque dans l’atelier. Je l’accueille et lui demande de me raconter également les événements. Il me parle alors des morts et m’affirme que l’attentat s’est déroulé à Pantin où apparemment sa sœur était présente aux moments des faits. Comme Abou Bakr, il est pris par le déroulé de l’actualité, déclinaison de l’actualité en continue, comme avalé par le défilé des images. Sans analyse…. Je précise que la tuerie a eu lieu dans la rédaction de Charlie Hebdo, située près de la place de la République.

 

Des stylos en l’air

Pour être sûre de leur compréhension, je les questionne : « Savez-vous ce que c’est, Charlie Hebdo ? » Je les aide un peu ; ils finissent par me répondre qu’il s’agit d’un journal. Ils semblent avoir des difficultés à comprendre ce qu’est une rédaction, notion que je m’attache à leur clarifier. Ils ont aussi du mal à définir la spécificité du journal ; ce qui explique, peut-être, qu’aucun d’entre eux n’ait évoqué les caricatures de Muhammad. « C’est quoi une caricature selon vous ? » Yeux ouverts mais muets, ils ont du mal à répondre. Je leur propose une définition : « Ce sont des dessins qui reprennent des faits d’actualité, souvent en se moquant ».

Je leur explique que Charlie Hebdo a publié, il y a quelques années, des caricatures du prophète de l’islam. Que celles-ci ont blessé de nombreux musulmans. Et je poursuis avec la liberté de la presse, la liberté d’expression : « Pour autant, il est important dans une démocratie, dans notre pays, de laisser la possibilité à chacun de s’exprimer, notamment la presse, tout en respectant les lois ». Pour leur donner une illustration concrète, qui les aide souvent à comprendre, je leur rappelle que je suis journaliste et que personne n’a le droit de me tuer pour un article publié. Cela irait, comme pour Charlie Hebdo, à l’encontre à la fois de l’interdit du meurtre mais aussi de la liberté de l’expression qui fait partie des valeurs républicaines. Ce qui explique que de nombreuses personnes, qui sont venus rendre hommage aux journalistes et aux policiers mercredi soir, brandissaient un stylo en l’air, « Encore un symbole ! La notion revient souvent ce soir… il s’agit du symbole de la liberté de pouvoir s’exprimer, de pouvoir se moquer ». Etant moi-même place de la République le 7 janvier au soir, je leur raconte comment cet hommage, très silencieux, s’est déroulé, tout en leur montrant des photos publiées dans Le Petit Quotidien des différentes manifestations organisées dans le monde.

 « Et que signifie « Je suis Charlie » qu’on voit partout ? ». Ils ne savent pas plus. Je reparle de symbole – décidément le fil conducteur de la séance -, pour montrer que cette petite phrase est un raccourci pour dire qu’on refuse ce qui s’est passé.
Il me semble que nous pouvons passer à la deuxième partie de l’atelier dédiée à Muhammad. Après un jeu de devinette sur ce nom, je demande à ces enfants, pourtant pour la plupart musulmans, ce qu’ils connaissent de ce personnage. Hormis qu’il s’agisse d’un prophète de l’islam, tous donnent leur langue au chat. Il ne s’agit pas ici d’aborder la transmission de la foi, mais bien la transmission laïque de connaissances sur les religions et la laïcité ; le travail en leur compagnie n’est pas terminé…

*L’association Enquête a fait le choix, dans ses différents outils,  d’évoquer le prophète musulman par la transcription « Muhammad », et non pas « Mahomet ». Celui-ci  se justifie à la fois par la plus grande proximité de cette forme avec sa forme arabe et d’autre part car l’utilisation de « Mahomet », transmise depuis au moins l’époque des croisades, souvent dans des ouvrages polémiques, renvoie à une connotation péjorative.

Alice Papin

le 27.01.2015 à 10:57

En savoir plus sur http://fait-religieux.com/nos-blogs/les-enfants-en-parlent/les-attentats-de-paris-vus-par-les-enfants#5wTcIOOMzdK6iHFB.99

Ecole : la guerre des laïques

Après les attentats, l’enseignement laïque du fait religieux est avancé comme une nécessité. Un débat qui déchire l’école depuis trente ans.

NajatVallaudBelkacem
Najat Vallaud-Belkacem se heurte à son tour à la mise en oeuvre d’un enseignement du fait religieux au service de la laïcité. © Etienne Laurent / AFP
Il a été question de « sursaut collectif » dans le discours de Najat Vallaud-Belkacem, de « réponses nouvelles » à des « circonstances exceptionnelles ». Après les attentats, la ministre de l’Éducation nationale s’est lancée dans un marathon consultatif destiné à forger la riposte de l’école à la menace intégriste. Les conclusions sont attendues cette semaine, mais les pistes sont connues : développer la « pédagogie de la laïcité » (via l' »instruction civique et morale » que la rentrée 2015 doit étrenner), renforcer l’enseignement laïque du fait religieux, réduire les inégalités scolaires. Des « réponses nouvelles » ? La réouverture, plutôt, de débats déjà anciens : vieux d’une trentaine d’années, au moins.

« L’éducation à la citoyenneté, abandonnée dans les années 60 et 70, est réapparue dans les années 80 face à la crise économique et à la crainte des communautarismes », explique Philippe Portier, directeur d’études à l’École pratique des hautes études en sciences sociales. Comment éduquer à la laïcité ? Comment former des citoyens en tenant compte des différences culturelles et religieuses ? La question, constamment posée depuis lors, dépasse les clivages politiques : l’apprentissage de la Marseillaise, évoquée par Najat Vallaud-Belkacem, a été rendu obligatoire en 2005 par François Fillon. Le fait religieux a été, dans le même temps, intégré au « socle commun » des connaissances. Sans succès, faute d’un consensus sur ce que devrait être cet enseignement. En effet, à gauche comme à droite, les tenants d’une laïcité stricte s’empaillent avec les partisans d’une laïcité plus accommodante, ou « inclusive ».

Désarroi

La « morale laïque », ardemment défendue par Vincent Peillon à son arrivée en fonction, a payé le prix de ces tiraillements. Devenue « enseignement laïque de la morale » en avril 2013 dans un rapport préliminaire, elle s’est transformée en « enseignement civique et moral » sous la plume du Conseil supérieur des programmes (CSP), chargé d’en déterminer le contenu. Évacuée la laïcité, au moins de l’intitulé. « Sans doute s’agissait-il de détendre l’atmosphère autour de ces questions, mais je ne peux m’empêcher d’y voir aussi une manière de contourner l’importance du fait religieux », commente Philippe Gaudin, responsable des programmes de formation à l’Institut européen en sciences des religions (IERS).

Résultat : l’accent a été mis sur l’interdisciplinarité et le débat afin de développer chez les élèves « une aptitude à vivre ensemble dans une société démocratique ». Un projet louable, sans doute, mais sur lequel les équipes pédagogiques restent pour le moins circonspectes. L' »échec » dont on accuse de nouveau l’école depuis les attaques est « celui de la société française dans son ensemble », affirme dans les Échos Philippe Tournier, secrétaire général du syndicat des chefs d’établissement SNPDEN-Unsa. « Il y a des quartiers dans lesquels les valeurs de la République ne sont d’évidence pas en oeuvre et où les jeunes pensent que la société ne leur laisse aucune place. » Créer les conditions d’un débat en classe n’a rien d’aisé. Témoin, le désarroi des enseignants face à la réaction de certains élèves aux attentats.

« Secouer la tutelle d’autorités fanatisantes »

Là non plus, l’affaire n’est pas neuve. Le 11 Septembre avait même contribué à ce que soit commandé au philosophe Régis Debray un rapport sur l’enseignement du fait religieux, remis en 2002, qui continue de faire foi aujourd’hui. Le philosophe estimait alors que, sans qu’il faille faire entrer les curés dans les écoles (pas plus que les rabbins ou les imams), la relégation des cultes hors des espaces de « transmission rationnelle des savoirs » n’était pas tenable. À l’inverse, écrivait-il, « une connaissance objective et circonstanciée des textes saints comme de leurs propres traditions conduit nombre de jeunes intégristes à secouer la tutelle d’autorités fanatisantes, parfois ignares ou incompétentes ».

Régis Debray demandait, notamment, une formation continue des agents de la fonction publique en général, et des enseignants en particulier. L’IERS a été créé à cet effet, mais la suppression des IUFM et la valse des ministres Rue de Grenelle ont laissé la préconisation à l’état de voeu pieux. « On peut espérer toutefois que les choses se stabilisent aujourd’hui avec les nouvelles Espé (écoles supérieures du professorat et de l’éducation) », note Philippe Gaudin. « L’ensemble de la communauté éducative a besoin d’être formé », sur la question religieuse comme sur la laïcité elle-même, entendue parfois comme une forme d’athéisme public.

La guerre des laïcs

Près de quinze ans après, les mêmes polémiques minent toute action. L’Observatoire de la laïcité s’est ainsi déchiré sur un avis remis après les attentats. Il plaidait pour le « développement effectif de l’enseignement laïque du fait religieux » et demandait, en outre, que « toutes les cultures convictionnelles et confessionnelles présentes sur le territoire de la République » soient prises en compte dans les programmes scolaires. Des propositions jugées « angéliques », « pusillanimes » et même « anti-laïques » par trois des membres de l’institution (le député socialiste Jean Glavany, la sénatrice radicale de gauche Françoise Laborde et Patrick Kessel, ancien grand maître du Grand-Orient de France), qui ont aussitôt menacé de démissionner.

« La laïcité, la laïcité, voilà ce que droite et gauche nous ont répondu lorsque nous avons plaidé pour un enseignement du religieux ! Mais c’est dans notre pays laïque que des personnes en assassinent d’autres en prenant prétexte de leur foi ! » s’insurge de son côté Esther Benbassa, sénatrice EELV du Val-de-Marne, directrice d’études à l’École pratique des hautes études et auteur, avec l’UMP Jean-René Lecerf, d’un rapport sur la lutte contre les discriminations qui ‘a enflammé le Palais du Luxembourg en novembre dernier. « Les professeurs d’histoire, de lettres ou de philosophie continueraient comme ils le font d’aborder les religions en fonction des programmes, avance-t-elle. Mais un enseignement spécifique et laïque permettrait de développer chez les élèves un esprit critique et une connaissance de leurs différentes cultures qui, sans doute, aideraient à tempérer la force des radicalismes. On ne peut pas laisser la question religieuse à Internet. »

Sanctuaire

Le 12 janvier, le président du Conseil supérieur des programmes, Michel Lussault, soutenait dans un entretien que, sans « remettre en cause la laïcité à l’ancienne », il fallait « dire que la société et les élèves ont changé au point que le corpus des enseignants doit lui aussi évoluer ». Soit, pour le nouvel enseignement de « l’instruction civique et morale », atteindre « une forme de consensus par recoupement, forger une morale commune à partir de la diversité sociale, culturelle, religieuse des élèves », explique Philippe Portier, plutôt que chercher à renouer avec le modèle de la IIIe République en administrant d’en haut un dogme laïque. Soit l’exact opposé, par exemple, des déclarations d’un André Gerin, l’ancien maire (PCF) de Vénissieux, qui, en 2009, avait été à l’origine de la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public : « L’école doit redevenir un sanctuaire, déclare-t-il au Point.fr. Il faut sortir de l’illusion de l’école portes ouvertes, comme on le fait depuis quarante ans. Il faut désormais que la laïcité soit totalement respectée, qu’il y ait une séparation entre l’école et la société, et un retour à l’autorité. » Retour à la case départ.

Dans la même interview, Michel Lussault parlait de la laïcité comme d’un « savoir chaud ». Sur ce point du moins, les enseignants ne le contrediront pas.

Par Marion Cocquet

Pour en savoir plus : http://www.lepoint.fr/

Le Point – Publié le – Modifié le

 

Jamel Debbouze et Mélissa Theuriau : « On s’aime, c’est notre réponse au racisme »

 Jamel-Debbouze-et-Melissa-Theuriau

Ils forment un couple médiatique mais discret depuis plusieurs années. Mélissa Theuriau et Jamel Debbouze se confient sur l’amour, la religion, la mixité et l’arrivée de leur deuxième enfant. Photos Sylvie Lancrenon.

La tendresse affleure de tous leurs gestes

Si ces deux-là regardent ensemble dans la même direction, ils ne cessent pas pour autant de se regarder l’un l’autre. Jamel et Mélissa s’adorent et ça se voit. Complices, solidaires, partenaires… ils bâtissent pour eux et pour les autres. Pour Mélissa, un film sur la jeunesse de Gaza, qui sera diffusé en septembre sur Téva, et un doc de 90 minutes, « L’Entrée des Trappistes », sur le parcours hors du commun de quatre gamins de Trappes : Jamel Debbouze, Nicolas Anelka, Omar Sy et La Fouine. Pour Jamel, un festival du rire, qu’il organise à Marrakech, et L’Usine de films amateurs, de Michel Gondry, qu’il soutient à Aubervilliers. Engagés, chacun, dans des associations (Relais Enfants- Parents pour elle, L’Heure joyeuse pour lui) et des métiers différents, ils partagent tout sans se dissoudre dans leur couple ni perdre leur personnalité. A les écouter, on imagine qu’ils ne s’ennuient pas ensemble. La discussion est vive, la blague toujours prête à jaillir et la tendresse affleure de tous leurs gestes. Et l’amour aussi.

Ma meuf est très marrante et, ça, personne ne le sait vraiment !

ELLE. Vous avez toujours refusé de vous exprimer ensemble. Pourquoi accepter aujourd’hui ?

Jamel. Parce que, justement, nous faisons de plus en plus de choses ensemble et que, avec le temps, on a réalisé combien notre couple est représentatif de certaines valeurs. Double raison, donc, de parler.

Mélissa. On est plus sereins aussi. Et c’est vrai qu’on s’épaule beaucoup dans nos projets. Jamel est à mes côtésdans mes combats personnels, mes reportages ou dans ma nouvelle activité de productrice, comme pour le documentaire « L’Entrée des Trappistes ». De mon côté, je suis de très près ce qu’il soutient, comme L’Usine de films amateurs de Michel Gondry, qui permettra à tout le monde de s’essayer au cinéma, et de ce qu’il fait, notamment son festival du rire.

Jamel. Ma meuf est très marrante et, ça, personne ne le sait vraiment ! En plus, son avis est toujours pertinent. Dans mon dernier spectacle (« Tout sur Jamel »), je cherche, bien sûr, à faire rire, mais j’essaie aussi de faire réfléchir. Mélissa m’aide beaucoup. On ne se sent pas investis d’une mission, mais tant mieux si on peut contribuer à faire évoluer les mentalités ou, en tout cas, poser certaines questions…

ELLE. Il vous arrive de vous disputer sur des questions d’actualité.

Jamel. Parfois, c’est chaud !

Mélissa. Et parfois aussi, je te fais changer d’avis.

Jamel. Mais toujours après avoir esquivé deux, trois assiettes !

ELLE. Exemple ?

JAMEL. Dernièrement, elle est partie faire un reportage sur la jeunesse de Gaza. Moi, ça me faisait flipper. Le danger déjà. Et puis, je me disais « A quoi bon être journaliste ? » Mais, quand je vois le travail qu’elle a fait, je me rends compte que non seulement son métier est utile, indispensable, mais vital. Et ce n’est pas le mari qui parle.

Léon passe d’une famille à l’autre avec une facilité déconcertante

ELLE. Avec vos emplois du temps très chargés, arrivez-vous à garder des moments rien que pour vous deux ?

Jamel. C’est une priorité.

MÉLISSA. On ne déroge jamais à cette règle : quel que soit notre agenda, on se réserve chaque mois au moins trois jours où on se retrouve dans l’une de nos cachettes…

ELLE. Il semble que Léon aura bientôt un petit frère ou une petite soeur…

Jamel. On attend un deuxième enfant et c’est extraordinaire. Mais ça va encore être un sacré bazar pour choisir le prénom !

Mélissa. Comme pour notre fils, on le cachera jusqu’au dernier moment, sinon on ne l’aurait jamais appelé Léon.

ELLE. Il a un deuxième prénom ?

Ensemble. Ali !

Mélissa. Il fallait équilibrer, quand même !

ELLE. Comment élève-t-on un enfant dans un couple mixte ?

Mélissa. Justement, en mixant les cultures. Quand il va chez ma belle-mère, il baigne dans…

Jamel. … l’huile !

Mélissa. Dans une culture musulmane. On lui parle arabe et ses grands-parents lui transmettent beaucoup de choses.

Jamel. Et il revient plus sale que quand il rentre de chez ta mère !

Mélissa. Parce qu’il y a moins d’interdits. Dans ma famille, c’est un autre rythme : on déjeune à 13 heures, on goûte à 16 heures, on dîne à 20 heures. Chez toi, on mange toute la journée.

Jamel. C’est « open bar » ! Les portes sont ouvertes, les gamins, les cousins, les voisins rentrent et sortent. Le jardin est plein de gosses. Et les adultes n’interviennent que pour taper dans le ballon avec eux ou leur demander de rentrer se laver les mains pour manger.

Mélissa. Léon passe d’une famille à l’autre avec une facilité déconcertante. D’abord parce qu’elles s’entendent bien– les deux grand-mères viennent de l’emmener ensemble en vacances. Il sait profiter des deux univers sans se poser de questions. Il vit. Et il parle français, arabe et anglais parce qu’il a une nounou anglaise.

Jamel. On a engagé Mary Poppins ! Et quand elle est avec ma mère, c’est à pleurer de rire. Le choc des cultures est impressionnant.

J’ai toujours baigné dans un climat raciste

ELLE. Qu’est-ce qui vous a frappés chez les uns et chez les autres ?

Jamel. Je pensais me coltiner un beau-père « bon français », avec tous les a priori que cela comporte. Et j’ai rencontré un saxophoniste qui, comme tous les artistes, est inclassable ! Surle plan de l’ouverture d’esprit comme sur le plan intellectuel, il est impeccable. Ma belle-mère était plus inquiète. Forcément, elle ne connaissait ni ma culture ni mon univers.

Mélissa. De mon côté, venant d’une famille française qui, même si elle ne pratique pas, est chrétienne, je redoutais un peu que les siens ne veuillent me changer, voire me convertir. Toujours les a priori. Mais il n’y a jamais rien eu de cet ordre-là. Je n’ai jamais ressenti le moindre sentiment d’exclusion. Au contraire. Même si je commence à comprendre un peu l’arabe, ils font toujours extrêmement attention à ne pas le parler entre eux quand je suis là.

Jamel. Mais tu acceptes quand même de porter la burqa !

Mélissa. Oui, mais seulement le dimanche ![Rires.]

ELLE. Parfois, à la fin des articles qui vous sont consacrés sur Internet, on peut lire « En raison de débordements racistes, cet article est fermé aux commentaires ». Ça vous surprend ?

Mélissa. Vu le courrier ignoble que je reçois à mon bureau de « Zone interdite », je ne suis pas étonnée, simplement choquée et attristée.

Jamel. Moi, j’ai appris à vivre avec. C’est presque normal pour moi…

Mélissa. Normal ! Comment tu peux dire ça ?

Jamel. Parce que j’ai toujours baigné dans un climat raciste avec des gens hostiles qui ont peur de l’étranger.

Mélissa. Mais on est en 2011 !

Jamel. O.K., mais regarde ce qu’on entend partout !

ELLE. Marine Le Pen ? Zemmour ?

Jamel. Je n’ai pas envie de parler de ces gens-là.

Mélissa. En ce moment, on cherche une maison. Il y a quelques jours, on en a visité une avec notre petit garçon. C’est un monsieur d’un certain âge, très élégant et très bien élevé, qui nous a accueillis. A un moment, il nous explique : « Cette maison, ce n’est pas pour les Arabes. Elle est trop petite pour loger beaucoup de monde. » Il ne s’est même pas rendu compte de ce qu’il disait. On s’est regardés, stupéfaits.

Jamel. Mais, comme ce genre d’anecdotes arrive tous les jours, je ne vais pas à chaque fois me mettre dans un sale état. J’ai mieux à faire. Comme de vivre des moments extraordinaires avec ma femme et mon fils.

Ne jouons pas le jeu du FN, ne rendons pas la situation plus sombre et plus grave qu’elle ne l’est

ELLE. N’avez-vous pas l’impression que, dans ce domaine, les gens sont plus désinhibés qu’avant et que le racisme progresse ?

Jamel. Au contraire, je pense qu’il régresse.

Mélissa. Moi, je n’ai pas ce sentiment.

Jamel. Mais, regarde : on est ensemble et, comme nous, il y a de plus en plus de couples mixtes en France et en Europe. Tous les soirs et partout, des gens viennent me voir après le spectacle pour me remercier de parler d’eux, les couples mixtes. Je pourrais citer dans tous les domaines des dizaines d’exemples positifs. Le kebab est le sandwich le plus vendu chez nous, par exemple ! Actuellement, il y a de plus en plus d’immigrés en France et j’ai lu qu’on rapporte 12 milliards d’euros par an ! Dans les années 90, quand on se baladait à Paris, on pouvait se faire démonter par des skins dans le métro. Il n’y a pas un seul de nos frères ou une seule de nos soeurs qui ne soient rentrés en disant « je me suis fait agresser par un skin ». Quand ils ne revenaient pas en sang ! Aujourd’hui, on ne vit plus ça, et il n’y a plus de skins dans la rue.

Mélissa. D’accord, ça va mieux, mais ça avance trop lentement.

Jamel. A pas de fourmi, c’est vrai. Mais Obama à la Maison- Blanche, c’est un progrès. A la télé, il y a davantage de Noirs et d’Arabes.

ELLE. Mais c’est aujourd’hui qu’on entend parler de quotas dans le foot !

Jamel. La Fédération française de foot a toujours été conservatrice. Je me souviens de mon copain Nicolas Anelka qui revenait parfois triste et meurtri parce qu’il avait le sentiment d’avoir été humilié ou, en tout cas, mis à part. Ne jouons pas le jeu du FN, ne rendons pas la situation plus sombre et plus grave qu’elle ne l’est.

Pour la première fois, j’ai pris conscience que le terrorisme fait partie de nos vies.

ELLE. Comment avez-vous vécu le « printemps arabe » ?

Jamel. C’est la meilleure nouvelle depuis des années et des années. Enfin, on se rend compte que les Arabes ont une âme et une conscience.

Mélissa. Ce que je retiens, c’est qu’ils se désolidarisent de tous les partis islamistes. Mais, évidemment, il va falloir du temps avant que les démocraties se mettent vraiment en place.

ELLE. Vous avez une maison à Marrakech, et le café où la bombe a explosé fin avril est un lieu qui vous est familier. Avez-vous songé à annuler le festival du rire que vous organisez dans la ville ?

Jamel. On y était depuis une semaine à ce moment-là et mon frère a quitté le café dix minutes avant que la bombe explose. Je comprends pourquoi mon oncle, ambulancier à Paris au moment de l’attentat à la station de métro Saint-Michel, en 1995, est encore choqué aujourd’hui. Pour la première fois, j’ai pris conscience que le terrorisme fait partie de nos vies. Mais on ne s’est pas posé une seule seconde la question d’annuler le festival. Ce n’est pas un service à rendre au Maroc et aux Marocains, qui ont besoin du tourisme.

Mélissa. Et d’ailleurs, les hôtels sont encore pleins, ce qui est très rare après un attentat de cette ampleur, dirigé contre des Occidentaux. Je pense que c’est dû au fait que, immédiatement, les Marocains sont descendus dans la rue pour manifester contre le terrorisme.

On ne s’est posé aucune question quand on s’est rencontrés.

Jamel. Aujourd’hui, tous les pays du monde sont frappés. C’est la troisième guerre mondiale et elle est religieuse. Et pour nous, les Arabes, c’est terrible. En France, on a connu un âge d’or extraordinaire avec la Coupe du monde de football en 1998. On était les bienvenus partout, on avait la cote. Après le 11-Septembre 2001, on est devenus, tout d’un coup, des terroristes potentiels. Depuis, on ne fait qu’essayer de démontrer qu’on fait partie intégrante de ce pays, qu’on l’aime et qu’on est prêts à le défendre corps et âme. Mais ça va maintenant. On a passé suffisamment de temps ensemble pour que les gens n’aient plus peur de nous. La preuve ? Il y a de plus en plus de filles comme Mélissa qui tombent amoureuses de types comme moi. C’est important de le dire. Et d’ailleurs, on n’a pas assez parlé d’amour dans cette interview. Nous, on ne s’est posé aucune question quand on s’est  rencontrés. Le jour où la société dans son ensemble réagira ainsi, ce sera gagné…

Mélissa. C’est joli ce que tu dis. Et vrai surtout. Dire qu’on s’aime passionnément et dans la durée est une très belle réponse à tout ce qui se passe.

Jamel. J’aimerais que la France soit comme nous sur la photo avec la bécane : libre et désordonnée. M.-F.C.

Pour en savoir plus : http://www.elle.fr/

Le terrorisme n’a pas de religion ! Jamel Debbouze

 

Divisions, pièges à cons

« Croire que la folie d’une poignée est la croyance de tous. Ne tombons pas dans le piège qui nous est tendu », affirment ensemble personnalités et mouvements interreligieux, interculturels, anti-islamophobie, qui lancent cet appel à l’unité, à la solidarité et à la liberté.

 

MinuteSilenceLycéeAverroès

 

Minute de silence au lycée musulman Avérroès le 8 janvier 2015

 

La France est fracturée. Elle saigne : bleu, blanc, rouge. Il y a eu 12 morts. Le mal est fait, la République est à terre, bafouée et elle voit rouge. Le lien social est menacé, le vivre ensemble dynamité. Le loup est dans la bergerie, oui le loup est vraiment dans la bergerie. S’attaquer à la rédaction d’un journal et s’en prendre à la liberté fondamentale d’expression est une chose ; créer la division, semer le doute, briser la cohésion d’une République et de ses valeurs en est une autre.

Aujourd’hui, les discours sont au recueillement et à l’union nationale, demain certains seront à la haine et à l’exclusion. Ils le sont déjà. A ne pas s’y tromper, le véritable piège devant lequel nous nous trouvons est bien celui de la division. Celui du repli sur soi et de la dénonciation de l’autre. La véritable victoire du terrorisme est de… terroriser. Leur but est de nous faire désigner un ennemi en France, un coupable dans notre communauté, un danger dans la nation.

Alors que faire ? Fuir ? Trouver un nouveau pays, accueillant, où il fait bon vivre ensemble ? Ou plutôt baisser la tête en attendant que ça passe et attendre des jours meilleurs ? Ils viendront sans aucun doute. Nan je sais, et si on passait au karcher la racaille musulmane qui infeste nos cités ? Qu’on permette à chacun de s’armer et ils verront de quel bois on se chauffe ! Si l’intégrisme est indéniablement responsable du massacre, le carnage qui nous guette est bien celui de l’amalgame. Croire que la folie d’une poignée est la croyance de tous. Ne tombons pas dans le piège qui nous est tendu.

« Engagez-vous qu’ils disaient, engagez-vous »

Alors que faire ? « Vous qui vivez en toute quiétude, bien au chaud dans vos maisons », cette réponse vous appartient. L’indignation et l’émotion sont légitimes mais ne suffisent pas. Oui, chacun doit prendre sa part de douleur dans la conscience collective. Mais abandonner, pire, trahir ce qu’est la France, serait la victoire des terroristes et des désespérants. Agir pour la construire, l’esquisser, la dessiner est notre responsabilité collective et durable. Plus question de se cacher, de s’exclure du collectif meurtri. Ce combat est le vôtre, le nôtre et il est décisif. C’est maintenant.

Ce combat n’appartient pas au gouvernement, il n’appartient pas à l’opposition. Il n’appartient pas aux associations ou aux instances religieuses. Il n’appartient pas aux chrétiens, aux musulmans, aux juifs, aux athées ou aux agnostiques. Ce combat est celui du citoyen. C’est un combat rapproché, de proximité, qui ne promet que du « sang, de la sueur et des larmes », une lutte à mort contre un ennemi invisible. Ce combat est celui de la coexistence active : refuser la peur et l’extrémisme, respecter les différences de l’autre et les utiliser comme autant de forces et de richesses pour  promouvoir les principes et les valeurs qui forment notre unité républicaine.

Sortons de nos maisons, sur nos paliers, levons les yeux quelques secondes de nos écrans. Ce combat se gagne par un sourire, une attention, une écoute, une connaissance de l’autre et une action avec lui. Il se gagne par le respect mutuel de la différence, par la fraternité, par la sensibilisation des plus jeunes dès l’école – le cœur de notre République – aux différences religieuses et culturelles. Dès aujourd’hui, élevons nous contre les attaques physiques ou verbales contre toute une collectivité, la communauté musulmane de France, désignée à tort comme responsable.

Les terroristes ont voulu mettre la France à genoux. Adressons-leur, à notre tour, un message. Nous sommes là debouts, solidaires et unis. Prêts à agir pour l’unité et la liberté en France.

 

Premiers signataires

Samir Akacha, président de l’Association méditerranée des cultures d’islam pour la jeunesse (AMCIJ)
Kevin Andre, chercheur à l’ESSEC et président de Kawaa
Guy Aurenche, avocat
Mohamed Bajrafil, enseignant, imam de la mosquée d’Ivry-sur-Seine
Stephen Berkowitz, rabbin, Mouvement juif libéral de France
Abdallah Deliouah, enseignant, imam de la mosquée de Valence
Christian Delorme, prêtre du diocèse de Lyon
Jean Delumeau, historien
Rokhaya Diallo, membre du bureau du réseau européen contre le racisme
Nabil Ennasri, écrivain, doctorant, président du CMF (Collectif des musulmans de France)
Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique
Samuel Grzybowski, président de Coexister, le mouvement interreligieux des jeunes
Kamal Hachkar, cinéaste
Samia Hatroubi, professeur d’Histoire, présidente Foundation for Etnic Understanding
Monique Hebrard, journaliste
Amadou Ka, président de l’association Les Indivisibles
Rivon Krygier, rabbin, Adath Shalom
Omero Marongiu-Perria, sociologue, spécialiste de l’islam en France
Médine, rappeur
Ahmed Miktar, président des Imams de France
Elsa Ray, porte parole du CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France)
Jean-Pierre Rosa, intellectuel chrétien
Anas Saghrouni, président des Étudiants musulmans de France (EMF)
Ilan Scialom, leader juif membre de l’InterFaith Tour
François Soulage, président de Chrétiens en forum

Pour en savoir plus : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/080115/divisions-pieges-cons