Où est la diversité religieuse ?

KateWilliamNouvelleZélande

CRÉÉ LE 08/04/2014 / MODIFIÉ LE 09/04/2014 À 06H52

Singapour est en tête des pays détenant la plus grande diversité religieuse, le Vatican demeure en toute logique la lanterne rouge. La France est gratifiée par le Pew Reseatch Center d’une belle 25e place sur les 232 pays pris en compte.

Plusieurs évènements de cette semaine ont révélé à quel point la liberté religieuse demeure bien fragile sur l’ensemble des continents, et combien l’objectif du dialogue et de la cohabitation s’affiche encore pour beaucoup de contrées comme un horizon lointain.

Alors que le Père van der Lugt
était assassiné ce lundi à Homs, alors qu’au Pakistan un couple de chrétiens se retrouvait condamné pour blasphème, qu’en Chine les protestants restent dans le collimateur de l’État, ou qu’à Bagdad des chrétiens voient leurs maisons réquisitionnées par des gangs armés (pour ne citer que ces quelques cas), il semblait intéressant de revenir sur une recherche publiée il y a quelques jours par le Pew Research Center.

Dans le cadre de sa prochaine étude sur le paysage religieux mondial, le fact tank s’est penché sur un indice qui classe chaque pays en fonction de sa diversité religieuse.

Bien sûr, cet indice ne prend pas en compte les nombreux paramètres nécessaires à l’élaboration d’une cohabitation sereine (respect légal des minorités, influence des différents groupes…), il s’attache plutôt à comprendre ici la diversité en fonction de la répartition de la population parmi huit groupes religieux (voir ci-dessous). Plus la population d’un pays se répartit équitablement entre les différents groupes, plus celle-ci fera preuve de diversité. C’est ainsi que le Vatican est le pays qui accueille le moins de diversité religieuse avec ses 99% de catholiques.

Au-delà de ce chiffre anecdotique, il est intéressant de réaliser que parmi les 12 pays qui ont selon cette étude la plus grande diversité religieuse en leur sein, 6 sont de la région Asie-Pacifique (Singapour, Taiwan, Vietnam, Corée du Sud, la Chine et Hong Kong); cinq sont en Afrique sub-saharienne (Guinée-Bissau, Togo, Côte-d’Ivoire, le Bénin et le Mozambique); et un en Amérique latine et dans les Caraïbes (Suriname). Aucun pays européen ne fait partie du groupe de tête.

Pour autant, la France
(25e) se classe devant des pays comme les États-Unis (63e). Selon le Pew Institute, en effet, les chrétiens représentaient en 2010 63% de sa population, alors que deux autres groupes se partageaient d’importantes parts: les religieux non affiliés (28%) et les musulmans (8%).

La population européenne reste selon ce sondage majoritairement chrétienne (75%), avec 6% de musulmans et 15% de « non affiliés ».

La liste des huit religions prises en compte est celle-ci : les cinq religions mondiales (bouddhisme, christianisme, hindouisme, islam et judaïsme) ; les « non-affiliés » (agnostiques, athées…) ; les adeptes des religions traditionnelles ; et enfin les adeptes d’autres religions (comme la foi baha’ie, le jaïnisme, le shintoïsme, le sikhisme, le taoïsme, Tenrikyo, Wicca et le zoroastrisme).

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« L’essentiel, c’est de participer ! »

DANIELLE ANDRÉ | LE 13.10.2014 À 12:12

Vendredi 29 septembre, 10 h, j’arrive «aux Minguettes». Plus précisément, au collège Paul Eluard à Vénissieux, dans la banlieue sud de Lyon. 24 paires d’yeux d’une classe de 6ème m’attendent, visiblement contents qu’une personne ait fait le déplacement rien que pour eux. Leur jeune professeure d’histoire-géographie fait les présentations. Elle a bien préparé ses élèves, car ils sont intéressés et attentifs. Je leur explique que je suis là pour cette première séance du jeu «l’Arbre à défis», pour les familiariser, eux et leur enseignante, à son fonctionnement, et qu’ils continueront à y jouer le reste de l’année. Voilà qui nous amène à définir le mot «défi» : pour eux, pas de doute, c’est «lancer un défi à quelqu’un». Je les questionne : «Ne peut-on pas aussi s’en lancer à soi-même, pour progresser ?».Pour jouer à « L’Arbre à Défis », il s’agira de se lancer des défis entre équipes d’élèves. Puis le verbe «collaborer». Et là, petit flottement ; un élève tente : «C’est faire quelque chose ensemble ?». «Bravo!», j’explique à tous que notre jeu permettra de construire un bel arbre tous ensemble, mais que l’équipe qui aura récolté le plus de points aura gagné. Dans mon élan, et pour pimenter cette notion, un peu trop sûre que je vais leur apprendre quelque chose, je leur demande s’ils connaissent la devise des jeux olympiques ; et là, une élève répond instantanément : «L’essentiel, c’est de participer !».

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(photo DR)

Voyant l’impatience des enfants, on entre dans le vif du sujet, après avoir détaillé les règles des 4 défis.

1ère carte : Défi de la «Bonne définition» avec le mot «Laïcité»

Agitation momentanée au moment du choix de l’équipe qui va préparer ce défi : sur le modèle du jeu du dictionnaire, il s’agit de proposer plusieurs définitions pour une notion. Ils veulent évidemment tous y aller, d’autant plus qu’ils vont préparer ce défi en équipe, dans une petite pièce jouxtant leur salle d’histoire-géo. Enfin, en équipe, c’était l’idée de départ… Vu le bruit qui parvient de la petite salle, je décide d’y aller ! Grosse foire d’empoigne ! Pas pour rédiger la définition, non, mais pour savoir qui va la lire devant le reste de la classe. Je leur rappelle la devise de Pierre de Coubertin, bien lointaine à ce moment précis, puis les aide à rédiger la définition. C’est un exercice difficile, de réduire un texte de 10 lignes en une phrase… Il y a ceux qui n’ont retenu qu’une phrase et qui veulent absolument que ce soit celle-ci ; et ceux qui n’ont pas vraiment compris et qui continuent de se chamailler, ou encore ceux pour qui c’est vendredi et qui regardent un peu par la fenêtre, du côté du week-end… Ils réussissent à se mettre d’accord sur une phrase, «La laïcité, c’est la séparation des affaires des églises et de l’Etat», et une élève la recopie, très lentement et avec application. Ils désignent ensuite celui qui va lancer le défi devant les autres.

Arrivé devant la classe, deux petits «miracles» ! Dès qu’il prononce le mot «laïcité», une élève sort de son cartable ce qu’ils ont déjà travaillé avec leur professeure à ce sujet : à partir d’un conte de l’Observatoire de la laïcité, ils avaient abordé les notion de différences de calendrier, de monothéisme, polythéisme, athéisme et agnosticisme et des moyens pour permettre à ces différentes convictions de coexister. Elle est visiblement très contente de le faire et éveille la curiosité des autres élèves qui se sentent ainsi concernés. Elle fait sans le savoir ce qui est le plus important pour un élève ; elle réactive d’elle-même des connaissances passées, preuve qu’elle a bien compris et est capable de s’en servir à bon escient. Deuxième petit miracle : après le comptage des points, l’élève qui a lancé le défi lit le texte de la carte «Laïcité» d’une bonne voix et sans hésitation. «Félicitations ! Tu as lu très clairement». J’ajoute que c’est essentiel de savoir lire, parler, défendre des idées devant ses camarades. Encore une compétence que « L’Arbre à défis » permet facilement de développer.

2ème carte : Défi du « Mot inconnu » avec le lieu «  La Mecque ».

Ils adhèrent très vite à ce défi car tous ou presque connaissent les règles du jeu «Taboo» dont il s’inspire : il s’agit de faire deviner le plus vite possible aux autres équipes un mot, sans en utiliser certains. L’équipe choisie pour ce défi est très excitée du mystère qui plane autour du mot secret, et de partir en chuchotant vers la petite salle ! Cette fois-ci, je vais d’emblée avec eux. S’amorce une discussion pour le choix des 3 indices ; tous connaissent La Mecque, avec cependant pas mal d’approximations. Par exemple le mot «pèlerinage»ne sort qu’avec mon aide. Le mot « musulman » vient en premier, comme celui de «mosquée». Je les laisse faire le choix de l’ordre, et on retourne vers la classe. Le mot inconnu est très vite trouvé, puis une élève lit le texte correspondant à cette carte, devant ses camarades, sur l’estrade. Elle a une bonne diction et tout se passe bien, jusqu’à la lecture des mots, en arabe dans le texte, «Al Masjid Al Haram» ; elle a beaucoup de mal à s’empêcher de rire en le lisant car elle bute sur la langue. Mais en même temps, elle est très gênée, surtout quand une élève s’exclame : «C’est pas bien ! Il  faut pas rire quand on parle de ça !». Leur professeure intervient : «laisse la s’exprimer et ne lui fais pas la morale ». L’élève poursuit sa lecture, en s’appliquant pour les deux derniers mots en arabe:«Ka’ba» et «hadj». Ce petit incident souligne bien que pour ces 24 élèves, dont 21 sont musulmans, ce n’est pas si facile de faire référence à sa culture. S’ils en sont fiers, ils n’ont pas tous les éléments pour bien l’assimiler : ici la connaissance de la langue arabe. Il y a comme une gêne à en parler, comme si cela leur rappelait une fois de plus cette origine qu’ils ont parfois du mal à assumer. A ce moment me revient en mémoire une chanson du groupe Zebda  qui fait référence à cette double appartenance, parfois difficile à vivre. A-t-on vraiment réalisé ce que cela représente pour eux de vivre cette double culture ? Le chemin est long pour qu’elle signifie, pour eux, une richesse…

3ème carte : Défi «Vrai ou faux» avec le mot «mosquée»

Je présente ce défi, car ici toutes les équipes jouent. Je lis le texte et leur pose 6 questions «vrai» ou «faux». Un peu de brouhaha pour donner la réponse. Plutôt que de désigner un élève par équipe pour la dire, on décide ensemble de l’écrire sur un papier, ce qui évite d’entendre trop tôt la bonne réponse et de tricher. Comme les élèves connaissent tous bien ce mot, et qu’ils ont bien écouté le texte que j’ai lu, les bonnes réponses sont nombreuses ; les points  s’accumulent pour chaque équipe, l’arbre s’étoffe, et ils sont heureux !

4ème et dernière carte : Défi des «stéréotypes» avec la photo d’un visage d’homme au teint basané, portant un turban sur la tête et une chemise sans col

Avant de le lancer, il s’agit d’élucider le sens du mot «stéréotype». Dans un premier temps, aucun élève ne trouve. Quand je leur donne un synonyme, «préjugé», les langues se délient. L’un s’exclame : «C’est formé avec deux mots : « pré » (avant) et « jugé » (juger quelqu’un) : ça veut dire juger quelqu’un avant de le connaître». Je suis émerveillée de les voir faire des ponts aussi facilement avec d’autres matières. On revient au mot«collaborer» : il y a une «collaboration» des matières ! Mais revenons à notre défi ! Il s’agit de trouver la religion de cet homme, après leur avoir montré sa photo : est-il musulman, chrétien ou juif ? J’écoute leurs discussions. A aucun moment, une équipe n’imagine qu’il est chrétien, car l’élément déterminant pour eux, auquel je n’avais pas pensé, est la «gandoura», cette sorte de chemise longue sans col portée par cet homme. Les avis sont cependant partagés : trois équipes pensent qu’il est musulman, et une équipe, qui «sent» le piège, affirme qu’il est juif, «sinon ce serait trop facile !». Pas une n’a imaginé qu’il pouvait être chrétien : or cet homme est copte. Grosse déception : «Ben comment on pouvait savoir ?! Il avait l’air d’un arabe… ». Je les rassure «Effectivement, c’était dur de trouver, et de toutes façons aucune équipe n’a eu de point». J’enchaîne pour dénouer avec eux l’amalgame entre «arabe» et «musulman». L’un fait référence à une appartenance géographique, historique, l’autre à une appartenance religieuse. Ce n’est pas simple, et il faudra qu’ils le reprennent avec leur professeure, qui pourra s’aider des cartes «arabe» et «musulman» de notre jeu.

Danielle André, est experte associée à Enquête, dirigée par Marine Quenin

http://www.enquete.asso.fr/

Aumôniers : accompagner et soigner les âmes à l’hôpital

Matthieu Stricot et Fabien Leone – publié le 23/04/2014

Religieux et fonctionnaire à la fois, le métier d’aumônier est méconnu. Pourtant, cette profession couvre des territoires aussi essentiels que l’armée et l’hôpital. Un rôle d’accompagnement dans la vie comme dans la mort, tout en respectant la religion de chacun. Anne Thöni, pasteur-aumônier à l’hôpital Avicienne de Bobigny, a témoigné de son métier lors d’un colloque organisé par le Cefrelco*, début avril, à Paris.

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© Stéphane OUZOUNOFF/CIRIC

À la fois dépendant de sa tutelle religieuse et soumis à l’autorité de l’hôpital, « l’aumônier est en quelque sorte un agent double », sourit Anne Thöni, pasteur-aumônier et coordinatrice de la première aumônerie interreligieuse à l’hôpital Avicenne de Bobigny pendant dix ans.

L’aumônier ne doit trahir ni celui qui l’envoie, ni celui qui l’embauche. Cela doit être vécu « comme un mariage en alliance avec la laïcité. L’aumônier se trouve au carrefour du public et du privé, sans les mélanger », rappelle-t-elle. C’est une règle primordiale sinon le professionnel sera « écartelé » par cette double appartenance.

Un collègue catholique lui confia un jour son exaspération d’être cantonné « à donner un coup de goupillon sur les cercueils ». Anne Thöni persiste et signe : « nous ne sommes pas des gens de la mort mais de la vie » ! Au-delà des obsèques, la mission principale est d’accompagner, d’évaluer les besoins et promulguer des soins spirituels.

La spiritualité tient une place dans la guérison

Les hôpitaux sont des lieux de souffrance où la spiritualité peut occuper une place primordiale pour le patient. Pour certains malades, « c’est une pratique intégrante du quotidien. Elle peut constituer une place importante dans le processus de guérison », observe le pasteur-aumônier.

Anne Thöni se souvient « d’une patiente protestante évangélique. Elle m’explique qu’elle est fichue et qu’elle n’arrive plus à prier. Point par point, je tente de lui faire comprendre que sa culpabilité la bloque dans sa pratique. Nous avons échangé longuement au point de faire de la théologie. Avec les textes bibliques, je lui ai montré ce Dieu qui accueille. Après des mois de dialogue, elle retrouve la force de prier. Depuis cinq ans, elle vit chez elle et, bien que toujours bien malade, transcende son quotidien ».

La nécessité des aumôneries interreligieuses

La France est un pays traversé par un pluralisme religieux que les services d’aumôneries se doivent de traduire. Anne Thöni rappelle que « l’interreligieux n’est pas la fusion des cultes mais l’égalité des cultes. Ni minoritaire, ni majoritaire et surtout pas dominante ; une religion ne doit pas imposer sa vérité à l’autre », insiste-t-elle.

Les aumôneries interreligieuses sont « des alliances de bonne volonté où le respect se conjugue à tous les modes (le monde de l’hôpital, les autres cultes et la singularité des personnes).»

Ces années passées à l’hôpital Avicenne à Bobigny au côté d’aumôniers catholique, orthodoxe, juif et musulman ont été pour Anne Thöni « dix ans de bonheur ».

A lire aussi :

> Les aumôniers : aux frontières de l’homme et des croyances

http://www.lemondedesreligions.fr

Edwy Plenel : «Islamiser la question sociale induit une guerre de tous contre tous»

A écouter certains, les musulmans seraient comptables de tout, du chômage en France aux têtes coupées par l’Etat islamique…

Depuis trente ans, on veut nous faire croire que les musulmans, pris en bloc alors qu’ils sont divers, d’origine, de culture ou de croyance, sont la cause de tous nos maux : du chômage, de la crise économique ou de l’insécurité de nos quartiers. Ce livre est un cri d’alarme pour la France, pour les minorités, pour dire que nous n’acceptons pas ça. Nos compatriotes musulmans ne sont en rien comptables de crimes perpétrés par des mouvements totalitaires se revendiquant abusivement de l’islam. De plus, les premières victimes de ce terrorisme, ce sont d’abord des musulmans, en Irak, en Syrie, qui vivent depuis des années avec le spectacle de têtes coupées et de corps éventrés. Enfin, nous en sommes là aujourd’hui, avec l’Etat islamique, à cause des guerres successives engagées par les puissances occidentales dans la région qui ont produit ce monstre totalitaire. Ceux qui demandent aux musulmans d’être comptables de ce qui se passe en Irak devraient se souvenir que, dans les années 80, l’Occident armait, jusqu’aux armes chimiques, le dictateur Saddam Hussein en brandissant l’épouvantail de la révolution iranienne. Dans un article publié dans le Figaro le 16 mai 1896, intitulé «Pour les juifs», Emile Zola écrivait : «A force de montrer au peuple un épouvantail, on crée le monstre réel.»Cela vaut pour les musulmans aujourd’hui.

Les médias parlent de la «barbarie» de l’Etat islamique. Cela justifie-t-il une intervention militaire ?

Je ne le crois pas. Ce mot repris dans toute la presse nous empêche de penser. Il y a des crimes monstrueux, nous sommes tous pour les combattre mais nous devons chercher à en comprendre les causes, ce qui ne veut pas dire les excuser. Chacun est le barbare de l’autre. Montaigne qui écrivait aux temps de guerres de religion disait que chacun trouve barbare ce qui n’est pas de sa coutume.

En France, la peur de l’étranger existe, accentuée par la crise. Comment répondre à cette angoisse ?

Je ne crois pas à la réalité de ce sentiment. Ce que vous décrivez là renvoie plutôt au piétinement de la question sociale et démocratique, et les médias n’ont pas à accompagner cette logique de stigmatisation en faisant parler le peuple à sa place.

Finkielkraut affirme qu’«il y a un problème de l’islam en France». Vous ne partagez donc pas ce diagnostic ?

Arrêtons d’alimenter ce fantasme. C’est un discours idéologique fait par des propagandistes qui veulent nous entraîner dans une guerre de tous contre tous, de la France contre elle-même, en ethnicisant et en islamisant la question sociale. Ce que je constate, c’est un mouvement de laïcisation de toutes les religions y compris les musulmans de France. Nous sommes une Amérique de l’Europe, acceptons d’en avoir l’imaginaire au lieu de monter une communauté contre l’autre, de monter une identité contre l’autre.

Vous rappelez que la laïcité, invoquée pour restreindre le religieux, était à l’époque une «loi de libération»…

La laïcité originelle n’est pas ce laïcisme sectaire qui est à la laïcité ce que l’intégrisme est aux religions et qui est aujourd’hui le cheval de Troie de la banalisation de la xénophobie et du racisme par nos élites, permettant la notabilisation de l’extrême droite. La laïcité est aujourd’hui comprise comme le refus des religions et notamment des religions minoritaires, alors que la loi de 1905 affirme tout le contraire. A l’époque, les Républicains ont mis fin au face à face mortifère entre le catholicisme et la République pour mettre en place un pluriel, une loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Ils donnent ainsi droit de cité au protestantisme et au judaïsme tout en ouvrant un chemin de laïcisation aux catholiques qui, contre la hiérarchie catholique, permettra l’affirmation du catholicisme social. De la même façon, notre pays doit donner droit de cité aux musulmans dans la diversité de ce que le mot recouvre. Le peuple français n’est pas plus raciste qu’un autre. Aujourd’hui, nous sommes en train de mettre une partie de notre peuple en guerre contre l’autre et cela sert le jeu des puissants.

Vous refusez la notion d’assimilation, Zemmour vous accuse de nourrir chez les Français une haine des musulmans…

J’ai grandi dans les Caraïbes, puis en Algérie, je suis arrivé en France à 18 ans, je n’avais pas les codes, j’ai détesté l’atmosphère sociale à Sciences Po, j’ai dû m’intégrer. On doit tous s’intégrer à un moment ou à un autre. Mais l’assimilation est une injonction à l’effacement pour se plier à une norme majoritaire. Nous sommes pluriels, le monde à venir est un imaginaire de la relation. Edouard Glissant écrivait : «Je peux changer en échangeant avec l’autre sans me perdre pour autant ni me dénaturer.» Les racistes cherchent à nous immobiliser, à nous rendre dépendant de notre origine, de notre naissance. Or, la promesse de la République, c’est le mouvement, c’est cette égalité des droits et des possibles.

Vous craignez que la peur de l’étranger n’alimente une restriction des libertés, que pensez-vous de la loi antiterroriste de Bernard Cazeneuve ?

Au nom de la sécurité, cette loi porte atteinte aux droits fondamentaux de tous par des restrictions qui visent notamment l’espace public numérique. Elle porte atteinte à la liberté d’expression en sortant des délits d’opinion de la loi sur la presse, et en les aggravant s’ils sont commis sur Internet. Il ne faut pas confondre propagande et crime. Une démocratie doit rester froide face au terrorisme, c’est une affaire de police, de renseignement. Nous sommes une société ouverte et il y aura peut-être hélas des attentats qui nous frapperont, mais nous ne devons pas mettre en péril ce qui est le socle de la démocratie parce qu’il y a cette menace. Ce serait le meilleur service à rendre à ceux qui veulent nous terroriser.

Face au discours de la peur, vous évoquez la nécessité d’un «imaginaire concurrent», quel est-il ?

C’est un imaginaire démocratique. Il aura fallu deux guerres mondiales et un crime contre l’humanité pour que l’on inscrive la notion d’égalité dans la Constitution et dire qu’en République, il n’y a pas de distinction d’origine, de race et de croyance. Il faut travailler à ce programme soit respecté. Derrière toutes ces exacerbations identitaires et religieuses, ce que l’on veut effacer, c’est le peuple. Si on rejette le peuple, il se venge et produit des monstres, soit des monstres terroristes qui sont des enfants perdus de nos quartiers déshérités, soit des monstres politiques avec des valeurs de haine et d’exclusion qui peuvent porter atteinte à nos valeurs démocratiques.

Recueilli par Anastasia Vécrin

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Des personnalités musulmanes proposent à François Hollande de « tirer l’islam vers le haut »

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2/10/14 – 15 H 14

Une vingtaine de représentants de la société civile – avocats, médecins, politiques, journalistes – de confession musulmane ont signé la semaine dernière une tribune intitulée : « Nous aussi sommes de « sales Français » » condamnant les crimes de l’État islamique.

Mercredi 1er octobre, ils ont longuement rencontré le président de la République François Hollande à qui ils ont soumis leurs propositions pour « tirer l’islam vers le haut ».

« Nous sommes allés lui dire d’abord que, pour nous, ce qui se passe en ce moment est l’horreur absolue », rapporte Bariza Khiari, sénatrice socialiste de Paris, selon qui cette prise de position était « attendue » et « a été entendue ».

« Nous refusons cette polémique stérile qui oppose ceux qui s’expriment – accusés de duplicité – et ceux qui refusent de s’associer aux manifestations », poursuit-elle. « Au fond, nous sommes tous d’accord pour condamner ces crimes, seul le mode d’expression nous distingue ».

ISLAM SPIRITUEL, LIBRE ET RESPONSABLE

Madjid Si Hocine, médecin et militant associatif, Saad Khiari, cinéaste, Ghaleb Bencheikh, président de la Conférence mondiale des religions pour la paix, Said Branine, rédacteur en chef d’Oumma.com, ou encore Faycal Megherbi et Kamel Maouche, avocats au barreau de Paris, sont également venus dire au président de la République que « l’islam n’est pas celui qu’on perçoit dans les médias à travers ces gamins ghettoïsés ».

« C’est aussi nous, tenants d’un islam spirituel, libre et responsable », rappelle la sénatrice qui se décrit comme « farouchement laïque et sereinement musulmane ».

Parmi leurs propositions figure la création d’une chaire sur l’islam au Collège de France pour « intellectualiser, organiser le débat, la confrontation d’idées ». « La France devrait être le Harvard de l’islam », estime Bariza Khiari, convaincue que « l’islam d’Europe, parce qu’il se confronte à d’autres, peut apporter beaucoup au monde musulman ».

JOURNÉE MONDIALE DU VIVRE-ENSEMBLE

Sur une idée des Scouts musulmans de France, le petit groupe a également réclamé à François Hollande « l’aide de l’État » pour porter auprès des Nations unies une « journée mondiale du vivre-ensemble », ou de « la fraternité ». « La liberté, en France, on n’a pas de problème, l’égalité on essaye. En revanche, la fraternité personne n’en parle », déplore sa porte-parole.

Enfin, une dernière proposition a été retenue par le président de la République, qui a promis de « l’étudier », celle de constituer « un annuaire des talents issus de la diversité » à l’intention des médias, qui renvoient trop souvent une image « caricaturale, déformante » de la communauté musulmane. Le petit groupe avait même proposé à François Hollande de « réunir les grands patrons de presse » pour discuter de la manière dont ils traitent de l’islam dans leurs colonnes.

« Je pense que le président, que je connais depuis de longues années, est conscient des fractures béantes de la société. Il nous a accordé une heure d’écoute totale, suivie d’une heure d’un petit débat », se réjouit la sénatrice de Paris.

Anne-Bénédicte Hoffner

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L’importance de la formation à la culture éthique et religieuse des enseignants

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Présent au Collège des Bernardins à l’occasion d’une conférence autour de la chaire Andrea Riccardi sur le thème : « La globalisation, une question spirituelle », le cardinal Renhard, président de la Conférence épiscopale allemande, a souligné l’importance de la formation à la culture éthique et religieuse des enseignants. Vidéo en partenariat avec la formation en ligne Agapan du collège des Bernardins.

Pour voir la vidéo :

Agapan est une formation en ligne, ce qu’on appelle un MOOC, élaborée par le pôle de recherche du Collège des Bernardins et dont le but est de proposer à l’apprenant :

– de connaître les éléments de base de la ou des religions étudiées, des rites propres à chacune, des dates et personnages clefs, ainsi que de l’exégèse de textes.
– de parler des enjeux actuels.
– d’entrer dans une logique œcuménique et ouverte avec les meilleurs spécialistes de la question.

Chaque module comprend 6 leçons de 2 heures chacune, des vidéos pédagogiques complémentaires et de la documentation téléchargeable. La validation d’un module donne lieu à la délivrance d’un certificat de formation continue. L’ensemble de la formation est validé par un diplôme de master en culture éthique et religieuse délivré par l’Université catholique d’Ukraine (Lviv) en partenariat avec le Pôle de recherche du Collège des Bernardins (Paris) et de son département « Société, Liberté, Paix ».

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Faut-il supprimer les références religieuses des contes ?

LA RÉDACTION | LE 23.09.2014 À 15:26

Etudier un conte qui comporte des références explicites à Jésus Christ est délicat selon un professeur des écoles. Dans un billet de blog, l’enseignant explique qu’il souhaitait faire lire à sa classe de CE1 Le Géant égoïste d’Oscar Wilde. Face à un passage qui fait clairement allusion au Christ, l’instituteur a recherché sur Internet comment ses collègues ont pu faire étudier le texte. Résultat : « Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant qu’aucune séquence proposée ne fait mention des références chrétiennes du texte ! Pire, le texte est quelquefois modifié pour effacer toute connotation religieuse ».

Version dite simplifiée du conte dans laquelle les références christiques ont été atténuées.

Le passage en question se situe à la toute fin du conte :

« Car les mains du petit garçon portaient les marques de deux clous et ses petits pieds aussi.
– Qui a osé te blesser ? cria le Géant, dis-le moi, je prendrai ma grande épée et j’irai le tuer !
-Non, répondit le petit garçon, ce sont les blessures de l’amour.
-Qui es-tu ? , demanda le Géant. Une crainte respectueuse s’abattit sur lui, et il s’agenouilla devant l’enfant.  Celui-ci sourit au Géant, et lui dit :
-Un jour, tu m’as laissé jouer dans ton jardin, aujourd’hui, tu vas venir avec moi dans mon jardin, au paradis. »

Selon l’enseignant, la technique qui consiste à éluder la référence aux stigmates et au paradis est similaire à celle de faire « disparaitre les cigarettes sur les affiches de cinéma ». Il est allé chercher sur Internet des témoignages d’enseignants, eux-aussi mal à l’aise avec cette partie du conte. Notamment une enseignante de CE1 qui demande de l’aide sur un forum : « Je pense que vous comprenez l’allusion à Jésus… Je n’en suis pas encore là mais je pense déjà aux questions des enfants sur cet enfant qui a des marques. Ils vont me demander pourquoi et certains enfants vont savoir que c’est Jésus (un enfant a dit à un autre : le petit garçon à la fin, ma mère m’a dit que c’était Jésus!!) Je pensais donner les deux fins existantes mais je ne sais pas trop comment expliquer Jésus car beaucoup de mes élèves ne le connaissent pas et à cet âge là certains ne comprennent pas pourquoi tout le monde ne croit pas en Jésus (j’ai quelques musulmans et un témoin de Jéhovah). Comment ne pas rentrer dans les détails et surtout faire passer ce petit garçon comme un personnage magique et non religieux.. Merci ».

Sur le même forum, un enseignant affirme : « Le Géant égoïste est à éviter d’après moi, je me suis fait avoir, j’en ai acheté 15 sans le lire et en fait à la fin du bouquin on se rend compte que le petit garçon de l’histoire est Jésus ».

Pour l’enseignant auteur du billet de blog, couper la fin n’est pas une solution. Il propose plutôt de « mettre en réseau » le conte, c’est-à-dire de l’étudier avec un corpus d’autres textes conformément aux recommandations officielles. « Alors, il est tout à fait judicieux de mettre en réseau leGéant égoïste avec quelques textes des évangiles travaillés en classe qui permettraient d’une part, la compréhension de la dimension religieuse du conte, sans prosélytisme, propagande ou autre endoctrinement et, d’autre part, de pourvoir nos élèves de références clés nécessaires au bon entendement de leur culture », conclut-il.

Avec Le Web Pédagogique
http://www.fait-religieux.com

L’appel de 110 personnalités religieuses contre l’extrémisme

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Dans un appel daté du 1er octobre et lu lors d’un rassemblement interreligieux à Lyon, place Bellecour, 110 personnalités chrétiennes, musulmanes et juives s’engagent à lutter contre la montée du « rejet de l’autre » et l’extrémisme dans un contexte international explosif. Parmi elles, 9 évêques dont le cardinal archevêque de Lyon Philippe Barbarin, Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, Saïd Branine, directeur de la rédaction Oumma.com ou encore Richard Wertenschlag, grand rabbin de Lyon. L’appel en 10 points s’adresse à tous les acteurs de la société, religieux, politiques, éducateurs, responsables de mouvements, journalistes, artisans, chefs d’entreprises, artistes, intellectuels, parents et militants associatifs.

Pour avoir accès à l’article :

http://www.cdo-lyon.cef.fr/spip.php?article1944

La grammaire, les stéréotypes et les élastiques

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MARINE QUENIN | LE 11.07.2014 À 10:47

Dernière semaine avant les vacances dans cette école parisienne. Difficile de capter l’attention des enfants qui ont déjà un pied dans l’été. Marine, l’animatrice, opte pour une séance un peu particulière. Après avoir testé leurs connaissances par des jeux lors des deux séances précédentes, elle souhaite s’assurer que les regard des enfants a changé au cours de l’année.

« Aujourd’hui, on va procéder de façon un peu nouvelle. On va commencer par une interview, et ensuite, si vous êtes sages, j’ai une surprise pour vous ». Ça ne manque pas, Nelson s’exclame : « C’est quoi la surprise ? Et si on n’est pas sages ? ». « Et si on s’occupait d’abord de la première partie ? Mettez vous par groupes de 2 ou 3 ». Marine répartit les enfants par petites équipes, dans un brouhaha maîtrisé. Elle donne à chacune une question sur laquelle réfléchir et donner son avis. « Vous avez cinq minutes pour réfléchir par groupe et nous expliquer ensuite si vous êtes d’accord ou non avec cette affirmation, et pourquoi ».

Les religions et les élastiques

Les enfants se prêtent au jeu. Même Lucas qui n’a pas lâché pour autant sa boîte à élastiques, le dernier jouet à la mode dans les cours d’école pour fabriquer des bracelets multicolores. Ses mains s’activent… ce qui ne l’empêche pas pour autant, aussi surprenant que cela paraisse, lui normalement si dissipé, de discuter avec ses camarades.

« Allez, on y va. Premier groupe, et les autres vous écoutez, n’est-ce pas ? Les musulmans, facile de les reconnaître dans la rue ! D’accord, pas d’accord ? ». Marwan, bavard, prend la parole sans laisser la chance à Wassim de s’exprimer : « Non, parce que des fois, des gens, dans la rue, ils sont musulmans, et les autres, ils croient qu’ils sont chrétiens ». Le reste de la classe semble d’accord, voilà un premier point traité : on ne peut présumer des convictions de chacun. « On continue, deuxième groupe. Lucas, Sara et Safiatou, que répondriez-vous à une personne qui vous dirait : tous les juifs, ils sont pareils ». Lucas n’a pas lâché ses élastiques, mais laisse Safiatou répondre de sa petite voix : «Ben non, y en a qui ne prennent pas leur religion au sérieux, ils vont pas tous les jours prier ». Marine les écoute, et cherche à nuancer en demandant s’il s’agit vraiment de prendre ou non sa religion ou sérieux. Marwan, toujours lui, remet en perspective avec ses mots : « En fait, chacun sa vie ». La classe semble d’accord ; au fond de la salle, Gabrielle, l’enseignante sourit, visiblement fière du chemin parcouru par ses élèves. Et de deux ! Ne pas essentialiser les religions, comprendre que le rapport aux croyances, aux pratiques, à la spiritualité sont extrêmement personnels. Peut-être n’ont-ils pas les mots pour l’exprimer, mais ils semblent l’avoir intégré.

Troisième groupe. « Français et chrétiens, ça veut dire la même chose ? » Inès hausse les épaules, comme si la question était idiote : « Non, bien sur, il y a aussi des musulmans qui sont nés en France. Les Français, c’est ceux qui sont nés en France. » Pas besoin de reprendre, cela leur semble évident. « Et alors, si je vous dis : l’athéisme c’est n’importe quoi ! ». Céline et Mohammed ont attrapé leur dictionnaire pour être surs de la définition du mot ; ils peuvent donc expliquer : « Ça veut dire ne pas croire en Dieu. Et comme personne ne sait s’il existe ou pas, y en a qui peuvent croire et d’autres qui peuvent ne pas croire. ». Lucas, décidément transformé, toujours des élastiques dans les mains, manifeste son accord.

« Même pas peur »

Pour ce qui est de « la religion des autres, ça me fait peur », Van Kévin fronce les sourcils  et se lance : « Non, ça ne me fait pas peur, parce que chacun sa religion. On ne peut avoir peur parce que c’est pas méchant. Pourquoi on aurait peur ? » Marine se tait, pourquoi les reprendre, les messages sont passés. Groupe suivant : « Moi, je n’ai pas le droit de parler des autres religions que la mienne ». Oscar, toujours aussi sérieux derrière ses lunettes secoue la tête et prend la question, à son habitude, par un angle surprenant : « Non, parce que ça voudrait dire qu’on ne peut pas changer de religion, qu’on ne pourrait pas devenir athée si on est chrétien, ou musulman si on est athée ». Et voilà, le principe de liberté de conscience clairement acquis. Marine est fière.

« On arrive à l’avant dernier groupe : il faut absolument que tout le monde soit de la même religion ». Lucas est debout, mais silencieux, même s’il ne semble pas d’accord du tout. Marine lui demande de s’asseoir avant de passer la parole à Jerricah et Séréna « On n’est pas d’accord. Il existe les musulmans, les chrétiens, les juifs » « et les athées » ajoute bruyamment Marwan ; plus besoin de Marine pour animer. « Et les catholiques » murmure Jonathan sur le côté – ah, peut-être certains points seront à reprendre, mais elle laisse passer. Elles poursuivent : « On a le droit d’avoir notre religion, personne ne décide notre religion ». Si la grammaire est à revoir, le fond y est… « Dernière question, peut-être un peu compliquée… La laïcité, c’est juste pour l’école ? ». Jonathan se lance : « non, parce que les écoles laïques, y en a beaucoup ». Marine cherche à pousser un peu la réflexion, demandant si la laïcité se retrouve uniquement à l’école. « Ben aussi, dans les centres, dans les colonies ». Bien vu, elle cherche néanmoins à les sortir de leur environnement proche : « Et dans la rue, on la retrouve ? ». Marwan saute sur l’occasion :« Oui, oui, elle est partout. ». Dernier rappel avant la surprise pour évoquer encore liberté de conscience, liberté de culte, et séparation des Eglises et de l’Etat.

« Il me semble que vous avez mérité votre surprise… Allez, piochez un bonbon dans le sac » « Ils sont à la gélatine ? » On revient toujours à nos questions : « Non, pas de gélatine, aucun risque qu’il y ait du porc. Servez-vous. Et attention aux appareils, ça colle ! ».

 http://fait-religieux.com/nos-blogs/les-enfants-en-parlent/2014/07/11/la-grammaire-les-stereotypes-et-les-elastiques

Pour plus d’information sur l’association : http://www.enquete.asso.fr/home

Diversité religieuse au travail

 

SignesReligieuxC’est peu dire que le sujet est complexe, sensible, «  à risque  » même, pour une entreprise. C’est peu dire aussi qu’il interpelle et suscite le questionnement. La diversité religieuse au travail et son impact sur les organisations font aujourd’hui partie des problématiques émergentes autour desquelles apparaît un désir croissant d’information. «  Nous avons un nombre considérable de reprise de notre enquête dans la presse  », se plaît à répéter le directeur général de Randstad France, Abdel Aïssou, à chaque fois qu’il évoque les travaux menés sur le sujet  par l’Institut Randstad et l’Observatoire du fait religieux en entreprise. Gageons qu’il en sera de même pour la nouvelle étude publiée par le think tank Cefrelco (Centre d’étude du fait religieux contemporain) et le pôle d’expertise Fait religieux. Dirigée par Yaël Hirsch, docteure en sciences politiques, et intitulée « Diversité religieuse au travail : les bonnes pratiques des grandes entreprises françaises  », elle propose un état de l’art rigoureux sur cette thématique. Ce faisant, elle révèle, ainsi que le souligne en préface la directrice de Fait religieux, Sophie Gherardi, «  toute la complexité d’une problématique qui renvoie d’un côté à un appareil juridique touffu, et de l’autre à toute une palette de situations chargées d’affects

Et c’est précisément au regard de cette complexité que cette somme se révèle des plus utiles pour les professionnels. Dans son travail, Yaël Hirsch a en effet poussé la porte de grandes entreprises pour donner à voir ce qui se faisait de plus innovant en matière de gestion de la question religieuse. Cette étude qualitative dévoile comment ces pionnières abordent le sujet, quelles sont les bonnes pratiques qu’elles ont mises en œuvre, les difficultés face auxquelles elles ont dû réagir. On observe ainsi, sous l’angle religieux, l’écosystème de l’entreprise en action, les interactions entre ses salariés et les services des ressources humaines, entre la direction et les managers de proximité. On comprend également que, si de grandes règles existent pour prévenir efficacement les conflits, c’est bien souvent au cas par cas que devront se régler les problématiques liées aux faits religieux survenant dans les murs de l’entreprise.

Des problématiques religieuses amenées à se développer

Un «  cas par cas  » qui nécessite, pour les managers, une fine connaissance de la législation sur cette thématique -et tout particulièrement la maîtrise d’une jurisprudence en perpétuelle évolution. «  Si la liberté de religion prévaut dans l’entreprise privée, les managers peuvent y apporter des restrictions au cas par cas et sous certaines conditions », rappelle l’auteur. Pour les y aider, l’étude Cefrelco-Fait religieux propose de faire le point sur l’environnement législatif. L’occasion, également, de revenir sur l’affaire Baby-Loup, «  coup de tonnerre dans un ciel plutôt tranquille  », afin de comprendre ses ressorts et ses conséquences sur la question religieuse en entreprise. L’occasion aussi de s’arrêter sur une notion de «  laïcité  » dont les contours ne sont pas toujours bien cernés par les décideurs et de leur donner, au fil des pages, un certain nombre de points de repères.

Les situations conflictuelles ayant pour origine une question religieuse sont aujourd’hui des plus minoritaires dans les sociétés. Elles représenteraient 2 à 3 % des cas où le manager doit se pencher sur une demande d’ordre confessionnel, selon l’étude Institut Randstad/OFRE. Mais dans le même temps 41 % de ces mêmes managers pensent que la problématique sera amenée à prendre de l’ampleur ces prochaines années. De l’avis de nombre d’observateurs, la question pourrait en effet s’intensifier dans les organisations et les demandes (congés, tenues vestimentaires, nourriture, rapports hommes-femmes…) se multiplier. L’entreprise étant, en cela, le reflet de la société. «  L’affirmation religieuse contemporaine est une tendance lourde qui n’a aucune chance de disparaître à un horizon rapproché  », analyse Sophie Gherardi. A l’instar des «  pionnières  » évoquées dans l’étude Cefrelco-Fait religieux, les organisations ont donc tout intérêt à prendre à bras le corps le sujet. Pour que, comme ces grands groupes cités en exemple par Yaël Hirsch, elles «  traitent les premières étincelles avant que l’incendie ne se déclare  ».

FRANÇOIS DESNOYERS | LE 10.06.2014 À 16:55

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